12/12/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/12/2025 06:49
Plus de la moitié des journalistes tués en République démocratique du Congo (RDC) depuis 30 ans l'ont été dans l'est du pays, selon un rapport publié le 22 novembre par Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de Reporters sans frontières (RSF). À l'occasion de cette publication documentant des violences commises contre les journalistes, notamment dans les provinces de l'est, RSF se joint à JED pour appeler à une protection urgente de la presse, en particulier dans cette région.
La République démocratique du Congo (RDC) demeure l'un des pays les plus dangereux du continent pour les journalistes, principalement en raison du conflit qui sévit dans l'est du pays. Le rapportannuel publié le 22 novembre par Journaliste en danger (JED) - organisation partenaire de RSF dans la région - intitulé Est de la RDC : des crimes commis contre la presse, est sans appel.
"Le rapport de JED tire la sonnette d'alarme. Ce rapport aux chiffres sidérants révèle une persistance de l'impunité à laquelle les autorités doivent mettre fin. Plus de la moitié des journalistes tués en RDC depuis 30 ans l'ont été dans les régions de l'est du pays, et les enquêtes annoncées au lendemain de ces meurtres n'ont jamais eu lieu ou n'ont pas permis d'identifier les auteurs ni leurs mobiles. Notre organisation se joint à JED et appelle à une protection urgente des journalistes à l'est du pays : toute solution à cette grave crise doit absolument prendre en compte la protection et le respect du droit à l'information. Ce dernier ne peut être assuré qu'en mettant un terme aux attaques contre les journalistes.
Dans l'est du pays occupé par le M23, les journalistes sont ciblés pour leur travail d'information - meurtres, enlèvements, arrestations arbitraires, détentions, agressions, menaces directes ou encore vol de matériel - tout comme les médias, avec des pillages par dizaines.
De nombreuses radios communautaires, vecteurs d'information de proximité essentiels, sont réduites au silence. Une majorité de journalistes ont été contraints de fuir, d'entrer dans la clandestinité et d'abandonner leur travail, laissant un désert informationnel derrière eux. Ce rapport réunit des témoignages de journalistes qui ont dû fuir les combats et donne notamment la parole au coordinateur du Collectif des radios et télévisions communautaires du Nord-Kivu (CORACON), Jacques Vagheni : "Dans la zone sous contrôle de l'AFC/M23, même si les rebelles n'ont pas formellement interdit le traitement des informations, les journalistes travaillent sous une grande autocensure par peur d'être pris pour cibles. [...] Dans la zone sous contrôle du gouvernement, la situation n'est pas non plus saine. Des journalistes continuent d'être traqués."
JED et RSF appellent à des réformes profondes pour garantir la liberté de la presse, notamment en dépénalisant les délits de presse, en mettant fin aux arrestations et suspensions arbitraires de médias, en créant un mécanisme national de protection des journalistes et en relançant les enquêtes sur les meurtres impunis.
La RDC a chuté de dix places par rapport à l'année dernière dans le Classement mondial de la liberté de la presseétabli par RSF en 2025 et occupe désormais la 133e place sur 180 pays et territoires.