12/28/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/27/2024 18:36
NEW YORK, le 28 décembre 2024 - En 2024, les répercussions des conflits armés sur les enfants à travers le monde ont atteint des niveaux dévastateurs et probablement sans précédent, d'après une nouvelle analyse de l'UNICEF des dernières données disponibles et des tendances mondiales actuelles.
Selon les estimations, le nombre d'enfants vivant dans des zones touchées par un conflit ou déplacés de force par la violence est plus élevé que jamais. Un nombre record d'enfants voient ainsi leurs droits bafoués et sont notamment tués ou blessés[1], déscolarisés, privés de vaccins vitaux ou atteints de malnutrition. Et ces chiffres sont encore voués à augmenter. Les conflits perturbent l'accès aux services essentiels, notamment à l'eau salubre, à la nourriture et aux soins de santé, et sont à l'origine de près de 80 % de la totalité des besoins humanitaires à travers le monde[2].
Alors que le monde n'avait jamais connu autant de conflits depuis la Seconde Guerre mondiale[3], plus de 473 millions d'enfants, soit plus d'un enfant sur six à travers la planète, vivent actuellement dans une zone touchée par un conflit[4]. Le pourcentage mondial d'enfants concernés a ainsi doublé, passant de 10 % dans les années 1990 à près de 19 % actuellement[5].
Fin 2023, 47,2 millions d'enfants étaient déplacés en raison d'un conflit ou de violences[6]. Les tendances de 2024 font état de déplacements supplémentaires provoqués par l'intensification des conflits, notamment dans l'État de Palestine, en Haïti, au Liban, au Myanmar et au Soudan. Les enfants constituent 30 % de la population mondiale, mais représentent environ 40 % des populations réfugiées et 49 % des populations déplacées à l'intérieur de leur pays[7]. En moyenne, la pauvreté touche plus d'un tiers de la population (34,8 %) dans les pays en situation de conflit contre à peine plus de 10 % dans les pays en paix[8].
« Au regard de la quasi-totalité des indicateurs, 2024 a été l'une des pires années de l'histoire de l'UNICEF pour les enfants pris au piège des conflits, tant en ce qui concerne le nombre d'enfants concernés que l'ampleur des répercussions de cette situation sur leur vie », affirme Catherine Russell, Directrice générale de l'UNICEF. « Un enfant qui grandit dans une zone de conflit est beaucoup plus susceptible d'être déscolarisé, atteint de malnutrition ou contraint de fuir de chez lui, et ce, à répétition, qu'un enfant vivant dans un pays en paix. Cela ne peut pas devenir la nouvelle norme. Nous ne pouvons pas permettre qu'une génération entière d'enfants devienne les victimes collatérales des guerres incontrôlées qui ravagent le monde. »
Selon les dernières données disponibles, qui datent de 2023, les Nations Unies ont vérifié 32 900 violations graves perpétrées à l'encontre de 22 557 enfants[9], des chiffres jamais observés depuis le début du suivi mandaté par le Conseil de sécurité. Alors que ces violations graves semblent s'intensifier dans le monde entier comme en attestent les milliers d'enfants tués à Gaza ou la vérification par l'ONU d'un nombre plus élevé de décès d'enfants durant les neuf premiers mois de 2024 que durant la totalité de l'année 2023 en Ukraine[10], il est fort probable que les chiffres de cette année augmentent encore.
La situation des femmes et des filles est particulièrement préoccupante au vu des signalements massifs de viols et de violences sexuelles dans les contextes touchés par des conflits. En Haïti, les signalements d'incidents de violences sexuelles contre les enfants ont augmenté de 1 000 % cette année[11]. Les enfants handicapés en proie à des situations de conflit armé tendent aussi à être exposés de manière disproportionnée à la violence et aux violations de leurs droits.
Les conflits ont en outre de graves répercussions sur l'éducation. D'après les estimations, plus de 52 millions d'enfants vivant dans un pays touché par un conflit seraient déscolarisés. Les enfants pris au piège dans la bande de Gaza, ainsi qu'une proportion considérable d'enfants au Soudan, ont ainsi raté plus d'une année scolaire, tandis que des millions d'enfants n'ont pas accès à l'apprentissage dans des pays tels que l'Ukraine, la République démocratique du Congo et la Syrie à la suite de la destruction, de l'endommagement ou de la réaffectation de leur école. La destruction des infrastructures éducatives et l'insécurité aux abords des écoles ont exacerbé les problèmes d'éducation rencontrés par les enfants vivant dans ces régions, où la situation était déjà critique.
La malnutrition chez les enfants dans les zones de conflit atteint également des niveaux alarmants tandis que les guerres et les violences armées continuent d'être les principales causes de la faim dans de nombreuses zones sensibles, perturbant les systèmes alimentaires, forçant les populations à se déplacer et obstruant l'accès humanitaire. Au Soudan, par exemple, des conditions de famine ont été établies dans le Darfour du Nord pour la première fois depuis 2017. En 2024, plus d'un demi-million de personnes réparties dans cinq pays touchés par un conflit seraient concernées par la phase 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire*, soit la situation d'insécurité alimentaire la plus extrême.
Les conflits ont des répercussions catastrophiques sur l'accès des enfants aux soins de santé vitaux. Environ 40 % des enfants non vaccinés ou insuffisamment vaccinés vivent dans un pays partiellement ou entièrement touché par un conflit[12]. Ces enfants sont souvent les plus vulnérables aux flambées de maladies telles que la rougeole et la poliomyélite, en raison des perturbations subies par les services de sécurité, de nutrition et de santé et du manque d'accès à ces derniers.
Les conflits ont également des effets dévastateurs sur la santé mentale des enfants. L'exposition à la violence, aux destructions et à la perte d'êtres chers peut provoquer des dépressions, des cauchemars et des troubles du sommeil, de l'agressivité ou un repli sur soi ainsi que de la tristesse et de la peur, entre autres réactions.
L'année 2024 s'inscrit de surcroît comme l'année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires avec 281 décès à travers le monde[13].
« Les enfants dans les zones de guerre doivent lutter au quotidien pour survivre et n'ont pas d'enfance », déplore Catherine Russell. « Leurs écoles sont bombardées, leurs maisons détruites et leurs familles dispersées. En plus de les priver de sécurité et de les empêcher d'accéder aux produits dont ils ont besoin pour vivre, cette situation leur ôte la possibilité de jouer, d'apprendre et d'avoir une enfance normale. Le monde manque à tous ses devoirs envers ces enfants. En 2025, il est impératif que nous redoublions d'efforts pour inverser la tendance, et sauver et améliorer des vies. »
L'UNICEF appelle l'ensemble des parties au conflit, ainsi que l'ensemble des acteurs qui exercent une influence sur elles, à prendre des mesures décisives pour mettre un terme à la souffrance des enfants, pour veiller au respect de leurs droits et pour remplir les obligations mises à leur charge par le droit humanitaire international.
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[1] Rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés
[2] Groupe de la Banque mondiale, Stratégie du Groupe de la Banque mondiale : Fragilité, conflits et violence 2020-2025, Banque mondiale, février 2020
[3] PRIO
[4] Indice mondial de la paix
[5] PRIO
[6] https://data.unicef.org/topic/child-migration-and-displacement/displacement/
[7] Rapport sur les tendances mondiales du HCR
[8] https://www.undp.org/libya/press-releases/11-billion-people-live-multidimensional-poverty-nearly-half-billion-these-live-conflict-settings
[9] https://childrenandarmedconflict.un.org/2024/06/2023-alarming-levels-of-violence-inflicted-on-children-in-situation-of-armed-conflict
[10] https://www.unicef.org/press-releases/unicef-executive-director-catherine-russells-remarks-united-nations-security-0
[11] https://www.unicef.org/press-releases/remarks-unicef-executive-director-catherine-russell-ecosoc-special-session-haiti
[12] https://www.unicef.org/fr/vaccination/vaccination-et-conflit
[13] https://www.unocha.org/news/un-relief-chief-decries-bullets-and-bombs-against-aid-workers