09/30/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/30/2025 03:09
Les groupes armés palestiniens doivent libérer immédiatement et sans conditions tous les civils retenus en otage dans la bande de Gaza, a réaffirmé Amnesty International près de deux ans après leur capture lors des attaques menées par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.
L'organisation réitère aussi son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la fin du génocide actuellement commis par Israël contre la population palestinienne de Gaza. Ces derniers mois, Israël a intensifié sa campagne d'anéantissement des Palestinien·ne·s de Gaza, ajoutant des centaines de civil·e·s supplémentaires à la liste des morts qui ne cesse de s'allonger, détruisant délibérément des infrastructures de caractère civil et déplaçant de force des centaines de milliers d'habitant·e·s de ce territoire, ce qui démontre sa détermination à causer la destruction physique de la population palestinienne.
L'escalade militaire israélienne actuelle à Gaza, en particulier dans la ville de Gaza, n'a pas seulement des conséquences catastrophiques pour les Palestinien·ne·s qui s'efforcent de survivre à une famine orchestrée et aux déplacements forcés. Elle met aussi en danger la vie des Israéliens et des autres personnes retenus en otage par des groupes armés palestiniens. Le 20 septembre 2025, les Brigades Ezzedine al Qassam, branche militaire du Hamas, ont publié ce qu'elles ont appelé une « image d'adieu » sur laquelle figuraient les photos des otages restants, ce qui n'a fait qu'accroître les craintes quant au sort qui risquait de leur être réservé.
Sur les 47 personnes détenues illégalement qui n'ont pas été libérées, on estime qu'une vingtaine (toutes des hommes) sont toujours vivantes. Ces hommes sont exposés à un risque élevé de mort ou de torture et autres mauvais traitements. Ils sont les derniers des 251 personnes (principalement des civil·e·s) qui ont été capturées, pour la plupart vivantes, et emmenées à Gaza lors des violentes attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023. La majorité d'entre elles ont été emmenées vivantes mais, dans 36 cas signalés, les assaillants palestiniens ont emporté des corps de personnes qui avaient été tuées pendant les attaques. La prise d'otages est une violation grave du droit international humanitaire et constitue un crime de guerre.
« Chaque minute supplémentaire d'inaction coûte la vie à de nouvelles victimes et accroît les horreurs auxquelles la population civile est confrontée. Un cessez-le-feu immédiat n'est pas qu'un impératif moral, c'est une responsabilité mondiale. Israël doit immédiatement mettre un terme au génocide qu'il commet contre les Palestiniens et Palestiniennes de Gaza, notamment à sa politique délibérée de famine et de déplacements massifs. Les groupes armés palestiniens doivent quant à eux libérer immédiatement tous les otages civils », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.
« Jusqu'à leur libération, le Hamas doit veiller à ce que tous les otages soient traités humainement, puissent rencontrer des observateurs ou observatrices internationaux et aient le droit de communiquer régulièrement et dignement avec leur famille et leurs proches. Le Hamas et les autres groupes armés palestiniens doivent aussi rendre immédiatement et sans conditions tous les corps emportés le 7 octobre 2023. Ne pas agir en ce sens revient à continuer de commettre de graves crimes de droit international et est une source d'angoisse supplémentaire pour les familles qui attendent désespérément le retour de leurs proches sains et saufs, ou au moins des nouvelles d'eux. »
Les déclarations et actions du Hamas et du Djihad islamique palestinien montrent clairement que ces groupes détiennent des civils et des soldats pour s'en servir comme monnaie d'échange afin de contraindre les autorités israéliennes à cesser leurs attaques militaires, à libérer tous les prisonniers·ères palestiniens détenus arbitrairement et à mettre un terme au blocus de la bande de Gaza et à l'occupation illégale du territoire palestinien. Ce comportement correspond à la définition de la prise d'otages aux termes du droit international.
Chaque minute supplémentaire d'inaction coûte la vie à de nouvelles victimes et accroît les horreurs auxquelles la population civile est confrontée. Un cessez-le-feu immédiat n'est pas qu'un impératif moral, c'est une responsabilité mondiale.
Agnes Callamard, Secrétaire généraleDepuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont multiplié les incarcérations de Palestien·ne·s, dans tout le territoire palestinien occupé. Selon l'organisation HaMoked (Centre pour la défense de l'individu), au 1er septembre 2025, 11 040 Palestiniens et Palestiniennes se trouvaient en détention aux mains des autorités israéliennes, dont certain·e·s depuis plusieurs décennies. Plus de la moitié (environ 57 %) étaient détenus sans inculpation ni jugement, soit au titre de la détention administrative, soit en vertu de la Loi sur l'incarcération des combattants illégaux. D'après le Centre d'aide juridique et de défense des droits humains de Jérusalem (JLAC), les corps d'au moins 730 Palestinien·ne·s sont conservés par Israël comme monnaie d'échange, depuis plusieurs dizaines d'années pour certains.
Amnesty International exige qu'Israël libère immédiatement les milliers de Palestiniens et Palestiniennes qu'il détient arbitrairement, cesse de maltraiter les détenu·e·s palestiniens, qui sont notamment soumis à des actes de torture, privés de nourriture et victimes de violences sexuelles, et mette un terme à sa pratique de longue date consistant à garder des corps de Palestinien·ne·s comme monnaie d'échange, ce qui est illégal.
« Rien ne saurait justifier de prendre des gens en otage ni de maintenir des personnes en détention arbitraire pendant de longues durées sans inculpation ni procès. Le monde ne doit pas tourner le dos à l'humanité », a déclaré Agnès Callamard.
Violences physiques, sexuelles et psychologiques contre les otages en captivité
Les personnes de nationalité israélienne ou autre prises en otage le 7 octobre 2023 ont vécu un véritable calvaire. Toutes ont été détenues au secret, sans aucun contact avec leur famille ni avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), jusqu'à leur libération. Pendant des mois, voire plus, de nombreuses familles n'ont reçu aucune preuve de vie leur permettant de savoir si leurs proches était morts ou vivants, ce qui n'a fait qu'accroître leur souffrance.
Dans les récits qu'ils et elles ont fait à Amnesty International, aux médias ou à des professionnel·le·s de la santé, les otages libérés ont indiqué avoir été soumis à des mauvais traitements pendant leur captivité. L'un des otages libérés a raconté à Amnesty International que lui et quatre autres hommes avaient été frappés pendant plusieurs jours après leur capture et qu'ils avaient été détenus dans un tunnel, sans nourriture ni eau en quantités suffisantes. Au moins cinq autres hommes et une femme ont déclaré publiquement avoir reçu des coups et d'autres mauvais traitements physiques, et quatre femmes, deux fillettes et deux hommes ont raconté publiquement avoir subi des agressions sexuelles, été soumis à une nudité forcée ou fait l'objet de menaces de mariage forcé. Ces actes sont des formes de violence physique et sexuelle constitutives de torture ou d'autres mauvais traitements au regard du droit international.
Une personne faisant partie du personnel médical qui a soigné des otages libérés en novembre 2023 a dit à Amnesty International que certain·e·s de ces otages avaient déclaré avoir été frappés, contraints d'assister ou de participer à des actes de violence, placés à l'isolement ou dans l'obscurité totale, et privés de quoi satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, ce qui risquait d'avoir des conséquences graves et durables sur leur santé mentale et physique. Selon cette même personne, des otages libérés ont aussi déclaré avoir été soumis à des violences sexuelles, dont la nudité forcée et des agressions sexuelles.
La Commission internationale indépendante chargée d'enquêter dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël (Commission d'enquête des Nations unies) a déclaré en septembre 2024 qu'elle avait « reçu des informations crédibles selon lesquelles certains otages étaient soumis à des violences sexuelles et fondées sur le genre pendant leur captivité », dont le témoignage d'une femme qui disait avoir été violée. Le Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit et le Bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ont aussi indiqué avoir recueilli des preuves de violences sexuelles, notamment de viols, contre des otages. Lorsque, à la demande du procureur, la chambre préliminaire de la CPI a décerné un mandat d'arrêt contre Mohammed Diab Ibrahim Al Masri (alias Mohammed Deif), commandant de la branche militaire du Hamas, elle a indiqué que « certains otages captifs à Gaza, principalement des femmes, [avaient] été victimes de violences sexuelles et sexistes, y compris de pénétrations forcées, de nudité forcée et de traitements humiliants et dégradants ».
Le Hamas et le Djihad islamique palestinien ont soumis toutes les personnes qu'ils ont retenues en otage, ainsi que les membres de leurs familles, à des violences psychologiques. Ils ont détenu tou·te·s les otages au secret, sans aucun contact avec le monde extérieur. Ils les ont privés de toute possibilité de communiquer avec leur famille ou avec le CICR jusqu'à leur libération. Ils n'ont fourni aucune liste des otages qu'ils détenaient, ni donné des précisions ou des mises à jour sur leur lieu de détention ou leur état de santé, privant ainsi les familles d'informations sur leurs proches. Des membres de familles d'otages avec qui Amnesty International s'est entretenue ont dit n'avoir reçu aucun signe de vie pendant des mois, voire plus, et ont raconté la douleur et l'angoisse insoutenables de ne pas savoir où se trouvaient leurs proches, comment ils/elles allaient, ni si et quand ils/elles reviendraient.
Les groupes armés palestiniens ont intentionnellement séparé des membres de mêmes familles et ont détenu des enfants entièrement seuls, selon les témoignages d'otages libérés recueillis par du personnel médical. Erez Calderon, âgé de 11 ans au moment de son enlèvement à Nir Oz, et dont la vidéo de la capture a été vérifiée par Amnesty International, a déclaré aux médias israéliens qu'il avait été détenu séparément de son père et de sa sœur, ce qui a été confirmé par des membres de sa famille dans d'autres articles de presse.
Le Hamas et les groupes armés palestiniens ont publié des photos et des vidéos d'otages les montrant souvent blessés, souffrant, apeurés ou suppliant qu'on leur laisse la vie sauve ou qu'on les libère. Ils ont aussi exhibé publiquement des otages devant la foule au moment de leur capture ou pendant des « cérémonies de remise » humiliantes. Soumettre des otages à de tels traitements humiliants et dégradants est une forme d'atteinte à la dignité de la personne, qui est interdite par le droit international humanitaire et constitue un crime de guerre.
Fin juillet et début août 2025, des groupes armés palestiniens ont publié en ligne des vidéos de deux otages montrant qu'ils étaient soumis à de graves mauvais traitements. Dans une de ces vidéos, qui porte le logo des Brigades al Qods, la branche armée du Djihad islamique palestinien, on voit l'otage Rom Baslavski allongé par terre dans un tunnel, très amaigri et en larmes. Il être trop faible pour se lever et être à l'article de la mort. Ajoutant encore à la souffrance de sa famille, le Djihad islamique palestinien a affirmé que, depuis que la vidéo avait été tournée, il avait perdu le contact avec les ravisseurs du jeune homme. L'autre vidéo, rendue publique le 2 août 2025 par les Brigades al Qassam, montre l'otage Evyatar David, le corps émacié, contraint de creuser dans un tunnel ce qu'il pense être sa propre tombe. Il indique avec précision, en se référant à un calendrier annoté, qu'il n'a pas été nourri depuis plusieurs jours. Contraindre quelqu'un à creuser sa propre tombe dans de telles circonstances s'apparente aussi à de la torture, de même que la privation intentionnelle de nourriture pendant de longues périodes en captivité et les violences psychologiques.
Non seulement le fait de détenir des otages et de diffuser des vidéos de leurs souffrances est un crime contre les victimes directes, mais l'incertitude et l'angoisse que cela provoque chez leurs proches constituent aussi une forme de torture ou d'autre mauvais traitement.
Prise d'otages et soustraction de cadavres
Selon une base de données établie par le journal israélien Haaretz, recoupée avec d'autres données, sur les 251 personnes enlevées lors des attaques menées par le Hamas dans le sud d'Israël, 27 étaient des militaires en service actif. La grande majorité des 224 autres étaient des civil·e·s - 124 hommes, 64 femmes et 36 enfants. Au total, parmi les personnes enlevées en Israël figuraient 16 enfants de moins de 10 ans et neuf personnes de plus de 80 ans. La plupart étaient des Israélien·ne·s de confession juive, dont certain·e·s avaient une double nationalité. Sept étaient des Bédouin·e·s d'Israël, et au moins 35 n'étaient pas de nationalité israélienne. Dans 36 cas, les victimes étaient déjà mortes quand elles ont été emmenées à Gaza.
À partir de vidéos et de témoignages, Amnesty International a pu établir que des individus, des couples et des familles avaient été sortis de force de chez eux dans de nombreuses localités civiles le 7 octobre 2023 et emmenés à Gaza, notamment par des membres des Brigades al Qassam. De même, elle a recueilli des informations faisant état de l'enlèvement de jeunes sur le site du festival de musique Nova et aux alentours, dont certain·e·s ont été extraits de force des abris anti-roquettes où ils et elles se cachaient.
Shoshan Haran, fondatrice et présidente de Fair Planet, une ONG israélienne spécialisée dans le développement, et membre de Women Wage Peace, un mouvement citoyen en faveur de la paix, a été enlevée avec six autres membres de sa famille, dont trois enfants, et retenue en otage par le Hamas. Elle était à l'époque âgée de 67 ans et vivait dans le kibboutz de Beeri, à environ quatre kilomètres de la barrière de séparation entourant Gaza. Elle a raconté à Amnesty International que, après avoir reçu une alerte par WhatsApp, elle et les membres de sa famille s'étaient abrités dans leur pièce sécurisée.
Elle a expliqué que des hommes armés les avaient forcés à en sortir. L'un d'eux leur a crié en anglais : « Les femmes, les enfants, on emmène. Les hommes, bang-bang. » Ils ont été emmenés en dehors du kibboutz, à Gaza. Quand elle et cinq membres de sa famille ont été libérés après ce qu'elle a qualifié de « 50 jours épouvantables de captivité », elle a appris que son mari, Avshalom Haran, avait été tué après que la famille eut été extraite de force de la pièce sécurisée. Son gendre, Tal Shoham, qui avait été enlevé avec elle, est resté plus de 500 jours en captivité avant d'être libéré.
La sœur de Shoshan, Lilach Kipnis, le mari de sa sœur, Eviatar Kipnis, et Paul Castelvi, ressortissant philippin qui travaillait comme aide-soignant pour la famille, font aussi partie des personnes qui ont été tuées lors de l'attaque du kibboutz.
Liat Atzili, enseignante de 49 ans, a raconté à Amnesty International avoir été prise en otage à Nir Oz, un autre kibboutz situé à proximité de la barrière de séparation entourant Gaza. Elle a expliqué qu'elle s'était cachée dans sa pièce sécurisée lors de l'attaque du kibboutz. Dans un premier temps, quelques individus en civil sont arrivés, ont ouvert la porte de la pièce sécurisée, lui ont demandé de l'argent puis sont repartis quand elle leur a dit qu'elle n'en avait pas. Ils ont cependant été suivis peu de temps après par des hommes armés. Liat Atzili a raconté : « Deux individus armés, en uniforme, sont arrivés, et ont ouvert la porte. Ils m'ont enlevée. » Selon son témoignage, elle a été emmenée dans un véhicule avec une autre personne du kibboutz, mais elle a été séparée de cette personne à l'arrivée à Gaza. Toujours d'après ce qu'elle a déclaré à Amnesty International, ses gardiens lui ont dit qu'ils étaient membres du Hamas, et elle a reçu pendant sa captivité la visite d'autres membres du Hamas dont elle a compris qu'ils étaient plus haut placés et qu'ils « faisaient la tournée des appartements » où des otages étaient détenus.
Parmi les gens enlevés le 7 octobre 2023 se trouvaient aussi des personnes qui étaient clairement très grièvement blessées, comme le montrent des vidéos vérifiées par Amnesty International. C'est le cas par exemple de Hersh Goldberg-Polin, âgé de 22 ans, qui a été enlevé sur la route 232, près du site du festival Nova, après avoir fui l'attaque et cherché refuge dans un abri anti-roquettes.
Amnesty International a également recueilli des éléments prouvant que des combattants palestiniens, dont probablement des membres des Brigades al Qassam et des Brigades des martyrs d'al Aqsa, avaient emporté à Gaza des corps de personnes ayant été tuées ou mortellement blessées pendant les attaques dans le sud d'Israël. Cette pratique a privé les familles de la possibilité d'enterrer leurs morts et, dans de nombreux cas, les a laissées dans l'ignorance pendant des mois, voire plus, sans savoir si leurs proches étaient encore vivants ou avaient été tués. Par ailleurs, au moins 48 des otages emmenés vivants seraient morts à Gaza. D'autres ont été libérés dans le cadre d'échanges négociés ou secourus lors d'opérations militaires israéliennes, dont une a causé la mort de centaines de Palestinien·ne·s.
Meurtres d'otages
Les Brigades al Qassam, branche militaire du Hamas, et les Brigades al Qods, branche militaire du Djihad islamique palestinien, ont fait des déclarations publiques dans lesquelles elles menaçaient de tuer les otages israéliens qu'elles détenaient en représailles des actes d'Israël ou pour empêcher les opérations de sauvetage de l'armée israélienne.
Le 1er septembre 2024, l'armée israélienne a annoncé avoir découvert, la veille, les corps de six otages israéliens dans un tunnel souterrain de Rafah, près d'un autre tunnel où ses forces avaient retrouvé un autre otage, Qaid Farhan Alkani, 52 ans, seul mais vivant, en août 2024.
Trois déclarations publiées par Abu Obaida, porte-parole des Brigades al Qassam, sur les réseaux sociaux le 2 septembre 2024, semble-t-il en réponse à l'annonce de l'armée israélienne, laissent à penser que ces six personnes ont été tuées pour empêcher leur sauvetage.
En 2025, les Brigades al Qassam ont multiplié les menaces de tuer les otages israéliens restants. Le 15 février 2025, comme le montre une vidéo analysée par Amnesty International, elles ont forcé l'un des trois otages israéliens en cours de libération dans le cadre d'un échange négocié contre des prisonniers·ères à tenir un sablier au-dessus d'une photo de Matan Zangauker, un autre otage toujours détenu à Gaza, faisant ainsi passer un message menaçant selon lequel le temps était compté pour les otages restants. Le 24 mars 2025, les Brigades al Qassam ont publié une autre vidéo montrant deux otages qui suppliaient les autorités de conclure un accord pour les échanger contre des prisonniers, soulignant que c'était leur seule chance de survie.
Les corps de trois des otages les plus célèbres enlevés le 7 octobre 2023, à savoir ceux de l'Israélo-Argentine Shiri Bibas et de ses deux fils (Kfir Bibas, neuf mois, et Ariel Bibas, quatre ans), ont finalement été rendus à leur famille le 21 février 2025 dans le cadre d'un accord négocié d'échange d'otages contre des prisonniers·ères. Les Brigades al Qassam avaient libéré trois semaines plus tôt Yarden Bibas, mari de Shiri Bibas et père des enfants, qui a avait été détenu séparément de sa femme et de ses fils.
D'après les témoignages, Shiri Bibas et ses deux garçons étaient vivants et indemnes lors de leur enlèvement à Nir Oz le 7 octobre 2023 mais, interrogé par les médias dans une vidéo datée du 20 décembre 2024, un porte-parole des Brigades moudjahidines (la branche armée du Mouvement des moudjahidines palestiniens) a déclaré que tous trois avaient été tués par une frappe aérienne israélienne, ainsi que leurs ravisseurs. Les Brigades al Qassam ont fait une déclaration similaire, et l'armée israélienne a annoncé qu'elle allait enquêter sur cette allégation. Ni les Brigades moudjahidines, ni les Brigades al Qassam n'ont fourni de preuves pour étayer leurs accusations. Les autorités israéliennes ont affirmé que les victimes avaient été tuées par leurs ravisseurs, mais elles n'ont pas fourni de preuves non plus.
Un certain nombre d'otages ont été tués par l'armée israélienne. Le cas le plus célèbre est celui de Yotam Haim, 28 ans, Samer Talalka, 22 ans et Alon Shamriz, 26 ans, tous trois abattus le 15 décembre 2023 dans le quartier de Shujaiya, dans la ville de Gaza, où les forces israéliennes se heurtaient à une importante résistance de la part de groupes armés palestiniens locaux. L'armée israélienne a rapidement reconnu sa responsabilité dans la mort de ces otages. En revanche, dans le cas de trois autres otages (Nik Beizer, Ron Sherman et Elia Toledano), il lui a fallu 10 mois pour annoncer qu'ils avaient été tués par une frappe aérienne en novembre 2023.
Complément d'information
Environ 1 200 personnes ont été tuées lors des attaques du 7 octobre 2023 dans le sud d'Israël. Plus de 800 d'entre elles étaient des civil·e·s, dont au moins 36 enfants. Les victimes étaient principalement des Israéliens et Israéliennes de confession juive, mais parmi elles figuraient aussi des Bédouin·e·s d'Israël et plusieurs dizaines de ressortissant·e·s étrangers (travailleuses et travailleurs migrants, étudiant·e·s ou demandeurs et demandeuses d'asile). Plus de 4 000 personnes ont été blessées, et des centaines d'habitations et de structures civiles ont été détruites ou rendues inhabitables. Amnesty International a conclu que les groupes armés palestiniens avaient commis des violations du droit international humanitaire et des crimes de guerre pendant ces attaques et continuaient de se rendre coupables de crimes de droit international en maintenant des otages en captivité et en les maltraitant, ainsi qu'en conservant les corps qu'ils avaient emportés.
En mai 2024, le Bureau du procureur de la CPI a déposé des requêtes aux fins de délivrance de mandats d'arrêt contre les responsables du Hamas Ismail Haniyeh, Mohammed Deif et Yahya Sinwar pour leur responsabilité présumée dans les crimes de guerre et/ou crimes contre l'humanité suivants commis à partir du 7 octobre 2023 : extermination, meurtre, viol et autre forme de violence sexuelle, prise d'otages, torture, autres actes inhumains, traitements cruels et atteintes à la dignité de la personne. En novembre 2024, la chambre préliminaire de la CPI a décerné un mandat d'arrêt à l'encontre de Mohammed Deif. Cette même chambre a mis fin aux poursuites contre ces trois suspects palestiniens après avoir obtenu confirmation qu'ils avaient été tués dans des opérations militaires palestiniennes.
L'offensive militaire lancée par Israël à la suite des attaques du 7 octobre 2023 a fait plus de 65 000 morts, dont plus de 18 000 enfants, et plus de 200 000 blessés, selon le ministère de la Santé basé à Gaza. Nombre de personnes ont été tuées ou blessées dans le cadre d'attaques directes contre la population civile ou d'attaques aveugles, qui ont souvent anéanti des familles entières sur plusieurs générations. Des dizaines de milliers de Palestiniens et Palestiniennes de Gaza sont toujours portés disparus ; leurs cadavres sont probablement coincés sous les décombres de bâtiments détruits ou dans des zones rendues inaccessibles par les opérations militaires israéliennes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), 78 % des bâtiments de Gaza ont été détruits ou endommagés par ces opérations militaires.
En novembre 2024, la chambre préliminaire de la CPI a décerné des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant pour les crimes de guerre que constituent le fait d'affamer des civil·e·s et celui de diriger intentionnellement une attaque contre la population civile, ainsi que pour les crimes contre l'humanité de meurtre, persécution et autres actes inhumains.
En décembre 2024, Amnesty International a conclu qu'Israël était en train de commettre un génocide contre la population palestinienne de Gaza en perpétrant des homicides et des atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale, ainsi qu'en soumettant délibérément cette population à des conditions de vie destinées à entraîner sa destruction physique. Des milliers de Palestiniens et Palestiniennes de Gaza, principalement des civil·e·s, ont été arrêtés dans le cadre des opérations militaires israéliennes, et beaucoup ont été soumis à la nudité forcée et à la torture avant d'être transférés dans des camps de détention et des prisons en Israël.
Pendant leur détention, ces personnes ont été systématiquement soumises à la torture ou à d'autres mauvais traitements par les autorités israéliennes, notamment à la privation de nourriture et à des violences physiques et sexuelles, et se sont vu refuser tout contact avec des observateurs·trices indépendants et des organisations humanitaires. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 76 Palestinien·ne·s sont morts en détention aux mains des autorités israéliennes, selon la commission palestinienne en charge des affaires relatives aux détenu·e·s. Ce chiffre est probablement inférieur à la réalité.
Les attaques du 7 octobre 2023 se sont produites dans le contexte de l'occupation de longue date du territoire palestinien par Israël ainsi que des violations généralisées des droits humains commises par les forces israéliennes contre les Palestinien·ne·s, notamment leur imposition d'un système d'apartheid contre la population palestinienne et leur long blocus illégal de la bande de Gaza en place depuis 2007.
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