07/08/2025 | Press release | Distributed by Public on 07/09/2025 02:41
À la veille de la quatrième édition de la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine (URC), qui se tiendra à Rome les 10 et 11 juillet, Reporters sans frontières (RSF) et 44 organisations de défense de la liberté de la presse et médias ukrainiens et internationaux expriment leur inquiétude et leur déception face à la décision des organisateurs de l'URC de ne pas inclure, une fois de plus, le sujet spécifique de la relance du secteur des médias ukrainiens dans le programme principal. Nous considérons que le rôle d'un secteur médiatique libre, indépendant et résilient dans la reconstruction de l'Ukraine ne saurait être sous-estimé.
"Alors que les médias ukrainiens sont en première ligne pour défendre la démocratie - rendant compte au quotidien de la guerre menée par la Russie et dénonçant la corruption dans les milieux économiques et politiques - leur rôle demeure trop souvent négligé et il est inacceptable qu'ils n'aient pas leur place dans une rencontre au sommet sur la reconstruction de l'Ukraine. Les autorités ukrainiennes comme européennes doivent reconnaître que les médias doivent être au cœur de toute discussion sur la relance économique du pays. Ils ne peuvent plus être tenus à l'écart ! RSF, aux côtés de plus de 40 médias et organisations ukrainiennes et internationales, dénonce l'exclusion persistante de cette question essentielle.
Au cours des quatre dernières années, la question de la relance du secteur des médias ukrainiens n'a jamais été un thème central des discussions de l'URC. Après des mois d'efforts de plaidoyer intenses et soutenus, et malgré une proposition de table ronde consacrée à ce sujet soumise il y a plusieurs mois par RSF et son partenaire ukrainien, l'Institute of Mass Information (IMI), cette question reste ignorée.
L'absence de session consacrée au secteur des médias ukrainiens dans le programme central envoie non seulement un message troublant et profondément inquiétant, mais c'est aussi une honte. Un événement parallèle a finalement été ajouté à l'agenda moins de quatre jours à l'avance. Pourtant, les défis auxquels sont confrontés les médias méritent mieux qu'une simple discussion organisée en marge du plus grand événement international dédié à la reconstruction de l'Ukraine.
L'Ukraine fait face à une guerre de l'information à grande échelle, tout en subissant les dégâts matériels causés par la guerre à grande échelle menée par la Russie. La protection de la liberté de la presse, le soutien à la viabilité à long terme des médias et la reconstruction des infrastructures médiatiques doivent être au cœur de toute stratégie de relance sérieuse. Nous ne pouvons ignorer le rôle essentiel des médias et du journalisme ukrainiens dans la promotion de la transparence, de la gouvernance démocratique, de la responsabilité publique et de la cohésion sociale, valeurs indispensables à tout effort de relance et de reconstruction durable. Sans une attention particulière à ces questions, les objectifs plus larges de renouveau démocratique et de développement économique resteront incomplets et en péril.
Les journalistes indépendants et les professionnels des médias ukrainiens continuent de travailler dans des conditions extrêmes :
Malgré ces difficultés, ils restent en première ligne pour documenter la reconstruction, dénoncer la corruption, lutter contre la désinformation et informer le public en pleine guerre.
Selon l'IMI, au moins 332 médias ukrainiens ont suspendu leurs activités depuis le 24 février 2022, principalement pour des raisons financières. La situation s'est encore détériorée en 2025 avec l'annonce de la fin du soutien aux médias de l'Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development, USAID), mettant le secteur encore plus en péril.
Si les médias ukrainiens continuent de faire preuve de résilience, de professionnalisme et de détermination, cela ne suffit pas. Un soutien international durable et à long terme est nécessaire de toute urgence, et tout à fait possible. Il est temps que la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine - et ses organisateurs, ici les autorités ukrainiennes et italiennes, ainsi que la communauté internationale au sens large - reconnaissent une vérité simple : les médias doivent faire partie intégrante du débat sur la reconstruction. Pas à l'écart. Pas relégués. Mais au centre.
Signataires :