Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

10/28/2025 | Press release | Archived content

Entretien de Nicolas Forissier, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, avec « Public[...]

Q - Bonjour Nicolas Forissier.

R - Bonjour.

[…]

Q - Hier, l'Assemblée nationale a adopté une mesure alourdissant la contribution exceptionnelle des grandes entreprises. C'est une mesure qui devrait rapporter six milliards d'euros dans les caisses de l'État. Est-ce que cela risque de plomber la compétitivité de la France, comme l'a dit le président du MEDEF, Patrick Martin ?

R - On est clairement dans un pays où la fiscalité est au maximum, je l'ai toujours dit, c'est-à-dire que je reste attaché aux valeurs de ma famille politique. Après, nous sommes dans une situation exceptionnelle, où il faut trouver des mesures exceptionnelles, temporaires, pour contribuer à redresser la situation des finances publiques. Parce que le plus grand danger, ce n'est pas tant les 6,5 milliards sur les grandes entreprises et la contribution quelque part un peu exceptionnelle, sur deux ou trois ans des grandes entreprises, c'est que nous n'ayons pas de budget, que nous ayons un shutdown, comme disent les Américains, que nous ayons un blocage, et ça nous coûterait extrêmement cher, et notamment en termes d'augmentation de la charge de la dette…

Q - Mais vous qui êtes ministre en charge de ce dossier…

R - Il y a des choix à faire.

Q - Oui, vous êtes ministre en charge de ce dossier, est-ce que ça risque de dissuader certains investisseurs, entrepreneurs de venir en France ?

R - Je pense que les investisseurs, on les a encore rencontrés, beaucoup de fonds internationaux qui étaient à Paris la semaine dernière, ils regardent les choses dans la durée. Évidemment, ils souhaitent que la stabilité revienne, c'est d'ailleurs le principal critère, et encore une fois, c'est plus important à mon sens que les mesures ponctuelles qui peuvent être prises dans ce budget pour essayer de passer le cap. Ils veulent la durée. Ils regardent le fait aussi que la France est un pays où il y a des équipements de très haut niveau, une formation de très haut niveau, des ingénieurs remarquables, des innovations.

Q - Donc les taxes, ça compte moins ?

R - C'est un ensemble. Ce n'est pas pour rien que nous sommes, pour la sixième année, les premiers destinataires en Europe et loin devant, en nombre de projets, des investissements directs étrangers.

Q - Donc vous ne dites pas aux députés aujourd'hui, bon, allez-y un peu plus mollo sur la taxation.

R - Oui, bien sûr, il faut trouver encore, je l'ai dit depuis le début, un équilibre entre les désirs des uns et les autres. Le plus important, c'est que cet équilibre permette de stabiliser la situation, je me répète. Vous savez, il n'y a pas que les grandes entreprises. Encore une fois, tous mes concitoyens, dans tous les déplacements que je fais, et évidemment dans mon territoire, sont totalement attachés à ça.

[…]

Q - On parle beaucoup du déficit de notre commerce extérieur et de notre balance commerciale. Vous avez des prévisions pour les mois qui viennent ? Je regardais, on accuse un trou de 43 milliards d'euros sur le premier semestre 2025 en ce qui concerne notre balance commerciale. Qu'est-ce qui va se faire dans les semaines et mois qui viennent ?

R - Ça dépend des contrats qui sortent, qui sont inscrits, on est à peu près dans la moyenne de l'année dernière. Il est clair que la France est en déficit de sa balance commerciale, mais pas globale, parce que je rappelle que la balance des services, elle est extrêmement bénéficiaire.

Q - C'est la balance courante, c'est ça ?

R - Là, le déficit commercial, c'est la balance des biens, consommation, industrielle, etc. Mais quand vous rajoutez les services, par exemple le tourisme dont vous parliez, en fait la France est plutôt excédentaire globalement. Ce qui est clair, c'est que sur la balance des biens, la balance commerciale, on est en déficit depuis des années. C'est un problème lié à la compétitivité de nos entreprises. C'est aussi lié au fait que nous sommes dépendants d'un certain nombre de produits et je pense notamment à l'énergie. Moi, il y a un sujet qui me préoccupe parmi d'autres, y compris au regard de ma vie politique et de mes engagements, y compris locaux, c'est la balance agricole et agroalimentaire qui aujourd'hui, l'excédent qui était traditionnel, qui était important, devient un déficit ou risque de l'être de façon durable si on ne fait rien. Donc on va mettre l'accent sur ce secteur.

Q - On ne vous sent pas particulièrement inquiet, notamment par rapport aux conséquences de ce budget. La France, vous dites que la France aujourd'hui va bien, elle ira encore mieux demain ? Malgré tout ce qu'on peut entendre dans les médias et les politiques ces dernières semaines.

R - Quand on se déplace beaucoup, ce qui est mon cas, et je le faisais avant d'être au Gouvernement, dans le cadre de mes fonctions, on s'aperçoit quand même que la France n'est pas un pays qui va si mal que ça. Alors évidemment on a de gros défauts. Évidemment il y a une tension sociale, un débat qui est assez vif, il y a une très forte inquiétude dans l'opinion qui, du coup, aboutit à augmenter cette tension. Mais la France est un pays qui néanmoins reste attractif, je l'ai dit, pour les investisseurs, qui est moderne, qui est regardé à l'étranger avec une forme d'admiration. Aujourd'hui, cette admiration à l'étranger, elle se double d'étonnement. Très souvent, on entend « mais pourquoi ils sont comme ça ? Ils ont tellement d'atouts dans ce pays ». Donc moi, je crois que ce que veut faire d'ailleurs Sébastien Lecornu, et la mission qu'il nous a donnée, c'est de redire un peu plus de vérité, de les mettre sur la table, d'apaiser le débat, de stabiliser les choses et de continuer le boulot. Moi, c'est ma mission en matière de commerce extérieur ou d'attractivité, c'est-à-dire aider les entreprises à aller plus dans le monde, à vendre plus, parce que c'est de l'emploi après dans nos territoires, et dans le même temps essayer de trouver plus de projets qui sont des investissements, notamment industriels, et donc de l'emploi dans nos territoires.

[…]

Q - Merci beaucoup d'avoir répondu aux questions de Public Sénat.

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