12/05/2025 | News release | Distributed by Public on 12/06/2025 10:34
Conclu sous l'égide du président américain Donald Trump, le texte paraphé par Paul Kagame et Félix Tshisekedi intervient à l'issue de plusieurs mois d'efforts diplomatiques menés en parallèle à Washington, à Doha et au sein de l'Union africaine. Si le porte-parole du Secrétaire général a confirmé hier que les Nations unies n'étaient pas « directement associées » à l'initiative américaine, M. Guterres a rendu hommage aux efforts déployés par la Maison Blanche pour parvenir à un apaisement, après une année de tensions croissantes dans la région des Grands Lacs.
Sur le terrain, la signature intervient dans un contexte de forte dégradation sécuritaire. Depuis le début de l'année, l'offensive du M23 a rebattu les cartes militaires dans l'est du pays. Le groupe armé se réclamant de la défense des Tutsis congolais et soutenu, selon l'ONU, par l'armée rwandaise - ce que Kigali dément - contrôle désormais de larges pans du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris Goma et Bukavu, les deux principales métropoles régionales.
Les combats contre les forces armées congolaises ont forcé des centaines de milliers de civils à fuir leurs localités, aggravant une crise humanitaire déjà profonde. Routes coupées, aéroports fermés, bombardements et violences sexuelles utilisés comme arme de guerre ont accru l'instabilité d'une région dont les équilibres demeurent précaires depuis les guerres du Congo des années 1990.
À la menace posée par le M23 s'ajoutent plusieurs acteurs armés qui alimentent un climat d'insécurité généralisée. Dans le Nord-Kivu, les Forces démocratiques alliées (ADF), milice d'origine ougandaise affiliée à l'organisation État islamique, ont multiplié les attaques meurtrières ces dernières semaines. Dans l'Ituri voisine, les milices CODECO poursuivent leurs offensives contre les populations civiles. Les groupes d'autodéfense Wazalendo, mobilisés en soutien à Kinshasa, sont eux aussi accusés de nombreuses exactions.
Malgré la présence d'environ 14 000 Casques bleus de la mission onusienne de maintien de la paix (MONUSCO), les capacités de stabilisation demeurent limitées. Les rivalités régionales, l'accès aux ressources minières et l'absence de mécanismes de sanction crédibles continuent de nourrir la dynamique de violence.
Les accords de Washington s'ajoutent aux tentatives de désescalade engagées ces derniers mois. Le 27 juin, un cessez-le-feu avait été signé entre Kinshasa et Kigali, également dans la capitale américaine. Le 19 juillet, à Doha, le gouvernement congolais et le M23 avaient adopté une déclaration de principes. Aucun de ces textes, toutefois, n'a débouché sur une réduction tangible des combats.
Dans sa déclaration, António Guterres a rappelé que des « progrès significatifs » avaient été accomplis dans le cadre des processus de Doha et de l'Union africaine. Il a exhorté « toutes les parties à tenir les engagements qu'elles ont pris », notamment le respect du cessez-le-feu permanent demandé en février par le Conseil de sécurité.
À Washington, la présence du médiateur de l'Union africaine, le président togolais Faure Gnassingbé, ainsi que de représentants du Qatar, visait précisément à coordonner ces différents efforts.
Pour l'heure, rien n'indique que la signature de Washington permettra une désescalade rapide. Les lignes de front autour de Rutshuru, Sake, Minova ou Masisi restent actives. Les populations locales continuent de se déplacer au gré des avancées militaires, et l'accès humanitaire demeure entravé dans plusieurs zones.
Le Secrétaire général réaffirme que la MONUSCO est « prête à continuer de soutenir tous les efforts visant à instaurer une paix et une stabilité durables en RDC et dans la région ». Mais sur les collines du Kivu, l'impact de l'accord reste à démontrer.
Entre la diplomatie menée dans les salons de Washington et la réalité mouvante du terrain, le décalage demeure profond. Le texte existe désormais ; la paix, elle, reste à construire.