10/29/2025 | News release | Distributed by Public on 10/29/2025 13:53
Adopté par 165 voix pour, sept contre et 12 abstentions, le texte contre le blocus économique, commercial et financier de Cuba a une nouvelle fois rassemblé une écrasante majorité d'États membres. Seuls les États-Unis, Israël, l'Argentine, la Hongrie, le Paraguay, la Macédoine du Nord et l'Ukraine s'y sont opposés.
Ce résultat marque toutefois un tournant politique par rapport à l'an dernier, où la résolution n'avait été rejetée que par Washington et Tel-Aviv, cependant qu'une seule délégation - celle de la Moldavie - s'était abstenue. L'élargissement du camp des opposants traduit la montée de nouvelles lignes de fracture au sein de l'Assemblée.
Deux délégations d'Europe orientale ont justifié leur vote par la proximité de La Havane avec Moscou. Le représentant de la Pologne, qui s'est abstenue, a justifié la nouvelle position de son pays par une « application sélective de la Charte des Nations Unies ». S'exprimant également au nom de la Tchéquie, de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, il a critiqué le soutien affiché de Cuba à la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Face aux rapports selon lesquels des ressortissants cubains auraient combattu aux côtés de Moscou, la Roumanie a tenu un discours similaire, dénonçant cette « implication étrangère dans une guerre d'agression illégale » et appelant Cuba à retirer son soutien à l'invasion russe.
Présentée chaque automne depuis 1992, la résolution n'a aucune valeur contraignante, mais son adoption, d'ordinaire quasi unanime, illustre la persistance d'un consensus mondial sur la nécessité de mettre fin à l'embargo.
Le blocus, imposé par Washington au début des années 1960 au plus fort des tensions avec le régime de Fidel Castro, devait initialement contraindre Cuba à rompre avec l'Union soviétique. Il s'est progressivement durci au fil des décennies et au gré des moirs américaines, qui ont codifié ses sanctions et étendu leurs effets extraterritoriaux.
S'il interdit aux entreprises américaines tout commerce avec Cuba, il punit également les sociétés étrangères qui commercent avec l'île, limitant ses importations de biens essentiels et son accès au système financier international.
Sous la présidence de Barack Obama, un assouplissement avait été amorcé en 2016, avant d'être en grande partie annulé par Donald Trump dès son premier mandat.
À la tribune, le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez Parrilla, a dénoncé une mesure « inhumaine », qui « entrave le développement d'un petit pays en développement et punit des familles entières pour des raisons politiques ». Il a chiffré à plus de 160 milliards de dollars les pertes accumulées par son pays en plus de six décennies d'embargo.
En réponse, la représentante américaine a accusé le gouvernement cubain de détourner l'attention et la colère populaire des Cubains vers l'extérieur, fustigeant « l'exploitation du thème du blocus pour masquer les échecs du régime ». Elle a rappelé que Washington « reste l'un des principaux fournisseurs d'aide humanitaire à Cuba », insistant sur la distinction entre les sanctions économiques et « le soutien direct au peuple cubain ».
Derrière ce duel figé, l'adoption du texte n'a surpris personne. La résolution est adoptée chaque année à une écrasante majorité, sans jamais, ou presque, infléchir la position américaine.
Depuis plus de trois décennies, la question du blocus de Cuba continue ainsi de symboliser les limites du multilatéralisme : une écrasante majorité mondiale, impuissante face à la volonté d'un seul État.