06/04/2025 | Press release | Archived content
Le 3 juin 2025, la conseillère principale de l'Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM), Kari Lake, a adressé une lettre au Congrès l'informant de son projet de réduire drastiquement les effectifs de l'USAGM, de 1 033 à seulement 81 employés. Cette mesure a pour effet de démanteler l'agence, même si de nombreuses actions en justice contestant sa suppression sont toujours en cours, dont une intentée par Reporters sans frontières (RSF). L'organisation explore actuellement toutes les pistes pour mettre un terme à ce démantèlement illégal de l'USAGM, qui finance des médias publics essentiels.
La lettre de Kari Lake, obtenue par le Washington Post, détaille le démantèlement quasi total de l'USAGM, qui ne compte plus que 81 employés, avec le licenciement de plus de 92 % de son personnel. En conséquence, les médias de l'audiovisuel extérieur sous l'égide de l'USAGM - à savoir Voice of America(VOA), Middle East Broadcasting Networks(MBN), Radio Free Europe/Radio Liberty(RFE/RL) et Radio Free Asia(RFA) - disparaîtront, laissant certaines régions du monde isoléesavec un accès limité, voire inexistant, à des informations fiables.
La lettre de Kari Lake feint de respecter les obligations statutaires de l'USAGM en mettant en avant quelques programmes qui pourront continuer à fonctionner à un niveau minimal, comme les émissions en persan et en chinois, explicitement prévues par la loi de 1994 sur la radiodiffusion internationalequi autorise l'USAGM. Cependant, la lettre ignore d'autres obligations statutaires, notamment celles adoptées dans les projets de loi de finances successifs. Il s'agit notamment de l'obligation de diffuser des services en tibétain, nord-coréen, espagnol et russe. De plus, la décimation du personnel de l'USAGM va à l'encontre des efforts bipartites de longue date du Congrès pour maintenir les institutions médiatiques publiques soutenues par l'agence.
"Alors que les tribunaux examinent encore l'illégalité du démantèlement de l'USAGM par la Maison-Blanche, Donald Trump et Kari Lake détruisent à tout va cette importante agence historique qui permet à des millions de personnes dans le monde d'accéder à un journalisme fiable. La destruction massive de médias publics comme Voice of America représente un cadeau sans précédent de Trump aux régimes dictatoriaux de censure de pays comme la Chine et l'Iran. C'est un jour sombre pour la démocratie.
Le procès de RSF pour sauver VOA
Le 14 mars, le président Donald Trump a publié un décret donnant le coup d'envoi du démantèlement de l'USAGM. En réponse, RSF et une coalition d'employés de VOAet leurs syndicats ont déposé une plaintele 21 mars pour condamner cette violation flagrante du Premier Amendement de la Constitution américaine. Le 28 mars, RSF a initialement obtenu une ordonnance de restriction temporaire contre la décision de l'administration. Le 22 avril, un juge fédéral a émis une injonction préliminaireordonnant la réactivation immédiate des comptes et permettant ainsi aux journalistes de VOAde reprendre le travail.
Le 3 mai, les équipes de VOAont été informées qu'elles pourraient reprendre le travail. Mais le même jour, la Cour d'appel de Washington a suspendu la partie de l'injonction préliminaire enjoignant à l'USAGM de réembaucher immédiatement les employés et les sous-traitants.
Le 15 mai, plus de 500 sous-traitants et employés de VOA ont reçu un préavis de licenciement. Les travailleurs licenciés, titulaires d'un visa de travail, disposent de 30 jours à compter de la date de leur licenciement pour quitter le pays ou trouver une solution alternative, comme demander l'asile ou trouver un emploi ailleurs.
Le ciblage de l'USAGM par Trump s'inscrit dans le cadre de sa guerre plus vaste contre la presseet de ses attaques répétées contre les médias publics, notamment ses tentatives de couper tout financement fédéral à NPR, PBS et aux stations affiliées locales et indépendantes.