UNOG - United Nations Office at Geneva

09/08/2025 | News release | Distributed by Public on 09/09/2025 01:46

Nuits blanches, deuils et violences sexuelles : la santé mentale des Ukrainiens en péril

En une nuit, tout peut basculer. Depuis plus de trois ans, c'est ce que ressentent beaucoup de civils ukrainiens pris au piège d'une guerre totale. Les conséquences sur leur santé mentale sont dévastatrices.

Les organisations internationales et les ONG sur le terrain placent le soutien social, la réinsertion professionnelle ainsi que la santé mentale comme domaines prioritaires dans leurs activités. Déployée sur le terrain, la Représentante d'ONU-Femmes en Ukraine, Sabine Freizer Gunes, décrit l'épuisement émotionnel mais aussi la résilience dont elle est témoin.

La face cachée de la guerre

Selon elle, l'incertitude est le facteur le plus pesant sur la santé mentale des civils. En effet, dans des grandes villes des semaines entières peuvent se passer sans réelles attaques et la vie peut sembler normale. Les habitants sortent, les magasins sont ouverts. Mais en une nuit, tout peut basculer.

« En général, les combats et les attaques ont tendance à se produire la nuit. L'un des défis évidents est de réussir à passer la semaine, alors que l'on est réveillé plusieurs fois », explique-t-elle. Le fait de ne pas savoir si les attaques vont réveiller les habitants plusieurs fois dans la nuit, les faire fuir, ou se déplacer dans un endroit plus sûr, est « mentalement le plus difficile ».

Même dans les zones les plus visées par la Russie, dans la partie orientale de l'Ukraine, une grande partie de la population ne souhaite pas quitter son foyer et continuent à vivre leur vie malgré le risque permanent qu'une tragédie ne les frappe.

Derrière ce faux quotidien « normal » se cachent souvent des douleurs plus profondes. Beaucoup de femmes ont perdu un père, un fils, ou un frère au combat. « Il y a toujours cet élément invisible qui se cache derrière la réalité des personnes qui travaillent toujours », déplore Sabine Freizer Gunes.

© UNOCHA/Yurii Veres
Deux femmes à proximité de leur domicile endommagé à Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

Un soutien polyvalent

Quand une attaque russe frappe une ville, ONU-Femmes essaie de coordonner les différentes équipes sur place et apporter une aide qui mêle urgence humanitaire et soutien à la reconstruction et au développement.

Cette aide peut être matérielle : des kits de première nécessité, ou spécialement conçus pour répondre aux besoins des femmes, notamment des femmes âgées. C'est souvent elles qui ne souhaitent pas vivre dans des centres sociaux et préfèrent rester chez elles, selon Mme Freizer Gunes.

Or, le soutien aux civils prend également une forme plus dirigée vers l'aspect social et émotionnel. Dans la ville de Soumy, au nord-est du pays, où une attaque a tué plus de 30 personnes le 20 août dernier, des activités culturelles, de soutien aux jeunes, de réinsertion professionnelle ou de conseils ont été menées. Un volet spécifique à la santé mentale a également été installé.

Des bénéficiaires ont confié à la responsable d'ONU-Femmes que l'aide qui les a le plus marqués depuis le début du conflit en 2022 était une retraite au cours de laquelle, ces femmes ont pu faire connaissance, partager leurs expériences, et dormir. L'une d'elles lui a déclaré : « C'est la première fois en trois ans que je passe une bonne nuit de sommeil ».

© UNFPA Ukraine
Des équipes mobiles de soutien psychosocial de l'UNFPA se déplacent dans toute l'Ukraine, y compris sur les lignes de front, offrant des interventions d'urgence immédiates ainsi qu'un accès à une assistance à plus long terme.

Les violences sexuelles passées sous silence

Les violences sexistes et sexuelles sont souvent effacées des discussions en temps de guerre. C'est pour cela que le gouvernement ukrainien a récemment encouragé les survivants à en parler ouvertement et à demander des réparations et indemnisations.

En Ukraine, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a recensé 484 cas de violences sexuelles, malgré les nombreux cas inconnus dans les territoires occupés ou à cause de la difficulté de les révéler pour les victimes. En temps de guerre, beaucoup de ces violences se produisent en détention, ce qui donne sur ces 484 victimes, 72% d'hommes.

Des aides menacées

Cependant, avec les nombreuses réductions de l'aide internationale, notamment par les États-Unis, les organisations pour la défense des droits des femmes en Ukraine sont fortement menacées.

Selon une étude d'ONU-Femmes, sur 100 organisations en Ukraine, 73% d'entre elles ont déclaré que leurs activités étaient déjà fortement perturbées par ces coupes budgétaires, et 67% avaient déjà été contraintes de licencier du personnel. Plus inquiétant encore, 60 % des organisations de défense des droits des femmes ont été contraintes de réduire ou de suspendre leurs services liés à la violence sexiste.

Sabine Freizer Gunes donne un exemple frappant : « Imaginez que vous soyez une femme victime de violence conjugale. Vous savez qu'il existe un refuge au bout de la rue. Soudain, vous vous dites que c'en est trop. Vous avez besoin d'aide. Vous vous rendez au refuge, vous frappez à la porte, et personne ne répond car il n'y a plus de financement pour maintenir ce refuge ouvert ».

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