01/24/2025 | Press release | Distributed by Public on 01/24/2025 12:18
Réagissant à la demande de mandats d'arrêt présentée le 23 janvier 2025 par le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre le chef suprême des talibans Haibatullah Akhundzada et le président de la Cour suprême talibane Abdul Hakim Haqqani, soupçonnés du crime contre l'humanité de persécution liée au genre en Afghanistan, Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, a déclaré :
« L'annonce du procureur de la CPI est une avancée importante qui donne espoir aux femmes, filles et personnes persécutées en raison de leur identité ou expression de genre, comme les membres de la communauté LGBTQI, d'Afghanistan, dans le pays comme à l'étranger. C'est une avancée majeure pour amener à rendre des comptes toutes les personnes accusées d'être responsables de la privation fondée sur le genre du droit à l'éducation, du droit de circuler librement, du droit à la liberté d'expression, du droit à la vie privée et à la vie de famille, du droit à la liberté de réunion et du droit à l'intégrité et l'autonomie physique. Amnesty International appelle également la communauté internationale à reconnaître l'apartheid fondé sur le genre comme un crime de droit international, afin de renforcer les initiatives visant à lutter contre les régimes institutionnalisés d'oppression et de domination systématiques imposés pour des motifs liés au genre.
L'annonce du procureur de la CPI est une avancée importante qui donne espoir aux femmes, filles et personnes persécutées en raison de leur identité ou expression de genre, comme les membres de la communauté LGBTQI, d'Afghanistan, dans le pays comme à l'étranger.
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International« Le procureur a reconnu que ces accusations ne reflètent qu'une fraction de la persécution imposée à une grande partie de la population en Afghanistan depuis plus de deux ans. Il incombe à la CPI et à l'ensemble de la communauté internationale de renforcer considérablement de toute urgence les efforts en vue de lutter contre la persécution fondée sur le genre et les autres crimes de droit international commis en Afghanistan, où il est urgent de garantir l'accès à la justice.
« Nous appelons instamment le procureur de la CPI à élargir également ses enquêtes en Afghanistan afin d'inclure toutes les graves atteintes aux droits humains commises à partir de mai 2003 qui constituent des crimes de droit international, notamment les exécutions extrajudiciaires, les actes de torture et autres mauvais traitements, les arrestations et détentions arbitraires, les disparitions forcées, les massacres de civil·e·s et les attaques systématiques et généralisées en cours contre la minorité hazara et les minorités religieuses, perpétrés par État islamique-Province du Khorassan.
« Amnesty International appelle également le procureur de la CPI à revenir sur sa décision de 2021 de ne plus accorder la priorité aux enquêtes sur les crimes de guerre présumés commis par l'armée américaine, le personnel de la CIA et d'autres forces internationales qui étaient présentes dans le pays et les anciennes forces de sécurité gouvernementales. La décision risque de contribuer aux perceptions d'approche sélective de la justice internationale qui donne la priorité aux intérêts des États puissants et leurs alliés par rapport au droit à la justice des victimes de crimes de droit international.
Complément d'information
Le 23 janvier 2025, le bureau du procureur de la CPI a publié une déclaration annonçant des demandes de mandats d'arrêt concernant la situation en Afghanistan. Les demandes de mandats d'arrêt présentées par le procureur seront étudiées par les juges de la Chambre préliminaire de la CPI, qui détermineront s'il existe des motifs raisonnables de penser que les personnes nommées ont commis les crimes présumés. Le bureau du procureur a également déclaré que des enquêtes sont en cours. Aussi, de futures demandes, tant pour d'autres personnes que pour d'autres crimes présumés, pourraient suivre.
En 2023, Amnesty International a publié un rapport intitulé La guerre des talibans contre les femmessur le crime contre l'humanité de persécution fondée sur le genre contre les femmes et les filles en Afghanistan. Le rapport de 2022 intitulé Death in Slow Motion:Women and Girls Under Taliban Ruleprésente également les attaques généralisées, systématiques et délibérées des talibans contre les droits des femmes, ainsi que leur recours à la torture, à d'autres mauvais traitements et à des disparitions forcées. Les restrictions discriminatoires des droits des femmes et des filles affectent tous les aspects de leur vie et sont institutionnalisées par les politiques, décisions et lois des talibans.
L'Afghanistan avait fait l'objet d'un examen préliminaire du procureur de la CPI entre 2007 et 2017. En 2022, le procureur a repris son enquête sur la situation en Afghanistan après que la CPI a conclu qu'aucune véritable enquête n'avait été menée à l'échelle nationale. Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont détruit toutes les voies d'accès à un procès équitable et ont aboli la Constitution et les lois en vigueur avant leur retour.
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