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10/01/2024 | Press release | Archived content

Le manque de coopération dans le domaine de l’eau compromet la résilience aux catastrophes naturelles (UNESCO et CEE-ONU)

Communiqué de presse

Le manque de coopération dans le domaine de l'eau compromet la résilience aux catastrophes naturelles (UNESCO et CEE-ONU)

Un nouveau rapport de l'UNESCO et de la CEE-ONU alerte sur le manque d'accords internationaux pour la gestion des cours d'eau, des lacs et des aquifères partagés, et appelle les pays à coopérer de toute urgence. La lenteur des progrès réalisés dans ce domaine risque de retarder la mise en place des stratégies communes nécessaires pour faire face à l'impact croissant des sécheresses et des inondations dues au dérèglement climatique.
© UNESCO / Guy Broucke
1 octobre 2024
Dernière mise à jour11 octobre 2024

Aujourd'hui, 153 pays dépendent d'eaux dites transfrontalières, qui traversent d'autres pays ou s'y déversent. Pourtant, selon un nouveau rapport de l'UNESCO et de la CEE-ONU, seuls 28 % d'entre eux ont conclu des accords de cogestion opérationnels couvrant la majeure partie de ces eaux riches en ressources vitales[1]. Le rapport indique également que, si les tendances actuelles persistent, d'ici à 2030 à peine un tiers de ces 153 pays auront mis en place des accords de cogestion opérationnels.

Ce n'est qu'en coopérant avec leurs voisins, en amont et en aval, que les pays pourront gérer efficacement leurs eaux partagées et atténuer l'impact des inondations et sécheresses qui sont exacerbées par le dérèglement du climat et de la biodiversité. L'augmentation du nombre d'accords conclus depuis 2017, grâce au soutien continu de l'UNESCO, représente un progrès. Mais c'est encore insuffisant. J'appelle nos États membres à redoubler d'efforts pour gérer durablement ces ressources essentielles, dont la raréfaction croissante affecte considérablement nos sociétés.

Audrey AzoulayDirectrice générale de l'UNESCO

L'essor de la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières montre que nous allons dans la bonne direction, mais il faudra intensifier nos efforts en matière de gestion concertée de l'eau pour faire face à l'aggravation de la crise climatique qui affecte les pays du monde entier. Plus d'une centaine d'accords de coopération transfrontalière ont été conclus depuis l'entrée en vigueur, en 1996, de la Convention des Nations Unies sur l'eau, dont la CEE-ONU assure le secrétariat, et j'encourage tous les gouvernements à ratifier ce traité pour rejoindre cette communauté mondiale en plein expansion.

Tatiana MolceanSecrétaire exécutive de la CEE-ONU

Le rapport souligne que la coopération est plus forte dans les bassins fluviaux et lacustres que dans les aquifères. Près de 41 %[2]des pays disposant de cours d'eau et de lacs partagés ont conclu des accords opérationnels pour gérer la majeure partie de leurs eaux transfrontalières, contre 25 %[3]de ceux disposant d'aquifères partagés.

Une coopération plus forte en Afrique subsaharienne, en Europe et en Amérique du Nord

Le rapport signale une amélioration de la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières : en 2017, seuls 23 pays (soit 15 %) cogéraient la majeure partie de leur bassins transfrontaliers contre 43 (soit 28 %) en 2023. L'Europe, l'Amérique du Nord et l'Afrique subsaharienne détiennent les niveaux de coopération les plus élevés : dans ces régions, 39 pays sur 84 (soit 46 %) disposent d'accords opérationnels pour cogérer la majeure partie de leurs bassins transfrontaliers. En Afrique subsaharienne, le nombre de pays dont la coopération est très forte a été multiplié par cinq, passant de 3 en 2017 à 16 en 2023. Dotée d'organismes en charge des bassins, l'Afrique subsaharienne dispose d'une longue tradition de coopération transfrontalière. De récents projets dans la région ont permis de mettre en place des systèmes de coopération durables impliquant les autorités locales, les scientifiques et les communautés autochtones.

À titre d'exemple, dans la cadre du projet mené au lac Tchad, le soutien de l'UNESCO a permis de restaurer des écosystèmes dégradés et de mettre en place des dispositifs d'alerte rapide pour détecter les premiers signes de sécheresses et surveiller la détérioration de la qualité de l'eau. Ce dispositif, cogéré par huit pays, profite aujourd'hui à des millions de personnes, grâce notamment à la production durable de spiruline, une plante aquatique riche en protéines. Le Cameroun, le Nigeria, et le Tchad, qui bordent le lac Tchad, ont tous trois adhéré à la Convention sur l'eau des Nations Unies afin de favoriser la gestion commune de ce bassin.

Coopérer pour atténuer l'impact du dérèglement climatique

Le dérèglement climatique fait peser de lourdes menaces sur ces régions, telles que la réduction de l'accès à l'eau potable et sa disponibilité ainsi que l'augmentation du risque de maladies transmises par l'eau. Selon le rapport de l'UNESCO et de la CEE-ONU, même si les pays ont fourni des efforts considérables pour lutter contre le dérèglement climatique et réduire les risques de catastrophe liées aux eaux de surface, un travail et une coopération accrus sont nécessaires.

Pour près des deux tiers des bassins fluviaux et lacustres transfrontaliers, l'adaptation au climat est gérée au sein d'instances conjointes. Toutefois, aujourd'hui, seuls 14 % d'entre eux bénéficient d'une stratégie concrète pour relever ce défi, et seuls 20 % ont une stratégie commune de réduction des risques de catastrophe.

Le rapport note également que la coopération en matière d'atténuation des inondations, qui jouit d'une longue tradition de coopération transfrontalière, est plus avancée celle qui concerne la sécheresse. Parmi les bassins fluviaux et lacustres dotés d'accords opérationnels, 50 % disposent aujourd'hui de systèmes d'alerte coordonnés en cas d'inondations, contre seulement 30 % en cas de sécheresse.

[1]On considère que les pays cogèrent « la majeure partie » de leurs bassins transfrontaliers lorsqu'ils ont conclu des accords opérationnels couvrant au moins 90 % de ces zones.

[2]Soit 60 pays sur les 148 qui partagent des rivières et des lacs transfrontaliers.

[3]Soit 37 pays sur les 147 qui partagent des aquifères transfrontaliers.

À propos de l'UNESCO

Avec 194 États membres, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture contribue à la paix et à la sécurité en promouvant la coopération multilatérale dans les domaines de l'éducation, de la science, de la culture, de la communication et de l'information. L'UNESCO coordonne un réseau de plus de 2000 sites inscrits au patrimoine mondial, de réserves de biosphère et de géoparcs mondiaux ; de plusieurs centaines de villes créatives, apprenantes, inclusives et durables ; et de plus de 13 000 écoles associées, chaires universitaires, centres de formation et de recherche. Basée à Paris, l'Organisation dispose de bureaux dans 54 pays et emploie plus de 2 300 personnes. Sa Directrice générale est Audrey Azoulay.

« Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » - Acte constitutif de l'UNESCO, 1945.

Plus d'information : www.unesco.org

À propos de la CEE-ONU

La Commission économique des Nations unies pour l'Europe (CEE-ONU), créée en 1947, est l'une des cinq commissions régionales des Nations unies. Parmi les cinq accords multilatéraux sur l'environnement négociés sous les auspices de la CEE-ONU figure la Convention de 1992 sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux, connue sous le nom de Convention de l'ONU sur l'eau. La Convention, dont le secrétariat est assuré par la CEE-ONU, constitue un cadre juridique et intergouvernemental mondial unique pour la gestion durable des ressources en eau partagées. Depuis 2016, la Convention est ouverte à l'adhésion de tous les États membres des Nations Unies et compte aujourd'hui 55 Parties dans le monde, avec plus de 20 pays en cours d'adhésion.

Plus d'informations : https://unece.org/

À propos du rapport

Le rapport « Progrès en matière de coopération dans le domaine des eaux transfrontières : évaluation intermédiaire de l'indicateur ODD 6.5.2 axée sur le changement climatique - 2024 » a été rédigé par l'UNESCO et la CEE-ONU en tant qu'agences co-responsables de l'indicateur ODD 6.5.2 et en coopération avec ONU-Eau.

Pour en savoir plus : https://www.unwater.org/our-work/integrated-monitoring-initiative-sdg-6/indicator-652-proportion-transboundary-basin-area

Contacts presse

François WIBAUX, [email protected], +33 (0)1 45 68 07 46

Thomas CROLL-KNIGHT, [email protected]

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