IMF - International Monetary Fund

04/08/2025 | Press release | Distributed by Public on 04/08/2025 14:58

Le conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2025 au titre de l’article IV et la troisième revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la[...]

le 8 avril 2025

Washington. Le 17 mars 2025, le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations de 2025[1] au titre de l'article IV avec le Maroc et a achevé la troisième revue au titre de l'accord sur la facilité pour la résilience et la durabilité, qui a été approuvé en septembre 2023 (voir PR 23/327). L'achèvement de la troisième revue ouvre la voie au décaissement de 375 millions de DTS (environ 496 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre de l'accord à 937,5 millions de DTS (environ 1,24 milliard de dollars).

En 2024, l'économie marocaine a bien résisté à une nouvelle année de sécheresse. La vigueur de la demande intérieure a aidé à compenser la faiblesse de la production agricole, et l'activité économique n'a que légèrement ralenti en 2024 pour s'établir à 3,2 %. Le déficit courant s'est quelque peu creusé, tandis que le chômage est resté élevé à environ 13 %, principalement en raison des pertes d'emplois dans le secteur agricole. La croissance du PIB devrait s'accélérer pour s'établir à environ 3,7 % dans les prochaines années, stimulée par une nouvelle série de projets d'infrastructure et par la poursuite de la mise en œuvre du programme de réformes structurelles.

L'inflation a ralenti en 2024, principalement en raison de l'atténuation des effets des chocs sur l'approvisionnement. Ce résultat a incité Bank Al-Maghrib (BAM) à abaisser son taux directeur à deux reprises en juin et en décembre. Le dirham a continué à évoluer dans sa bande de fluctuation de ±5 %.

Le déficit budgétaire de l'administration centrale s'est résorbé au-delà de ce qui était envisagé par la loi de finances 2024. Le déficit global pour 2024 a terminé à 4,1 % du PIB, à savoir 0,2 % du PIB en moins que projeté dans la loi de finances 2024, grâce notamment à des recettes fiscales plus élevées que prévu, qui compensent largement la hausse des dépenses. La réforme de la loi organique relative aux lois de finances prévoit l'introduction d'une nouvelle règle budgétaire basée sur un ancrage de la dette à moyen terme.

La mise en œuvre du programme de réformes structurelles annoncé s'est poursuivie. De nouvelles mesures ont été prises pour restructurer les entreprises publiques, rendre opérationnel le Fonds Mohammed VI pour l'investissement et appliquer la nouvelle charte de l'investissement.

Le Maroc continue de progresser dans l'amélioration de sa résilience face au changement climatique dans le cadre de l'accord FRD. Les mesures prises dans le cadre de la troisième et dernière revue de l'accord au titre de la FRD visent à mieux protéger les ressources en eau souterraines, à préparer le terrain avant une éventuelle modification de la tarification de l'eau, à améliorer le cadre réglementaire du marché de l'électricité afin d'encourager la production d'énergie renouvelable par le secteur privé et à renforcer la résilience des systèmes budgétaire et financier face aux risques liés au changement climatique.

À l'issue des délibérations du conseil d'administration sur le Maroc, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :

« L'économie marocaine continue à faire preuve de résilience face aux chocs négatifs, ce qui témoigne de la très grande solidité des politiques et des cadres économiques du pays. Malgré la persistance de la sécheresse, l'activité économique n'a ralenti que modestement pour s'établir à 3,2 % en 2024, contre 3,4 % en 2023, grâce à une demande intérieure dynamique. La croissance du PIB devrait s'accélérer pour s'établir à environ 3,7 % dans les prochaines années, stimulée par le début d'un nouveau cycle de projets d'infrastructure et par la poursuite de la mise en œuvre du programme de réformes structurelles. Ces réformes sont essentielles à une croissance plus vigoureuse, plus résiliente, plus créatrice d'emplois et plus inclusive.

L'accord au titre de la FRD s'achève avec la mise en œuvre de six des sept mesures prévues pour la troisième et dernière revue. Ces mesures permettront d'améliorer la gestion des ressources limitées en eau, de libéraliser davantage le secteur de l'électricité et de répondre aux risques climatiques qui menacent la stabilité des finances publiques et du système financier. L'instauration progressive de la taxe carbone n'a pas été mise en œuvre car les autorités ont besoin de procéder à une analyse plus approfondie de ses effets et mener des consultations plus poussées avec les parties prenantes publiques et privées ».

Évaluation par le conseil d'administration [2]

Les administrateurs souscrivent à l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se réjouissent de la résilience de l'économie marocaine face à une conjoncture intérieure et extérieure difficile, s'appuyant sur des politiques et des cadres institutionnels solides et la poursuite des réformes structurelles. Alors que les perspectives économiques demeurent très incertaines, la poursuite de politiques macroéconomiques prudentes et de la mise en œuvre des réformes structurelles devraient soutenir l'activité économique.

Les administrateurs saluent l'engagement pris par les autorités à rééquilibrer les finances publiques ainsi que l'amélioration du cadre budgétaire. Constatant une mobilisation des recettes remarquable et supérieure aux attentes grâce aux réformes passées, ils incitent les autorités à épargner au moins une partie des recettes exceptionnelles et à mettre en œuvre d'autres mesures structurelles afin d'accroître les recettes et de rationaliser les dépenses. Elles pourront ainsi reconstituer plus rapidement les réserves budgétaires et mieux se prémunir contre les risques. Les administrateurs saluent l'intention des autorités de soutenir l'expansion des investissements du secteur privé à l'aide de la nouvelle charte de l'investissement et de recourir davantage aux partenariats public-privé pour atteindre les objectifs d'investissement élevés du pays. Ils conseillent aux autorités de consigner les implications budgétaires et les risques liés à ces stratégies dans le cadre budgétaire à moyen terme. Les administrateurs notent aussi avec satisfaction que les autorités sont déterminées à introduire une nouvelle règle budgétaire basée sur un ancrage de la dette à moyen terme afin de renforcer le cadre budgétaire.

Les administrateurs souscrivent à l'orientation de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib et à la nécessité d'une conduite prudente et en fonction des données disponibles. Ils conviennent globalement que la banque centrale devrait tirer parti de la stabilisation attendue des pressions inflationnistes pour reprendre la transition prévue vers une stratégie de ciblage de l'inflation et pour procéder avec prudence à l'abandon du ciblage du taux de change, si les conditions s'y prêtent.

Les administrateurs saluent les progrès réalisés par le Maroc dans l'harmonisation de son cadre de surveillance et de réglementation financières avec les normes internationales. Compte tenu des risques liés aux prêts improductifs et à la concentration bancaire, ils proposent la mise en place d'un marché secondaire pour les prêts improductifs et saluent la demande faite par les autorités d'une mise à jour du PESF.

Les administrateurs louent la détermination des autorités à mettre en œuvre le programme de réformes structurelles afin de promouvoir une croissance plus créatrice d'emplois et tirée par le secteur privé. Il faudrait améliorer davantage le climat des affaires, intensifier la concurrence sur le marché, notamment par une réforme des entreprises publiques et par une réduction de leur présence en dehors des secteurs stratégiques, et poursuivre la lutte contre la corruption.

Les administrateurs félicitent les autorités des résultats solides obtenus dans le cadre de l'accord FRD, avec notamment des réformes importantes dans les secteurs de l'eau et de l'énergie. Notant que d'importantes mesures ont déjà été prises pour instaurer une taxe carbone, les administrateurs prennent acte de la décision des autorités de reporter son lancement afin de procéder à des analyses d'impact et consultations supplémentaires. Les administrateurs soulignent également les progrès à accomplir dans la définition du cadre réglementaire de la production d'énergie renouvelable et dans l'amélioration de la capacité du réseau pour assurer la participation du secteur privé.

Les prochaines consultations au titre de l'article IV avec le Maroc devraient avoir lieu conformément au cycle habituel de 12 mois.

Maroc : principaux indicateurs économiques, 2020-30

Population : 36,8 millions (en 2024)

PIB par habitant : 3 817 dollars (en 2023)

Quote-part : 894,4 millions DTS

Taux de pauvreté : 4,8 % (en 2013)

Principales exportations : automobiles, phosphate et produits dérivés (2023)

Principaux marchés à l'exportation : France et Espagne (42 % de l'ensemble des échanges commerciaux) ; 2023

2020

2021

2022

2023

2024

2025

2026

2027

2028

2029

2030

Proj.

Production (variation annuelle en %)

Croissance du PIB réel

-7,2

8,2

1,5

3,4

3,2

3,9

3,7

3,6

3,6

3,6

3,6

Croissance du PIB réel, hors agriculture

-7,2

7,0

3,2

3,6

4,1

3,7

3,7

3,7

3,7

3,7

3,7

Emploi (en %)

Chômage

11,9

12,3

11,8

13,0

13,3

13,2

12,9

12,4

12,1

11,9

11,8

Prix

Inflation (fin de période)

-0,3

3,2

8,3

3,4

0,7

2,1

2,2

2,2

2,1

2,0

2,0

Inflation (moyenne de la période)

0,7

1,4

6,6

6,1

0,9

2,2

2,3

2,2

2,1

2,0

2,0

Finances de l'administration centrale (en % du PIB) 1/

Recettes

27,0

25,1

28,4

27,9

30,1

30,4

29,4

28,1

28,1

28,1

28,1

Dépenses

34,1

31,0

33,8

32,3

34,2

34,3

32,8

31,4

31,3

31,2

31,2

Solde budgétaire

-7,1

-5,9

-5,4

-4,5

-4,1

-3,9

-3,4

-3,3

-3,2

-3,1

-3,1

Dette publique

72,2

69,4

71,5

69,5

70,0

68,9

67,7

66,8

66,2

65,6

65,1

Masse monétaire et crédit (variation annuelle en %)

Monnaie au sens large

8,4

5,1

8,0

4,0

7,9

4,6

4,6

4,6

4,6

4,6

4,6

Créances à l'économie 2/

4,9

3,8

7,1

5,3

6,9

4,5

4,1

4,2

4,2

4,2

4,2

Balance des paiements

Compte des transactions courantes (en % du PIB)

-1,2

-2,3

-3,5

-0,6

-1,5

-2,0

-2,2

-2,6

-2,9

-3,1

-3,3

Exportations de biens (en dollars, variation annuelle en %)

-4,4

34,4

15,1

-0,5

8,6

6,6

7,3

6,9

6,8

6,7

6,7

Importations de biens (en dollars, variation annuelle en %)

-12,0

32,1

21,9

-2,6

8,0

8,1

7,5

7,4

7,3

6,4

6,2

Balance commerciale des marchandises (en % du PIB)

-12,8

-14,0

-20,2

-17,3

-17,3

-17,8

-18,0

-18,3

-18,6

-18,6

-18,5

IDE (en % du PIB)

0,8

1,1

1,2

0,2

0,7

1,4

1,5

1,6

1,6

1,7

1,7

Réserves brutes (en mois d'importations)

7,2

5,8

5,3

5,4

5,2

5,2

5,2

5,2

5,1

5,1

5,2

Dette extérieure (en % du PIB)

54,2

45,5

46,9

50,2

47,8

49,2

50,0

50,9

50,2

54,0

57,3

Taux de change

TCER (moyenne annuelle, variation en %)

1,4

1,6

-3,2

0,9

...

...

...

...

...

...

...

Pour mémoire :

PIB nominal (en milliards de dollars)

121

142

131

144

155

166

177

188

199

212

225

Importations nettes de produits énergétiques (en milliards de dollars)

-5,3

-8,4

-15,1

-12,0

-11,5

-12,1

-12,3

-12,8

-13,2

-13,7

-14,1

Monnaie nationale pour un dollar (moyenne pour la période)

9,5

9,0

10,2

10,1

9,9

...

...

...

...

...

...

Sources : autorités marocaines et estimations des services du FMI.

-----------

1/ Dons compris.

2/ Y compris le crédit aux entreprises publiques.

[1] Conformément à l'article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.

[2]À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en sa qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Une explication des termes utilisés dans le résumé se trouve ici : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.

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