Sainte-Barbe : une fête dans le cœur des Hauts-de-France

Au Centre historique minier de Lewarde, une carte postale des années 1920 résume à elle seule l'attachement du territoire à cette tradition : « Chers amis… Bonne et heureuse fête de Sainte-Barbe. Nous pensons bien à vous… » Quelques mots simples, mais chargés d'une émotion qui traverse le temps.

Une tradition née au fond de la mine

Pendant près d'un siècle, jusqu'aux années 1980, les mineurs de fond s'échangeaient ces petites cartes illustrées - souvent un mineur entouré de fleurs - pour se souhaiter une bonne Sainte-Barbe. Cet usage, encore vivant chez de nombreux retraités, prend racine au XIXᵉ siècle, avec l'essor de l'exploitation charbonnière et l'arrivée de travailleurs venus de milieux ruraux, notamment des communautés polonaises catholiques. La Sainte-Barbe n'était pas qu'une fête : c'était un repère, une façon de souder les hommes confrontés chaque jour au risque.

Une figure emblématique du territoire

Fêtée le 4 décembre, Barbara aurait été sauvée par la foudre de la colère de son père, d'où sa fonction de protectrice des métiers périlleux. Son rayonnement dépasse d'ailleurs les mines : elle est aussi la patronne des artilleurs, des sapeurs du génie, de l'École des Mines et de Polytechnique. Une sainte célébrée autant par les ingénieurs que par les ouvriers, unissant symboliquement toutes les strates du monde industriel.

Dans les Hauts-de-France, la Sainte-Barbe a acquis une dimension unique. Longtemps jour chômé et payé, elle était précédée de deux semaines de travail intensif : les fameuses "longues coupes", durant lesquelles les mineurs, avec seulement quatre heures de sommeil, pouvaient quasiment doubler leur salaire.
C'était une période rude, mais toujours empreinte d'un esprit de camaraderie et de solidarité.

Avec l'arrivée, dans les années 1960 et 1970, de travailleurs de confession musulmane, puis avec l'évolution des luttes sociales, l'aspect religieux s'est atténué. La Sainte-Barbe est alors devenue un moment d'unité, de mobilisation syndicale, mais aussi une journée de mémoire en hommage aux victimes des coups de grisou. Une page d'histoire écrite par des milliers d'hommes qui partageaient la même fierté d'être mineurs.

La "sainte du feu", comme on la désigne aussi, devient également la patronne des métiers ayant un rapport avec la chaleur, comme les artificiers, les carriers, les fondeurs, les verriers, les artilleurs. Elle est la patronne du Bataillon des canonniers sédentaires de Lille, et bien sûr, les pompiers.

Plusieurs rendez-vous célèbrent la Sainte-Barbe

Aujourd'hui, la fête perdure et se réinvente. Le bassin minier des Hauts-de-France propose chaque année de nombreux d'événements pour honorer la patronne des mineurs : processions, concerts, spectacles de feu, pyrotechnie, installations immersives, mapping monumental…

À partir du 28 novembre, les Étincelles et les premiers concerts ouvrent la voie aux festivités.
Du 5 au 7 décembre, le festival bat son plein avec ses temps forts, ses émotions, et cette atmosphère unique qui mélange mémoire, fête et lumière.

Sainte-Barbe continue ainsi d'illuminer le territoire, une tradition vivante, profondément ancrée dans l'identité des Hauts-de-France.