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12/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/15/2025 22:42

Conseil de sécurité: le ou la prochain(e) Secrétaire général(e) appelé(e) à réaffirmer son rôle politique et à poursuivre les réformes institutionnelles de l’ONU

10067e séance - matin & après-midi
CS/16248
15 décembre 2025

Conseil de sécurité: le ou la prochain(e) Secrétaire général(e) appelé(e) à réaffirmer son rôle politique et à poursuivre les réformes institutionnelles de l'ONU

Alors que l'Assemblée générale s'apprête à nommer, l'an prochain, le ou la prochain(e) Secrétaire général(e) de l'ONU, le Conseil de sécurité s'est réuni, aujourd'hui, à l'occasion d'un débat public convoqué par la Slovénie sur le thème du « leadership pour la paix », afin de déterminer le profil de celui ou celle qui sera appelé(e) à poursuivre les réformes institutionnelles de l'Organisation et à relever les défis mondiaux d'aujourd'hui, tout en freinant le déclin du multilatéralisme.

Ancien Secrétaire général de l'ONU et Sage émérite, M. Ban Ki-moon a constaté que la situation internationale s'est encore détériorée depuis la fin de son mandat, il y a neuf ans, du fait de la confrontation plutôt que de la coopération entre les grandes puissances, qu'il s'agisse de l'invasion de l'Ukraine par un membre permanent du Conseil de sécurité, des pertes civiles massives à Gaza ou encore de l'érosion du multilatéralisme. « Cette situation est devenue, à son tour, une crise pour les Nations Unies », a-t-il prévenu.

Or, a-t-il rappelé, l'Organisation n'est forte que dans la mesure permise par les 193 États qui la composent. Dans cette perspective, M. Ban a enjoint à la direction de l'ONU de réaffirmer avec « davantage d'assurance » le rôle politique qui lui revient en matière de diplomatie pour la paix, notamment en assurant la médiation et le règlement des crises, avec le plein appui des États Membres. À cette fin, le Secrétaire général devrait, selon lui, être investi d'un mandat unique de sept ans plutôt que de deux mandats de cinq ans qui rendent le titulaire de cette fonction dépendant des membres permanents du Conseil.

Tout en rejetant l'idée voulant que les secrétaires généraux de l'ONU soient des « papes séculiers », M. Ban a néanmoins estimé que « l'autorité morale » dont ceux-ci disposent doit être assortie d'un pouvoir réel afin de servir de médiateur entre deux parties en conflit et intervenir plus activement en cas de violations graves du droit international et de la Charte des Nations Unies, citant notamment les crimes d'atrocité.

Le pouvoir des idées

Cependant, le Secrétaire général ne dispose ni d'un grand pouvoir matériel, ni de moyens financiers importants, ni d'une autorité comparable à celle des États Membres, a noté Mme Anjali Daya, professeure à la  Fordham University. Le chef de l'ONU possède en revanche un pouvoir certain: celui des idées et de la capacité de mobiliser la population mondiale en vue de la réalisation des objectifs fixés par les États Membres afin de parvenir à une « prospérité commune ».

Pour que l'ONU puisse remplir ce rôle, elle doit s'adapter en permanence et bénéficier d'un appui politique et financier adéquat, a relevé la Slovénie, tout en soulignant qu'aucune réforme ne pourra aboutir si les États Membres ne respectent pas leurs obligations financières. Afin que l'Organisation soit plus transparente, responsable et axée sur les résultats, la délégation slovène a estimé que le prochain Secrétaire général devra être un diplomate de stature mondiale et un défenseur impartial de la paix, du développement et des droits humains, ainsi que le principal moteur de la réforme institutionnelle.

À cet égard, l'Union européenne a souligné que l'Initiative ONU80 illustre la vision sur laquelle le Secrétaire général pourra s'appuyer pour bâtir une Organisation efficace, coordonnée et réactive, « adaptée à l'évolution rapide des réalités ». Elle a toutefois mis en garde contre l'abandon des valeurs fondatrices de l'ONU au profit de récits révisionnistes et d'actions subversives.

Comme l'Islande, le Japon a souligné l'importance d'une plus grande transparence dans les délibérations du Conseil sur le processus de sélection du Secrétaire général, discussions qu'il devrait rendre publiques, « comme le prévoient d'ailleurs des documents officiels de l'ONU ».

Vers un leadership pour la paix

Pour la représentante du Chili, le ou la future Secrétaire général(e) devra exercer son mandat avec autonomie et conviction, en faisant pleinement usage des pouvoirs préventifs découlant de l'Article 99 de la Charte des Nations Unies, qui lui permet d'attirer l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pour y parvenir, le rôle de médiateur du Secrétaire général doit être renforcé, sa présence sur le terrain étant essentielle pour accroître la crédibilité de l'ONU, a-t-elle estimé.

Tout en reconnaissant que la collaboration entre le Secrétaire général et le Conseil permet des réponses coordonnées, facilite la médiation ainsi qu'une approche préventive, le Panama a souligné que le prochain Secrétaire général devra posséder des qualités à la hauteur de la complexité croissante du paysage international, à savoir l'impartialité nécessaire à ses bons offices, une vision stratégique préventive ainsi qu'une capacité de coordination permettant de revitaliser la coopération multilatérale et de préserver la pertinence de l'Organisation face aux défis actuels.

Or, malgré son grand potentiel, l'ONU continue d'être une « bureaucratie inefficace et dépensière » qui accuse un déficit de redevabilité, ont tranché les États-Unis. Elle véhicule des idéologies qui divisent les États au lieu de les rassembler, tout en compromettant leur souveraineté nationale. Il est donc essentiel que le prochain chef de l'ONU revienne aux buts et principes de la Charte en servant les États Membres plutôt qu'une bureaucratie qui ne rend de comptes à personne; en veillant au respect de ses cadres budgétaires; et en concentrant l'action du Conseil sur ses fonctions premières d'assurer la paix et la sécurité internationales.

Pour la Fédération de Russie, le leadership pour la paix est, actuellement, un concept utilisé d'abord pour imposer des mesures unilatérales coercitives et des actions d'ingérence. L'Occident chercherait, selon elle, à préserver une influence qui lui échappe en « idéologisant » le droit international, ce qui entame l'autorité de l'ONU et génère des conflits. Dans ce contexte, le représentant russe a incité l'ONU à revenir à ses fonctions statutaires et à tenir compte des besoins des populations sans chercher à imposer des « prêt-à-penser politiques ».

De son côté, la Chine, qui a demandé à la Première Ministre japonaise de retirer ses propos selon lesquels « la survie du Japon est associé au destin de Taiwan », a appelé les pays à devenir membres du groupe des amis de la gouvernance mondiale qui promeut le multilatéralisme et le rôle de l'ONU à cet égard.

« Le leadership ne repose pas sur la confrontation, mais sur la persuasion morale », a pour sa part rappelé la République de Corée, pour qui les États Membres doivent veiller à ce que l'Organisation concentre son action sur la prévention et la protection de la paix, même lorsque leurs positions divergent.

Le représentant du Pakistan a lui aussi mis en garde contre une application sélective du droit international et le silence face aux violations commises, arguant que le leadership pour la paix doit s'appuyer sur la prévention, le dialogue, la coopération et un multilatéralisme efficace, notamment par le recours aux mécanismes régionaux prévus au Chapitre VIII de la Charte.

Le leadership pour la paix doit aussi être reconnu lorsqu'il émerge des régions, a fait valoir la Sierra Leone qui a regretté que trop souvent, le leadership africain en la matière n'a pas suscité la réponse internationale attendue. Son délégué a notamment critiqué le « silence assourdissant » du Conseil de sécurité lorsque la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a tiré la sonnette d'alarme face aux changements de gouvernement anticonstitutionnels et à la menace terroriste croissante dans la région.

« Donner plus de pouvoir aux acteurs régionaux ne fera que renforcer le sens du leadership pour la paix que nous souhaitons instaurer », a abondé l'Algérie qui a plaidé en faveur de la reconnaissance du rôle de l'Assemblée générale en tant qu'organe le plus représentatif de l'ONU, en particulier lorsque le Conseil est incapable ou refuse d'assumer ce rôle, « qui doit notamment s'appuyer sur le partenariat stratégique avec l'Union africaine ».

Pour un processus de sélection méritocratique

Quelle que soit la manière dont le prochain Secrétaire général entend mener à bien sa mission, les exigences de cette fonction sont telles qu'il est indispensable de mettre en œuvre un processus de sélection fondé sur le mérite afin de trouver le candidat le plus qualifié, a insisté le Royaume-Uni.

Pour la Slovénie, rejointe par l'Estonie et le Monténégro, nommer une femme au poste de Secrétaire général n'est pas qu'une question de symbole, mais aussi de crédibilité. S'il va de soi que la personne la plus qualifiée soit élue à ce poste, nous ne pouvons ignorer que la moitié de la population mondiale est composée de femmes, a notamment commenté la délégation. Sur ce point, l'Allemagne a assuré que « dans le cadre d'un processus fondé sur le mérite, nous pouvons changer cela ».

Au nom du Groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence), la Suisse a elle aussi salué l'encouragement des États Membres à envisager de proposer des candidatures féminines. Elle a aussi souligné l'importance de la rotation régionale et exprimé son soutien aux candidatures issues de régions sous-représentées.

À cet égard, bien que l'Article 99 de la Charte des Nations Unies mentionne initialement le Secrétaire général au masculin, l'Afrique du Sud s'est félicitée de l'adoption par l'Assemblée générale de la résolution 79/327, qui a mené à la modification de son Règlement intérieur afin d'assurer une meilleure représentation des femmes.

La délégation sudafricaine a également encouragé la nomination d'un candidat issu des pays en développement, à même de défendre les intérêts des plus vulnérables tout en promouvant ceux des pays développés.

Dans cette même veine, le Brésil, le Guatemala et l'Uruguay ont jugé le moment venu pour un candidat de la région de l'Amérique latine et des Caraïbes d'assumer le poste de Secrétaire général, conformément au principe d'équilibre géographique.

Incarnation d'un ordre international fondé sur le droit, et de la « résistance à ceux qui prétendent lui substituer la force », la délégation française a souligné que le monde attend aussi du prochain chef de l'ONU qu'il soit une « boussole » sur les enjeux globaux. Il incombera en outre au titulaire de ce poste d'être comptable de l'efficacité de l'Organisation. C'est la raison pour laquelle l'initiative franco-mexicaine d'encadrement de veto en cas d'atrocités de masse propose de confier à celui-ci un rôle dans l'identification des situations où l'exercice du veto pourrait faire l'objet d'une restriction collective et volontaire.

« Sans réformes concrètes visant à limiter l'utilisation arbitraire et abusive du droit de veto par les membres permanents, le sentiment d'impuissance de l'ONU ne sera pas surmonté », a d'ailleurs prévenu M. Ban.

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