Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

04/24/2025 | Press release | Distributed by Public on 04/24/2025 10:17

Q&R - Point de presse live (24.04.25)

Q - Question au sujet de la potentielle reconnaissance par la France d'un État palestinien. À vous écouter aujourd'hui - mais aussi et surtout le Président de la République -, cette reconnaissance est conditionnée par l'éviction politique du Hamas, sans doute pour espérer une réciprocité et une reconnaissance par Israël. Mais quid de poser comme condition à la paix recherchée là-bas le fait qu'Israël stoppe son projet colonial et respecte le droit international ? Là-dessus, c'est silence radio. Vous allez me répondre dans quelques instants. C'est pourtant précisément cela qui génère des tensions depuis des décennies là-bas. À cette heure, Israël continue de s'opposer à toute sortie pacifique de ce conflit, à reconnaître un État palestinien, et même s'extrémise, comme l'attestent nombre d'observateurs. Les derniers chiffres parlent - vous les connaissez, mais je les rappelle quand même - de plus de 50.000 tués, 110.000 blessés, une population privée d'aide humanitaire, qui mange de la viande de tortue, boit de l'eau souillée. C'est une hécatombe devant nos yeux. Tout cela par décision active d'un gouvernement d'extrême droite, celui de M. Netanyahou. M. Netanyahou qui a été rencontré par M. Macron il y a quelques jours, le 15 avril, et auprès de qui il a dit le soutien - et tweeté celui-ci - de la France à la sécurité d'Israël, sans lui opposer aucune condition ni sanction, alors que son gouvernement viole toutes les règles et le droit international. M. Netanyahou qui s'oppose donc, encore une fois, clairement à une reconnaissance d'un État palestinien et son fils insultant sur Twitter Monsieur le Président de la République française. Alors ma question est celle-ci : exiger l'éviction du Hamas comme condition d'une reconnaissance mutuelle dans la région tout en rappelant à Israël le soutien de fait inconditionnel français pour sa sécurité - puisque sans jamais évoquer et dénoncer son projet colonial et les actions illégales qu'il mène -, n'est-ce pas là l'illustration d'une position française en faveur d'Israël et déjà d'un aveu d'échec du Président à reconnaître l'État palestinien en juin ?

R - Pour reprendre un peu le fil, l'idée que j'ai exprimée dans mon propos liminaire, c'est simplement de dire - et ça, c'est une position qui est constante de la part de la France - que la seule voie possible, selon nous, c'est une solution politique sur la base de la solution à deux États. L'idée qu'a exprimée le Président de la République, c'est simplement de dire que pour avoir cette solution des deux États, il faut avoir une reconnaissance de l'État palestinien. Il a toujours dit que la question n'était pas un tabou. Il a toujours dit que cette reconnaissance devait intervenir au moment utile. Cette conférence du mois de juin est une occasion de lancer ce processus. De la même manière, ce processus de reconnaissance de l'État palestinien doit s'accompagner d'une reconnaissance réciproque, pour ceux des États qui ne l'ont pas fait, d'Israël. Encore une fois, on ne pourra pas obtenir de paix et de stabilité dans la région tant qu'on n'aura pas une solution politique. Ça, c'est le cadre général qui est posé. Et c'est l'idée qui va gouverner cette conférence que la France co-présidera avec l'Arabie saoudite au mois de juin.

Après, il faut distinguer ce processus-là de reconnaissance internationale réciproque et, ensuite, les conditions qu'il faut réunir en termes de gouvernance du futur État palestinien. Et ça, c'est ce qui ressort notamment du plan de reconstruction qui a été proposé par les pays arabes il y a quelques semaines, avec la volonté d'avoir une Autorité palestinienne réformée qui soit l'autorité politique légitime. C'est une position qui est extrêmement claire. Et s'agissant du Hamas, nous avons également répété qu'il ne devait pas avoir la moindre part à la gouvernance de la bande de Gaza, et être désarmé de façon à garantir la sécurité d'Israël.

Mais encore une fois, je pense qu'il faut distinguer ce qui concerne la future gouvernance des Territoires palestiniens du processus de reconnaissance. Tout ça participe du même mouvement, mais l'idée, c'est d'une part d'obtenir la reconnaissance de deux États, d'avoir une solution à deux États qui puissent vivre côte à côte en paix et en sécurité et, d'autre part, d'avancer sur les questions de gouvernance des Territoires palestiniens.

Q - Ce n'est pas vraiment ma question. Là, je n'ai pas encore entendu parler du projet colonial d'Israël. Parce que là, vous parlez de l'Arabie saoudite avec laquelle la France va coprésider ce sommet en juin, mais l'Arabie saoudite dit clairement que sa condition à elle, à ce pays-là, pour reconnaître l'État de Palestine aussi, c'est qu'Israël reconnaisse l'État de Palestine, ce qui n'est pas près d'arriver. Donc il y a un blocage… (inaudible)

R - Il y a un mouvement qui est enclenché. En tout cas, il y a une discussion qui est ouverte, et nous espérons arriver à des résultats tangibles au mois de juin.

Q - Et pour le projet colonial, est-ce que la France le dénonce ?

R - De toute façon, à partir du moment où on considère que la solution sur laquelle on doit arriver est une solution à deux États vivant côte à côte, il y aura donc bien deux États. C'est l'objectif, en tout cas.

La France a toujours condamné la colonisation. Nous avons sanctionné les colons violents. Vous citiez aussi dans votre question les questions touchant à l'aide humanitaire : je vous rappelle qu'on a fait une déclaration hier en E3 condamnant la fermeture de la bande de Gaza pour l'accès à l'aide humanitaire. Tout cela, ce sont des choses qui font partie de la position traditionnelle française.

Q - Mais cette position qui demande mais qui n'exige pas des sanctions. Est-ce que des sanctions sont possiblement étudiées contre l'État d'Israël, si jamais condamne le fait que les personnes sont poussées à la mort sans aide humanitaire ? Est-ce que si ça dure, la France pourrait sanctionner, comme elle le fait avec la Russie, par exemple ?

R - C'est une discussion. Encore une fois, vous savez que les sanctions, on n'est pas tout seul à décider. Ce sont des discussions qui se passent au niveau européen et au niveau des Nations unies.

Q - D'abord, j'ai quelques questions supplémentaires, si vous voulez bien, sur la conférence en juin. Est-ce qu'il y a déjà une date exacte qui est prévue ? Est-ce que vous avez décidé ce que vous espérez avoir comme « produit final » ? Est-ce que ce sera une déclaration, une déclaration majoritaire, un consensus, une feuille de route ? À quoi vous voulez arriver à la fin de cette conférence ?

Pour la visite du ministre Barrot, il a déjà eu ce rendez-vous en Irak : est-ce que là, il a évoqué la question de la reconnaissance d'Israël ? Et en ce cas, qu'est-ce que M. al-Soudani lui a dit ? Est-ce qu'il y a des espérances françaises d'avoir la même chose au Koweït, et demain aussi en Arabie saoudite ?

J'aimerais aussi vous poser deux petites questions sur la Syrie. D'abord, les États-Unis ont commencé déjà au début de cette semaine à retirer leurs forces. Ils ont retiré une partie de leurs forces de la Syrie. Il y avait des rapports comme s'il y avait des intentions françaises d'augmenter ses effectifs en Syrie. Est-ce que vous pouvez confirmer ça ? Est-ce que c'est quelque chose à laquelle vous réfléchissez ? Aussi, pour l'ambassade, où est-ce qu'on en est, pour l'ouverture ? C'est un processus qui dure déjà depuis quelques mois. Où on en est ?

R - Sur la première question, qui a trait à la conférence qui aura lieu au mois de juin, la date est en cours de calage. L'idée de cette conférence, c'est d'arriver effectivement au résultat que j'ai exposé tout à l'heure. Quelle forme cela prendra ? Je ne sais pas si ce sera une déclaration ou un communiqué. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'on espère que cette conférence pourra acter le fait qu'il y a un mouvement en faveur de cette dynamique de reconnaissances réciproques.

Et puisque vous évoquez la tournée du Ministre au Moyen-Orient en ce moment, effectivement, c'est une question, comme je le disais dans le propos liminaire, qui est abordée avec les homologues qu'il rencontre, entre autres sujets. Ils ont parlé de relations bilatérales, mais ils ont aussi parlé de cette conférence du mois de juin. Et le Ministre sensibilise évidemment ses homologues à cette question-là.

Q - Le sujet de la normalisation avec Israël a-t-il été évoqué avec l'Irak (Inaudible)

R - Ça, je ne peux pas vous le dire. Mais en tout cas, le sujet a été évoqué, de même qu'il a été évoqué sur l'ensemble des étapes de sa visite au Moyen-Orient.

Sur les questions sur la Syrie, sur l'augmentation des effectifs militaires français, c'est une question que je vous invite à poser au ministère des Armées, puisque ce sont eux qui sont les premiers concernés.

Q - J'ai déjà reposé ça, mais ça relève du politique, finalement (inaudible)

R - Et sur la réouverture de l'ambassade, on y travaille. C'est un projet qui est en cours. Encore une fois, on a le projet de rouvrir notre dispositif à Damas. Ça prend un peu de temps - notamment pour des questions de sécurité - mais c'est quelque chose qui est en cours, et je vous annoncerai le moment venu la date du retour de la diplomatie française à Damas.

Q - Une question sur les évacuations organisées par la France hier à Gaza : est-ce que vous pouvez d'abord confirmer le nombre de 123 personnes évacuées et puis faire un point plus général pour savoir où en sont ces évacuations ?

R - Je vous répondrai plutôt sur la deuxième partie de votre question, parce que le chiffre exact, je n'en dispose pas. C'est à peu près de cet ordre d'idée-là, mais je n'ai pas de chiffre exact. Ce que je peux vous dire, c'est que ce sont des sorties qui correspondent à des demandes que nous avions formulées depuis un an et demi. Il s'agit de personnes qui ont un lien particulier avec la France, qu'ils soient ressortissants français, que ce soient leurs ayants droit, que ce soient leurs ascendants, ou des personnes avec un lien particulier avec la France - je pense notamment à des boursiers ou à des titulaires du programme Pause. Ce sont des sorties que nous demandons depuis très longtemps. L'opération est en cours, donc je ne ferai pas plus de commentaires.

Mais c'est quand même l'occasion pour moi de rappeler que nous restons opposés à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, ce qui constituerait, comme on a déjà eu l'occasion de le dire, une violation grave du droit international, une atteinte assez grave aux aspirations du peuple palestinien à vivre sur sa terre, et aussi une entrave à la solution des deux États. C'est une opération spécifique qui concerne des personnes qui ont un lien particulier avec la France.

Q - Ils arrivent bientôt en France ? (Inaudible)

R - L'opération est en cours. Vous savez comme moi que ce sont des opérations qui sont assez complexes. Tant qu'elle n'est pas achevée, je ne peux pas vous confirmer de date ou d'horaire.

Q - Le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué aujourd'hui être disposé à se rendre en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne pour rétablir le dialogue avec ces trois pays. Quelle est votre réaction à cette annonce ?
Et une deuxième question sur Gaza. Vous avez sorti une déclaration avec les Allemands et les Britanniques hier, une déclaration ferme. Vous avez parlé de la souffrance des civils palestiniens, dont un million d'enfants sont confrontés à un risque grave de famine. Quelles sont aujourd'hui les mesures concrètes pour aider à débloquer l'entrée de l'aide à Gaza ?

R - Sur votre première question : effectivement, c'est une information qu'on vient d'avoir. Et forcément, quand on parle d'Iran, la France, avec ses partenaires britannique et allemand, a toujours été en faveur d'une solution diplomatique reposant sur le dialogue. Donc il est bien évident que nous suivrons effectivement de près cette annonce du ministre iranien si elle est suivie d'effets. Mais en tout cas, étant traditionnellement les partisans du dialogue sur la question de la crise de prolifération iranienne, nous continuerons très volontiers à dialoguer avec les Iraniens sur ce sujet-là. Encore une fois, il nous semble que la seule solution pour sortir de cette crise est une solution diplomatique. Et pour ce faire, l'Iran doit résolument s'engager dans cette voie. C'est la proposition qui lui a été faite à diverses reprises par les pays européens du groupe E3.

Sur votre deuxième question : la situation humanitaire à Gaza est extrêmement préoccupante et la fermeture de la bande de Gaza crée une situation extrêmement problématique en termes d'acheminement de l'aide humanitaire. La France contribue à fournir de l'aide humanitaire à la bande de Gaza. Nous le faisons de manière régulière. Et nous appelons très régulièrement Israël à rouvrir la bande de Gaza, à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire qui constitue une de ses obligations au titre du droit international. Le passage doit être libre pour l'aide humanitaire. C'est ce que nous disons et que nous redisons aux autorités israéliennes.

Q - En France, à Marseille, depuis le 31 mars, il y a une grève de la faim pour la justice en Palestine. Les personnes qui font la grève souhaitent que l'Union européenne et la France arrêtent de commercer avec Israël tant qu'Israël ne respecte pas le droit international et le droit international humanitaire. Qu'est-ce que vous pensez des demandes de ces grévistes ?

R - Encore une fois, au-delà de la manifestation que vous citez, qui est en cours à Marseille, notre position sur la question est connue. Je ne vais peut-être pas vous la redire, parce que je vous l'ai déjà donnée. Je me suis déjà beaucoup exprimé sur le sujet.

Q - J'ai des questions sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine. J'aimerais d'abord savoir quelle est la position de la France quant à une possible annexion de la Crimée et d'autres régions ukrainiennes qui semble soutenue par les États-Unis ? Est-ce que ça correspond à peu près à ce qui a été discuté à Paris la semaine dernière ? Et j'aimerais aussi savoir comment vous analysez les dernières critiques du président Trump visant de nouveau Zelensky, qu'il accuse de faire traîner les négociations de paix. Et j'aimerais que vous répondiez notamment au regard des frappes massives qui ont visé Kiev hier.

R - Sur la première question, je souhaite rappeler que la semaine dernière, nous avons tenu pour la première fois des discussions qui réunissaient autour de la table les Américains d'une part, les Ukrainiens et trois pays européens : la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. C'est important, parce que c'était la première fois que nous avions des discussions dans ce format-là. Lors de ces discussions, il a été rappelé de manière assez claire que nous devions nous acheminer vers une solution stable et durable en Ukraine, qui passe par un plan de paix robuste. Encore une fois, le principe de respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine est un point qui est absolument essentiel, rappelé par les Européens. Parmi les principes cardinaux de la négociation, il y a notamment le fait de dire que cette discussion doit avoir lieu avec les Ukrainiens et les Européens, parce que c'est une question de sécurité, et que le principe de l'intégrité territoriale de l'Ukraine n'est pas un point sur lequel on peut négocier. C'est la position qui a été tenue la semaine dernière et hier à Londres.
Sur votre deuxième question sur les critiques de Donald Trump vis-à-vis de Volodymyr Zelensky, je ne sais pas s'il me revient de commenter les déclarations du président américain.

Q - Est-ce que la France a l'impression que l'Ukraine est responsable du fait que ces négociations prennent du temps - et notamment quand on voit les Russes qui continuent à frapper de manière massive ?

R - Ce qu'on considère en tout cas, nous, et ce qu'on voit, c'est que les Ukrainiens, depuis quelques semaines, sont ouverts à la négociation. Le président Zelensky s'est rendu à Washington. Il y a eu un plan de cessez-le-feu qui avait été proposé par les Américains, qui a été accepté par l'Ukraine. Ce qu'on constate, c'est que c'est la Russie qui continue à agresser, pour le coup, et qui continue ses frappes. En l'espèce, on a plutôt l'impression que ce sont les Russes qui ralentissent les discussions.