WHO - World Health Organization Regional Office for Europe

09/16/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/17/2025 13:39

La dépendance de l’Europe à l’égard des médecins et des infirmiers formés à l’étranger a des répercussions transfrontalières, selon un nouveau rapport de l’OMS/Europe

Le nouveau rapport de l'OMS/Europe intitulé « Health workforce migration in the WHO European Region: country case studies from Albania, Armenia, Georgia, Ireland, Malta, Moldova, Norway, Romania and Tajikistan » [Migration des personnels de santé dans la Région européenne de l'OMS : études de cas nationales en Albanie, en Arménie, en Géorgie, en Irlande, à Malte, en Norvège, en République de Moldova, en Roumanie et au Tadjikistan] contient une analyse à jour et complète de la mobilité des personnels de santé dans la Région. S'appuyant sur les données des Comptes nationaux des personnels de santé, ainsi que sur des études de cas détaillées de 9 pays, il met en lumière les tendances, les flux et l'ampleur de la migration de ces personnels au niveau régional.

Une tendance majeure dans les systèmes de santé européens

Entre 2014 et 2023, le nombre de médecins formés à l'étranger exerçant dans la Région a augmenté de 58 %, et celui des infirmiers formés à l'étranger de 67 %. Au cours de la même période, les entrées annuelles de médecins (nouveaux arrivants sur le marché du travail du secteur de la santé) ont presque triplé, et celles des infirmiers ont été multipliées par 5. Il est frappant de constater que la plupart de ces professionnels de santé ont été formés en dehors de l'Europe : 60 % des médecins et 72 % des infirmiers arrivés en 2023 ont été formés en dehors de la Région.

« Ce n'est pas seulement une question de chiffres. Derrière chaque médecin ou chaque infirmier migrant se cache une histoire d'ambition et d'opportunité, mais aussi, souvent, de pression sur les familles et sur les systèmes de santé nationaux qu'ils ont laissés derrière eux », explique le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays à l'OMS/Europe. « La migration des professionnels de santé est une réalité sur le marché du travail interconnecté de l'Europe, et elle doit être gérée de manière plus équitable et durable. »

Cette croissance rapide de la mobilité crée de nouveaux défis. Certains pays, notamment en Europe orientale et méridionale, perdent un grand nombre de médecins et d'infirmiers au profit des pays voisins, ce qui aggrave les pénuries existantes et compromet la pérennité de la main-d'œuvre.

En même temps, de nombreux pays d'Europe occidentale et septentrionale deviennent très dépendants des professionnels formés à l'étranger. En Irlande, par exemple, plus de la moitié des infirmiers et 43 % des médecins sont formés à l'étranger.

Avec une pénurie prévue de 950 000 agents de santé dans la Région d'ici 2030, le rapport souligne que les pays doivent mettre en œuvre de solides politiques de rétention et une meilleure planification de la main-d'œuvre. Ces mesures sont essentielles pour garantir la pérennité du personnel de santé, tant dans les pays où ces agents sont formés (pays d'origine) que dans ceux où ils finissent par exercer (pays d'accueil).

« L'OMS est favorable à de meilleures conditions de travail dans les pays d'origine, d'une part, et à une plus grande autosuffisance dans les pays d'accueil, d'autre part », indique le docteur Tomas Zapata, conseiller régional pour le personnel de santé et la prestation de services à l'OMS/Europe. « C'est pourquoi nous continuons à aider les gouvernements à mettre en œuvre des stratégies de rétention, à renforcer leurs capacités de planification (notamment en matière de modélisation des effectifs), à élaborer des stratégies de financement à long terme et à réformer l'enseignement afin de disposer d'une main-d'œuvre capable de répondre à l'évolution des besoins sanitaires, aujourd'hui et à l'avenir. »

Des modèles de mobilité complexes

Alors que la migration était autrefois perçue comme un flux unidirectionnel du sud vers le nord, le rapport révèle une situation beaucoup plus complexe et dynamique. Il existe divers modèles de mobilité au sein des sous-régions, entre pays à revenu élevé et entre pays voisins.

La langue, la géographie et les systèmes de formation communs influencent également la mobilité ; par exemple, l'Allemagne est la principale source de médecins formés à l'étranger en Autriche, en Suisse et en Bulgarie, tandis que les médecins formés en République de Moldova constituent le plus grand groupe de médecins étrangers exerçant en Roumanie.

Prise de mesures politiques et enseignements tirés

Le rapport présente 9 études de cas nationales (Albanie, Arménie, Géorgie, Irlande, Malte, Norvège, République de Moldova, Roumanie et Tadjikistan) qui illustrent la diversité des parcours migratoires, les défis spécifiques auxquels chaque pays est confronté, ainsi que les défis et opportunités particuliers liés à la migration des professionnels de santé. Les études de cas mettent également en évidence les lacunes importantes en matière de données qui doivent être comblées en vue d'adopter des approches éclairées en termes de conception et de la mise en œuvre des politiques.

Par exemple, la Roumanie, qui a longtemps été une source importante de médecins et d'infirmiers pour d'autres pays, a réussi à réduire la migration des médecins ces 10 dernières années, passant de 1 500 médecins émigrés en 2012 à seulement 461 en 2021. Cela s'explique principalement par une amélioration de la rémunération, de la formation et des conditions de travail dans ce pays. La République de Moldova a enregistré une baisse des demandes de médecins souhaitant s'installer à l'étranger. L'Irlande, l'un des pays les plus dépendants du personnel formé à l'étranger, a augmenté le nombre de places de formation médicale pour les étudiants nationaux afin de renforcer son autosuffisance.

L'OMS appelle à une action coordonnée

Le rapport présente une série de mesures susceptibles d'être prises par les pays, notamment investir dans la formation nationale, renforcer les stratégies de rétention, aligner les programmes pédagogiques sur les besoins des systèmes de santé et promouvoir le recrutement international éthique par le biais d'accords bilatéraux transparents.

« La migration des personnels de santé est une réalité dans notre monde interconnecté et dans le contexte de la mondialisation, et nous disposons de solutions pour garantir que cette migration profite à toutes les parties. Les pays peuvent apprendre de leur expérience respective », précise le docteur Azzopardi-Muscat. « Si nous ne parvenons pas à soutenir le mouvement des personnels de santé de manière équitable, nous risquons d'aggraver les inégalités de santé et de laisser des systèmes de santé déjà fragiles incapables de faire face à la situation. »

À propos du rapport

L'OMS/Europe a élaboré ce nouveau rapport en collaboration avec les États membres et les partenaires. Le rapport s'appuie sur le Questionnaire commun relatif aux statistiques non monétaires sur les soins de santé de l'OMS/Europe, d'Eurostat et de l'Organisation de coopération et de développement économiques, ainsi que sur les Comptes nationaux des personnels de santé. Il s'aligne sur le Code de pratique mondial de l'OMS pour le recrutement international des personnels de santé et sur le Cadre d'action pour les personnels de santé et d'aide à la personne 2023-2030 de l'OMS/Europe.

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