Soudan: le Secrétaire général estime que la seule façon d’assurer la protection des civils est de mettre fin à ce conflit insensé

La déclaration suivante a été faite, aujourd'hui, par le Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres:

Deux ans après le début d'une guerre dévastatrice, le Soudan reste plongé dans une crise aux proportions effarantes, les civils en payant le prix le plus lourd.

Les bombardements et les frappes aériennes aveugles continuent de faire des victimes et de mutiler des vies. Les marchés, les hôpitaux, les écoles, les lieux de culte et les sites pour personnes déplacées sont la cible d'attaques. Les violences sexuelles sont endémiques et les femmes et les filles sont victimes d'actes horribles. Les civils subissent des violations et des abus flagrants de la part de toutes les parties belligérantes.

Près de 12 millions de personnes ont fui leur foyer, faisant de cette crise de déplacement de population la plus importante au monde. Plus de 3,8 millions d'entre elles ont traversé les frontières des pays voisins.

Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire. La moitié de la population, soit environ 25 millions de personnes, souffre de la faim. Alors que la période de soudure approche, la famine a été constatée dans au moins cinq endroits et devrait se propager davantage.

Les travailleurs humanitaires ont été ciblés: au moins 90 d'entre eux ont perdu la vie depuis le début des combats.

Les services de base ont été décimés, privant des millions d'enfants de leur droit à l'éducation, et moins d'un quart des établissements de santé sont opérationnels dans les zones les plus touchées. Les infrastructures ont été la cible d'attaques qui ont privé les populations d'électricité et d'accès à l'eau potable.

L'année dernière, l'ONU et ses partenaires ont apporté une forme d'assistance à plus de 15,6 millions de personnes. Mais les besoins restent considérables. Les conflits et l'insécurité, aggravés par des obstacles bureaucratiques et les réductions drastiques de financements, ont empêché les organisations humanitaires d'accroître leur présence dans de nombreuses régions où l'aide est la plus nécessaire.

Les civils continuent de faire les frais de l'indifférence des parties belligérantes pour la vie humaine. Outre leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme, elles se sont engagées à protéger les civils, notamment dans la Déclaration de Djedda de mai 2023. Ces engagements doivent se traduire par des actions concrètes. Il est également essentiel que des enquêtes indépendantes, impartiales et transparentes soient menées sur l'ensemble des signalements de violations et d'abus.

La seule façon d'assurer la protection des civils est de mettre fin à ce conflit insensé.

Je suis profondément préoccupé par le fait que les armes et les combattants continuent d'affluer au Soudan, permettant ainsi au conflit de persister et de s'étendre à travers le pays. Le soutien extérieur et l'afflux d'armes doivent cesser. Ceux qui ont le plus d'influence sur les parties belligérantes doivent l'utiliser pour améliorer la vie des Soudanais, et non pour perpétuer ce désastre.

Il est urgent de déployer des efforts politiques globaux, revitalisés et bien coordonnés pour empêcher une fragmentation plus poussée du Soudan. En tant que communauté internationale, nous devons trouver des moyens d'aider le peuple soudanais à mettre fin à cette catastrophe innommable et à mettre en place des dispositions transitoires acceptables.

Le Soudan reste une priorité absolue pour l'ONU. Je continuerai à m'entretenir avec les dirigeants régionaux pour trouver des moyens de renforcer nos efforts collectifs en faveur de la paix.

Cela complétera le travail en cours de mon Envoyé personnel, M. Ramtane Lamamra, qui s'efforcera d'intensifier les efforts de médiation internationale.

Il continuera également à explorer avec les parties les moyens de les rapprocher d'une solution pacifique et de soutenir et responsabiliser les civils dans leur travail vers une vision commune de l'avenir du Soudan.

Nous devons nous recentrer sur la recherche d'une solution à cette guerre brutale. Le monde ne doit pas oublier le peuple soudanais.