12/06/2025 | Press release | Archived content
JUBA, le 6 décembre 2025 - La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, a clôturé aujourd'hui sa visite au Soudan du Sud en appelant le Gouvernement et la communauté internationale à intensifier leurs efforts pour protéger la vie des enfants face à l'escalade des conflits, aux chocs climatiques et aux déplacements de masse dans la nation la plus jeune du monde.
La visite de Catherine Russell a mis en évidence les besoins grandissants des enfants au Soudan du Sud. Plus de 2,1 millions d'enfants âgés de moins de 5 ans risquent de souffrir de malnutrition et 9,3 millions de personnes, soit les trois quarts de la population, dépendent de la fourniture d'une aide humanitaire vitale. En outre, l'afflux de quelque 1,3 million de réfugiés et de personnes rapatriées fuyant la guerre au Soudan a d'autant plus mis sous tension les services déjà limités d'approvisionnement en eau et en nourriture ainsi que les services médicaux au Soudan du Sud.
« Sous l'effet des conflits et des chocs climatiques à l'œuvre dans un contexte déjà précaire, la souffrance est en train de s'imposer aux enfants vivant au Soudan du Sud », a déclaré Catherine Russell, qui s'est rendue à Bentiu pour échanger avec les communautés déplacées en raison de la violence et des inondations. « J'ai discuté avec une mère qui, lorsque les inondations ont frappé, a fui son domicile avec ses enfants, dont son fils de 5 ans sévèrement malnutri, actuellement en convalescence. Le seul objet qu'elle a pu sauver des eaux est un collier ayant appartenu à son défunt père. C'est désormais son fils qui le porte en souvenir de son grand-père et de la vie qu'ils ont dû abandonner. »
Près de la moitié des filles au Soudan du Sud sont contraintes au mariage et 65 % des filles et des femmes (âgées de 15 à 64 ans) ont été victimes de violence. Catherine Russell a visité un centre qui leur offre un espace sûr.
« J'ai parlé avec des filles et des femmes qui ont subi des violences terribles. Deux d'entre elles m'ont avoué avoir pensé au suicide avant leur arrivée au centre soutenu par l'UNICEF », a-t-elle précisé. « Elles m'ont expliqué que les conseils et le soutien de leurs pairs qu'elles ont trouvés ici ont été une véritable bouée de sauvetage », a ajouté Catherine Russell.
Malheureusement, plus d'un tiers des espaces sûrs soutenus par l'UNICEF à l'intention des femmes et des enfants ont fermé leurs portes cette année en raison des coupes opérées dans les financements.
Catherine Russell a également rencontré des mères dont les enfants souffrent de malnutrition sévère. Deux enfants sur cinq sont exposés à un risque de malnutrition aiguë à l'échelle du pays, et plus particulièrement dans les régions ravagées par les inondations, les conflits et la violence. En raison de l'insécurité, les contraintes d'accès humanitaire ont augmenté de 25 % cette année, privant les communautés des fournitures dont elles ont besoin de toute urgence.
« Dans l'unique hôpital pédiatrique du pays, situé à Juba, j'ai vu des bébés et de jeunes enfants souffrant de malnutrition et de maladies entièrement évitables. C'était un véritable crève-cœur », a déclaré Catherine Russell. « Nous savons ce qu'il faut faire pour sauver ces enfants, et j'ai pu observer les efforts héroïques entrepris par les agents de santé à l'hôpital et au niveau communautaire. Si le Gouvernement et la communauté internationale accordent davantage d'attention à la situation et réalisent des investissements durables, nous pourrons sauver de nombreuses vies supplémentaires. »
La déscolarisation touche 2,8 millions d'enfants en âge d'aller à l'école, soit l'un des taux les plus élevés à l'échelle du globe. Dans plus de la moitié des écoles, on déplore le manque de classes sûres, d'enseignants qualifiés et d'installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement. La déscolarisation touche les filles de manière disproportionnée, souvent en raison d'un mariage forcé, de l'insécurité et de l'absence d'un milieu d'apprentissage sûr.
Investir dans l'éducation constitue un impératif moral, tout en jetant les bases les plus solides possible en faveur de la paix. L'éducation rompt le cycle de la pauvreté, fait reculer la violence et renforce la stabilité à long terme. Ce domaine doit être une cible prioritaire des investissements publics, non seulement dans le but de protéger les enfants d'aujourd'hui, mais aussi de doter la prochaine génération des moyens nécessaires pour reconstruire demain le Soudan du Sud.
« Les donateurs ont fait preuve de générosité au fil des années - un geste qui a grandement contribué à changer la vie des enfants et des familles », a déclaré Catherine Russell. « Outre l'urgence de rétablir une paix durable, l'heure est désormais venue pour le Gouvernement d'accroître les investissements nationaux en faveur des services essentiels pour les enfants du Soudan du Sud, qui constituent son atout majeur. »
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