12/26/2025 | News release | Distributed by Public on 12/26/2025 11:48
Dans un communiqué conjoint publié vendredi, sept rapporteurs spéciaux de l'ONU se disent « profondément préoccupés » par la dégradation rapide de l'état de santé des détenus. Selon eux, ces derniers se trouvent à un « risque critique » de complications graves, allant de la défaillance organique à des lésions neurologiques irréversibles, en passant par des troubles cardiaques pouvant être fatals.
« La grève de la faim est souvent une mesure de dernier recours pour des personnes qui estiment que leurs droits à manifester et à disposer d'un recours effectif ont été épuisés », soulignent les experts.
Les rapporteurs rappellent un principe central du droit international : le droit à la santé s'applique à toutes les personnes, y compris celles privées de liberté. Loin de s'atténuer dans le contexte carcéral, l'obligation de protection de l'État s'en trouve au contraire renforcée. « Le devoir de protection de l'État envers les personnes en grève de la faim est plus élevé, et non moindre », insistent-ils.
Or, selon les informations recueillies par les experts, les conditions de prise en charge médicale des grévistes soulèvent de sérieuses inquiétudes. Ils font état de retards dans l'accès aux soins, d'un usage jugé excessif de moyens de contention lors de traitements hospitaliers, de restrictions imposées aux contacts avec les proches et les avocats, ainsi que de l'absence d'un suivi médical indépendant et continu - une situation particulièrement préoccupante pour les personnes souffrant de pathologies préexistantes.
« Ces informations soulèvent de sérieuses interrogations quant au respect du droit international des droits humains, notamment des obligations de protéger la vie et de prévenir les traitements cruels, inhumains ou dégradants », avertissent-ils.
Les experts replacent ces grèves de la faim dans un environnement politique et juridique plus vaste, marqué, selon eux, par un durcissement des restrictions à l'égard de la mobilisation pro-palestinienne au Royaume-Uni. Ils rappellent avoir déjà alerté Londres sur l'utilisation de cadres antiterroristes pour encadrer, voire réprimer, des actes de protestation politique, ainsi que sur la criminalisation de formes de dissidence qu'ils estiment légitimes.
Ils expriment également leur préoccupation face à l'ampleur de la définition du terrorisme dans la législation britannique, à l'interdiction du réseau de protestation pro-palestinien Palestine Action en vertu de la loi antiterroriste de 2000, et aux arrestations et poursuites engagées pour un soutien présumé à ce mouvement.
« Ces grèves de la faim doivent être comprises dans le contexte plus large des restrictions imposées à l'activisme pro-palestinien au Royaume-Uni », soulignent-ils.
En conclusion, les rapporteurs appellent les autorités britanniques à garantir sans délai une prise en charge médicale adéquate pour l'ensemble des grévistes et à engager un dialogue réel afin de répondre à leurs revendications, comme aux violations présumées des droits fondamentaux.
« Les décès évitables en détention ne sont jamais acceptables. L'État porte l'entière responsabilité de la vie et du bien-être des personnes détenues », concluent-ils.
Gina Romero, rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d'association
Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale sur le droit à la jouissance du meilleur état de santé physique et mentale possible
Cecilia M. Bailliet, experte indépendante sur les droits de l'homme et la solidarité internationale
George Katrougalos, expert indépendant chargé de promouvoir un ordre international démocratique et équitable
Ben Saul, rapporteur spécial sur la protection des droits humains dans la lutte contre le terrorisme
Irene Khan, rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés
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* Les Rapporteurs spéciaux, experts indépendants et groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire. Ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.