11/04/2025 | News release | Distributed by Public on 11/04/2025 15:26
Si la situation alimentaire s'est légèrement améliorée dans les zones où les combats se sont apaisés, la famine s'est installée dans les régions toujours assiégées ou privées d'aide humanitaire, selon la dernière évaluation du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un groupe d'experts internationaux faisant autorité en matière de sécurité alimentaire et soutenu par l'ONU.
Des conditions de famine ont ainsi été confirmées à El Fasher, la capitale du Darfour du Nord, dans l'ouest soudanais, et à Kadougli, la capitale du Kordofan du Sud, dans le sud du pays. Ces deux villes importantes ont subi pendant plus d'an un siège de la part des Forces de soutien rapide (FSR), milice paramilitaire en guerre contre l'armée régulière. « Leurs habitants ont enduré des mois sans accès fiable à la nourriture ni aux soins médicaux », ont indiqué dans un communiqué commun l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'UNICEF.
Face à la gravité de la situation, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a appelé mardi à un cessez-le-feu immédiat, alors que circulent en ligne des images alarmantes de massacres présumés à El Fasher et dans d'autres localités.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il a exhorté les forces armées soudanaises et les FSR « à s'asseoir à la table des négociations pour mettre fin à ce cauchemar de violence ».
La guerre civile entre ces deux factions rivales, déclenchée en avril 2023, a plongé le pays dans une catastrophe humanitaire majeure. La semaine dernière, El Fasher, dernier bastion gouvernemental au Darfour Nord, est tombée aux mains des FSR après plus de cinq cents jours de siège. Des centaines de civils, dont des travailleurs humanitaires, auraient été tués en quelques jours, et des milliers d'autres restent piégés derrière les barricades.
Selon l'analyse de l'IPC, plus de 21 millions de personnes - soit 45 % de la population soudanaise - font face à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë. Ce chiffre traduit une légère amélioration : près de 3,4 millions de personnes sont sorties des niveaux de crise.
Cette embellie reste toutefois très limitée et concentrée dans trois États - Khartoum, Al Jazirah et Sennar - où la violence a reculé et où certaines familles ont commencé à rentrer.
« Mais ces avancées demeurent limitées », préviennent les agences onusiennes. « La crise plus large a anéanti l'économie et les services essentiels ; une grande partie des infrastructures dont dépendent les populations a été endommagée ou détruite ».
Des conditions agricoles plus favorables pourraient, à court terme, réduire le nombre de personnes en crise alimentaire à un peu plus de 19 millions d'ici janvier 2026. Mais ces progrès sont « fragiles et très localisés » : de nombreuses familles revenues à Khartoum ou à Al Jazirah ont tout perdu et peineront à bénéficier des récoltes.
Dans l'ouest du pays, notamment au Darfour et au Kordofan, les combats se poursuivent. La faim devrait repartir à la hausse à partir de février, lorsque les stocks alimentaires seront épuisés.
Outre El Fasher et Kadugli, l'IPC indique que la famine pourrait également sévir à Dilling, dans le Kordofan du Sud, sans pouvoir le confirmer formellement - conséquence de l'accès humanitaire restreint et des hostilités persistantes.
Dans les monts Nouba, la situation s'est légèrement améliorée, mais le risque de famine demeure tant que l'accès humanitaire n'est pas élargi. L'IPC identifie par ailleurs un risque de famine dans une vingtaine d'autres zones du Darfour et du Kordofan, y compris dans des camps de déplacés.
Les taux de malnutrition aiguë atteignent quant à eux des niveaux alarmants : entre 38 % et 75 % à El Fasher et près de 30 % à Kadugli. Ces chiffres s'ajoutent à la recrudescence du choléra, du paludisme et de la rougeole dans des régions où les systèmes de santé, d'eau et d'assainissement se sont effondrés.