L’impératif de l’IA : repenser l’investissement alternatif

L'intelligence artificielle transforme. Elle transforme l'économie en général, mais aussi - et surtout - nos modes de travail et les modèles d'affaires des entreprises intégrant cette innovation technologique au cœur de leur activité. Une avancée qui invite notamment à repenser la gestion d'actifs financiers, en catalysant de nouvelles opportunités de marché et en redistribuant les cartes de la concurrence entre acteurs du secteur alternatif. Pour débattre de ce sujet, Ardian a réuni des experts et dirigeants des secteurs de l'investissement et de la technologie à l'occasion de sa conférence « AI x AI - L'impératif de l'IA : repenser l'investissement alternatif ». Retour sur l'événement et ses conclusions.

REPLAY ► Ardian Conference AI x AI

The AI imperative: rethinking Alternative Investment

Les atouts et les défis du développement exponentiel de l'IA dans l'économie

Les atouts et les défis du développement exponentiel de l'IA dans l'économie

D'un point de vue global, l'intelligence artificielle a déjà transformé les secteurs de la finance, de la santé et du commerce de détail notamment.

Une stimulation de la croissance de la productivité qui passe à la fois par l'automatisation des tâches liées à la production de biens et de services, mais aussi par l'aide à la génération de nouvelles idées dans les modèles économiques des entreprises et fonds d'investissement.

Cette avancée technologique impose aux entreprises de se lancer dans une course à l'innovation pour rester compétitives, chaque découverte rendant les précédentes obsolètes, dans une dynamique de renouvellement constant et de « destruction créatrice », conceptualisée en 1987 par les chercheurs Philippe Aghion et Peter Howitt. Cette course à l'innovation présente un risque de concentration du marché autour de quelques acteurs dominants : « Souvenons-nous lors de la révolution informatique, Google ou Amazon savaient bien mieux exploiter la technologie que leurs concurrents. Les fusions et acquisitions de ces sociétés ont mené le processus de croissance. La politique de concurrence n'ayant pas été conçue pour réguler cette pratique, les GAFAM ont donc découragé la création de nouvelles entreprises. Ce schéma est d'autant plus susceptible de se reproduire avec l'IA », analyse à son tour Philippe Aghion, Economiste et Professeur au Collège de France. Une politique de concurrence adéquate serait donc la réponse pour faciliter l'accès à la donnée, et permettre à d'autres acteurs d'exister.

Au-delà des transformations structurelles de la concurrence entre les acteurs de l'intelligence artificielle, cette disruption technologique modifie également le marché de l'emploi et les stratégies des entreprises. « Une étude menée sur 9 000 entreprises de 50 employés ou plus a révélé que l'adoption de l'IA a un effet global positif sur l'emploi comparé aux organisations qui ne l'ont pas adoptée.»

Les entreprises qui adoptent l'IA deviennent plus productives, donc plus compétitives.

Elles ont un meilleur rapport qualité-prix et la demande du marché augmente pour leurs produits. Elles emploient donc davantage. Cet effet de productivité compense largement l'effet de substitution », analyse Philippe Aghion. Une réalité qui ne s'applique pourtant pas uniformément à tous les types d'emplois. En automatisant certaines tâches répétitives, l'IA soutient les emplois de direction en leur offrant davantage de temps pour créer de la valeur ajoutée. En revanche, l'automatisation présente des risques de remplacement pour les postes intermédiaires administratifs et commerciaux.

L'IA intégrée par les gestionnaires d'actifs au cœur de leurs business models

L'IA intégrée par les gestionnaires d'actifs au cœur de leurs business models

Convaincus par le potentiel d'accélération de productivité et de croissance de l'IA, 58 % des services financiers mondiaux ont recouru à cette nouvelle technologie en 2024 . Désormais majoritairement intégrée au cœur de leurs modèles d'affaires, l'IA améliore leurs capacités d'analyse ainsi que leur accompagnement des sociétés en portefeuille. Elle systématise et facilite la collecte et l'analyse d'importants volumes de données stratégiques dans de courts délais, renforçant ainsi la capacité des gestionnaires à prendre des décisions avisées sur leurs portefeuilles d'actifs. L'intelligence de la donnée offre aux gestionnaires de nouveaux moyens d'identifier et d'évaluer les opportunités dans le domaine des investissements alternatifs, tels que le capital-investissement, le capital-risque, les fonds spéculatifs ou l'immobilier.

• 58 %

  des services financiers mondiaux ont recouru à cette nouvelle technologie en 2024

L'IA est un outil différenciant qui a su capter l'attention des gestionnaires d'actifs, « ravivant par la même occasion leur intérêt pour d'autres technologies préexistantes bien établies et éprouvées, pour en explorer d'autres applications », affirme Riaan Potgieter, Directeur des investissements chez StepStone Group. Une diversification technologique stratégique pour les gestionnaires d'actifs qui favorise la réduction des risques d'une adoption exclusive de la nouvelle IA générative. Les applications de l'IA étant nombreuses et diverses, « il est important de rappeler qu'il faut sélectionner les projets qui créeront réellement de la valeur ajoutée, car l'IA a un coût énergétique et financier », ajoute Pauline Thomson, Head of Data Science et Managing Director chez Ardian.

Grâce à notre application Gaia, développée en collaboration avec Artefact, nos collaborateurs peuvent télécharger et analyser des documents en toute sécurité, obtenir des résumés, effectuer des comparaisons, ce qui représente un avantage compétitif. Nous sommes convaincus que l'internalisation de cette plateforme indépendante est essentielle pour pleinement tirer parti des avantages de l'IA.

Si elle optimise la collecte et l'analyse en traitant un volume conséquent de données, l'IA ne se substitue pourtant pas à l'humain, qui reste au cœur des décisions stratégiques pour maximiser la performance et le rendement des investissements. Cette technologie doit être considérée comme un outil d'aide à la décision.

L'objectif n'est donc pas d'automatiser intégralement les processus de travail, mais de déléguer certaines tâches à faible valeur ajoutée et de toujours conserver une intervention humaine, notamment dans la décision finale.

Les sociétés de gestion en première ligne de l'accompagnement sur ces sujets

Les sociétés de gestion en première ligne de l'accompagnement sur ces sujets

Mais tout ne tourne pas seulement autour du large traitement possible des données. Il est principalement question de qualité des résultats. « Certains cas d'usage nous ont démontré combien la productivité attendue n'avait pas été atteinte, la valeur ajoutée n'avait pas été mesurée et les résultats escomptés n'avaient pas été atteints. Préalablement à tout lancement de projet, nous devons mettre en place des cockpits pour mesurer l'impact de l'utilisation de l'IA sur les revenus, et évaluer les gains que nous réaliserons en termes de coûts d'exploitation et d'efficacité », rappelle Claire Calmejane, CEO de CAILEG and Non-Executive Director. L'utilisation de l'IA transforme les modèles d'affaires, les chaînes de valeur et les modes de travail. La refonte structurelle de certains processus internes requiert l'implication active des dirigeants pour optimiser la gestion de l'entreprise, réduire les risques, et tirer parti des opportunités que la technologie offre en matière de performance financière.

• 2.5 GW +

  d'actifs de production et de stockage d'énergies renouvelables optimisés par la plateforme Opta

• 800

  signaux collectés par Opta toutes les dix minutes

• €10 millions

  de revenus supplémentaires en plus du portefeuille Ardian

Une phase de sensibilisation atteinte chez Ardian, qui aspire à aider les entreprises qui sélectionnent encore leurs cas d'usage, et à identifier les applications pertinentes pour leurs organisations. À titre d'exemple, Ardian développe depuis 2020 la plateforme Opta qui permet d'optimiser un portefeuille de plus de 2,5 gigawatts (GW) d'actifs de production et de stockage d'énergies renouvelables. « Opta collecte jusqu'à 800 signaux toutes les dix minutes sur son portefeuille d'actifs renouvelables répartis dans dix pays. Nous recueillons ces données, les interprétons pour identifier les opportunités d'amélioration opérationnelle, puis informons les équipes de gestion afin qu'elles puissent agir », détaille Marion Calcine, Chief Investment Officer dans l'équipe Infrastructure chez Ardian.

Grâce à Opta et au fait qu'elles font parties du portefeuille Ardian, les entreprises ont un accès facilité à une meilleure compréhension de leur environnement de marché.

Le premier avantage que nous offrons à nos participations est l'accès à des logiciels à moindre coût grâce à notre effet d'échelle. Le second avantage est que nous leur fournissons des données anonymisées sur un portefeuille de 2,5 gigawatts, alors qu'elles n'ont accès qu'à leurs propres actifs, souvent de l'ordre de quelques centaines de mégawatts.

Autant d'éléments qui différencient Ardian sur le marché, avec des résultats sans appel, les actifs générant dix millions d'euros nets de revenus supplémentaires.

Investir dans l'IA : une priorité stratégique pour les gestionnaires d'actifs

Investir dans l'IA : une priorité stratégique pour les gestionnaires d'actifs

L'IA bouleverse l'investissement alternatif tout autant que l'investissement alternatif est appelé à façonner l'IA et à ouvrir la voie à de nouveaux entrants pour défier la domination des géants de la Tech. Convaincu de l'impact à long terme de l'IA, Ardian a investi « à pratiquement tous les niveaux de la chaîne de valeur technologique de l'IA ». Son portefeuille d'investissements en témoigne.

En mars 2024, Ardian finalisait l'acquisition de Verne, une plateforme leader et durable de centres de données construits principalement dans les pays nordiques. Elle est fondée sur une mission de réduction de l'empreinte carbone depuis 2012.

Les centres de données constituent le socle physique qui sous-tend l'ensemble de la chaîne de valeur technologique. Viennent ensuite les applications, la génération de connaissances, l'intelligence produite par ces grands modèles de langage qui influencent considérablement les entreprises.

C'est le cas de Wintics, entreprise innovante de logiciels d'IA pour les villes intelligentes , qui se situe dans l'espace applicatif de la chaîne de valeur technologique. Depuis sa création en 2017, Wintics utilise des algorithmes de deep learning pour recueillir des données à partir des flux des caméras installées sur les routes, immeubles ou ailleurs dans les villes. L'occasion pour son co-fondateur, Quentin Barenne, de rappeler à l'attention des investisseurs l'effet systémique de l'IA : « L'IA peut parfois être un terme à la mode, utilisé par certains entrepreneurs pour attirer des investisseurs. Il est donc essentiel de réaliser une due diligence approfondie, pas seulement financière, mais aussi sociale, fiscale, et surtout technique, centrée sur l'IA. »

Ardian remercie spécialement l'ensemble des experts qui ont partagé leur analyse et leurs idées pour affiner notre compréhension du potentiel qu'offre l'IA : Mathias Burghardt (Directeur Général Délégué d'Ardian et CEO Ardian France), Philippe Aghion (Collège de France), Vincent Luciani (Artefact), Frister Haveman (Gain.pro), Claire Calmejane (CAILEG, Hub France IA), Riaan Potgieter (StepStone Group), Andrea Andorno (SAGAT Capital, Aéroport de Turin), Marco Di Dio Roccazzella (JAKALA), Guillaume Liegey (Explain), Philippe Limantour Ph.D. (Microsoft), Fanjuan Shi, Ph.D (Prosol), Marion Calcine (équipe Infrastructure, Ardian), Pauline Thomson (équipe Data Science, Ardian), Clément Marty (équipe Digital Transformation, Ardian), Quentin Barenne (Wintics), Christophe Duverne (Ardian Semiconductor), Marco Trombetti (Translated), Dominic Ward (Verne), Lise Fauconnier (Ardian Semiconductor), Jonas Corné (Greenbyte), les équipes Growth, Expansion et Buyout d'Ardian.

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• Mathias Burghardt DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ, VICE-PRÉSIDENT DE L'EXECUTIVE COMMITTEE, CEO OF ARDIAN FRANCE ET HEAD OF INFRASTRUCTURE

• Pauline Thomson RESPONSABLE DATA SCIENCE ET MANAGING DIRECTOR

• Marion Calcine CHIEF INVESTMENT OFFICER INFRASTRUCTURE, MEMBRE DU DIRECTOIRE D'ARDIAN FRANCE & SENIOR MANAGING DIRECTOR