UNOG - United Nations Office at Geneva

10/10/2025 | News release | Distributed by Public on 10/10/2025 22:12

Frappes américaines dans les Caraïbes : l’ONU appelle Washington et Caracas à la retenue

Le Conseil de sécurité s'est réuni en urgence, vendredi, à la demande de Caracas, qui dénonce les manœuvres militaires américaines dans les Caraïbes, au large de ses côtes. Washington accuse en retour l'aviation vénézuélienne d'avoir survolé l'un de ses navires de guerre dans les eaux internationales. Les deux capitales se rejettent la responsabilité d'une montée des tensions.

Cette séance, convoquée avant même l'annonce du prix Nobel de la paix attribué à María Corina Machado, figure de l'opposition vénézuélienne au président Nicolás Maduro, s'est ouverte sur un appel à la retenue de Miroslav Jenča, responsable de l'ONU pour les affaires politiques sur le continent américain, qui a exhorté Washington et Caracas à « résoudre leurs différends par des moyens pacifiques ».

UN Photo/Eskinder Debebe
Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques, au Conseil de sécurité.

Une rivalité ancienne

Les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis 2019, lorsque les États-Unis ont reconnu l'opposant Juan Guaidó comme président vénézuélien par intérim, après la réélection contestée de M. Maduro. Depuis, les deux pays s'opposent à coups de sanctions, d'expulsions de diplomates et d'accusations d'ingérence. Le bref dégel amorcé en 2023, sous médiation qatarie, n'a pas suffi à restaurer la confiance.

C'est dans ce climat de méfiance qu'à la mi-août 2025, une présence militaire américaine accrue a été signalée dans le sud de la mer des Caraïbes, « au large des côtes du Venezuela », a rappelé M. Jenča. Caracas a aussitôt saisi le Secrétaire général de l'ONU, le 29 août, puis de nouveau en septembre, après une série d'incidents maritimes et aériens.

Le 2 septembre, l'administration américaine a annoncé avoir frappé un navire en mer, soupçonné selon elle d'activités illégales. L'incident aurait fait 11 morts. D'autres opérations similaires auraient eu lieu les 15, 16 et 19 septembre, puis le 3 octobre, provoquant la mort de 21 personnes au total.

« Les Nations unies ne sont pas en mesure de vérifier ces informations », a précisé M. Jenča.

Montée des tensions

Le 4 septembre, selon Washington, deux avions militaires vénézuéliens ont survolé un navire de la marine américaine dans les eaux internationales - une manœuvre jugée « hautement provocatrice » par la Maison-Blanche. Quelques jours plus tard, Caracas a accusé un bâtiment américain d'avoir retenu un bateau de pêche vénézuélien pendant huit heures.

Dès le 18 août, M. Maduro avait ordonné la mobilisation de plus de quatre millions de membres de la milice bolivarienne, une force civile armée, et annoncé des manœuvres navales et aériennes destinées, selon lui, à « renforcer la défense et la souveraineté » du pays.

La justification américaine

Les autorités américaines affirment que leurs opérations visent des navires liés au crime organisé, afin d'« empêcher que la drogue n'inonde les États-Unis ».

Le 2 octobre, un porte-parole du président Donald Trump a déclaré que ce dernier « avait agi conformément au droit des conflits armés », invoquant la nécessité de protéger le pays « contre ceux qui tentent d'apporter un poison mortel » sur ses côtes.

L'appel au calme de l'ONU

Dans sa présentation aux membres du Conseil, M. Jenča a rappelé que le Secrétaire général de l'ONU « a exhorté les deux parties à désamorcer les tensions, à faire preuve de retenue et à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques ». Il a également cité le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, selon lequel « le recours à la force pour lutter contre le trafic illicite relève, en principe, du maintien de l'ordre » et doit respecter les normes internationales.

« Nous continuons d'insister sur la nécessité que toutes les actions de lutte contre le crime organisé transnational soient conduites conformément au droit international, y compris à la Charte des Nations unies », a conclu le diplomate, nommé début septembre Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie. Il a appelé les deux gouvernements à éviter toute action susceptible de « menacer la paix et la sécurité internationales ».

Un contexte alourdi par le Nobel

L'attribution, le matin même, du prix Nobel de la paix à María Corina Machado ajoute une dimension politique supplémentaire à la crise. La cheffe de l'opposition avait été écartée de l'élection présidentielle de juillet 2024 à la suite d'une décision de justice la déclarant inéligible.

Après la victoire de M. Maduro, élu pour un troisième mandat à l'issue d'un scrutin contesté par de nombreux observateurs internationaux, celle que ses partisans surnomment « la libératrice » était entrée dans la clandestinité.

Dans ce climat de suspicion, la confrontation navale entre Caracas et Washington prend valeur de symbole : celui d'un face-à-face idéologique où le droit international, plus que les eaux caribéennes, est devenu le véritable champ de bataille.

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