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RSF - Reporters sans frontières

09/12/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/12/2025 11:52

Guyana : après la réélection du président Ali, RSF appelle à une refonte des relations entre le gouvernement et les médias

Le 1er septembre, le Guyana a organisé des élections nationales au cours desquelles le Parti progressiste du peuple (PPP) a remporté la majorité des voix, accordant ainsi un second mandat au président Irfaan Ali. Son premier mandat ayant malheureusement été entaché par l'hostilité de son gouvernement envers les médias d'information, Reporters sans frontières (RSF) appelle l'administration du président Ali à faire de la liberté de la presse une priorité durant les cinq prochaines années. L'organisation formule également trois recommandations politiques pour aider le gouvernement à réinitialiser ses relations avec les médias.

Le Guyana occupe la 73e place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse2025 de RSF, mais son indicateur politique se situe à la 111e position, en grande partie en raison de l'influence démesurée que le gouvernement exerce sur les médias. Le récent scrutin confirme les conclusions de RSF : selon la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE UE), pendant les élections, "les avantages indus liés à la fonction ont contribué à créer des conditions inégales. Le paysage médiatique était fortement politisé, ce qui a réduit les possibilités pour les électeurs d'accéder à des points de vue diversifiés. L'espace numérique était dynamique mais souvent hostile, avec la diffusion de contenus manipulateurs par des acteurs partisans".

L'hostilité envers les médias prend différentes formes dans ce pays. Le président du Guyana nomme directement les membres de l'Autorité nationale de régulation des médias (Guyana National Broadcast Authority). Cela affecte l'indépendance des médias du pays, car ces alliés du président ont le pouvoir de révoquer les licences des médias audiovisuels. Les journalistes du Guyana affirment qu'ils le ressententdans leur travail, le gouvernement accordant de manière sélective des interviews et des opportunités publicitaires aux médias qu'il favorise.

Les fonctionnaires, y compris le président Ali, insultentles journalistes, et les politiciens ont recours à des poursuites en diffamationpour faire taire les professionnels des médias. Ce fut le cas pour un journaliste du site d'information Big Smith News Watch, Leroy Smith, qui a été menacé de poursuites pour sédition et a fait l'objet d'un procès en diffamationintenté en octobre 2024 par le commissaire adjoint de police et chef de l'unité spéciale chargée de la criminalité organisée. Ce dernier réclamait plusieurs millions de dollars de dommages et intérêts, à la suite d'un reportage de Leroy Smith sur une prétendue faute professionnelle. Ce cas n'est malheureusement pas isolé, puisque les journalistes guyanais interrogés chaque année par RSF, dans le cadre de sa collecte de données pour le Classement mondial de la liberté de la presse, font fréquemment état de harcèlement de la part de partisans du gouvernement.

Dans son discours d'investiture du 7 septembre, le président Ali a évoqué la presse : "Nous reconnaissons et respectons le rôle essentiel de surveillance des médias, et nous garantirons une plus grande transparence en mettant en place, dans chaque ministère et département, des mécanismes permettant de fournir les informations en temps utile". Ces paroles positives doivent être suivies d'actes.

"L'hostilité ouverte du gouvernement envers les médias est devenue une norme regrettable au Guyana. Cette culture d'antagonisme plombe directement le Guyana dans le Classement mondial de la liberté de la presse. Cela n'a pas lieu d'être. Cette élection est une excellente occasion de prendre un nouveau départ. RSF appelle l'administration du président Ali à contribuer à favoriser un paysage médiatique plus pluraliste, à fournir un accès transparent et rapide à l'ensemble de la presse et à traiter les journalistes avec respect. La liberté de la presse doit toujours être un élément essentiel de la démocratie au Guyana, et RSF est prête à contribuer à assainir les relations entre le gouvernement et les médias.

Clayton Weimers
Directeur exécutif du bureau Amérique du Nord de RSF

Trois recommandations de RSF à destination de l'administration du président Ali :

  • mettre fin à l'hostilité des politiciens envers les journalistes. Ils doivent également s'abstenir de réprimander ou d'insulter personnellement les journalistes, ou d'inciter leurs partisans à faire de même. Des signaux clairs indiquant que le harcèlement des journalistes est inacceptable doivent venir du plus haut niveau ;
  • codifier des règles garantissant l'impartialité du marché publicitaire gouvernementalafin d'éviter qu'il ne soit utilisé pour favoriser certains médias ;
  • offrir un accès transparent et rapide à l'ensemble de la presse. Les dirigeants doivent régulièrement s'adresser à une pluralité de voix dans les médias sans favoriser certains organes de presse, y compris les médias d'État.
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Publié le12.09.2025
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