Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

01/09/2025 | Press release | Distributed by Public on 01/10/2025 01:38

Q&R - Point de presse live (09.01.25)

Q - Je voulais revenir sur le Liban. On a vu que M. Le Drian était présent. En quoi la France a pu vraiment pousser pour que cette fois-ci, il n'y aurait plus de vide constitutionnel au Liban ?

Et ma deuxième question, si vous me permettez. À partir de lundi, il y aura des négociations sur l'Iran. Qu'attend Paris de ces négociations ?

R - Sur le Liban, je ne vais peut-être pas refaire toute l'histoire, mais l'implication des autorités françaises a été absolument totale depuis de très longs mois. Je vous rappelle les visites du Président de la République il y a quelques années, la nomination évidemment d'un représentant personnel du Président de la République, M. Jean-Yves Le Drian, et plus singulièrement l'ensemble des actions qui ont été entreprises par le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, M. Jean-Noël Barrot, depuis sa prise de fonction en septembre dernier. Je vous rappelle qu'ayant pris ses fonctions le 21 septembre, il s'est rendu au Liban le 29 pour une première visite, et que cette visite s'est suivie de nombreuses autres visites au Liban, mais aussi dans l'ensemble des pays de la région, pour justement discuter, non seulement de la situation au Liban et de la situation au Sud-Liban, mais aussi des questions institutionnelles libanaises. Vraiment, l'implication de la France a été a bsolument totale et l'implication du Ministre a été complète. Cela s'est traduit aussi lors des travaux aux Nations unies, dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies, il y a eu des initiatives portées par la France. Et aujourd'hui, effectivement, l'élection du Président de la République du Liban, M. Joseph Aoun, est pour nous une grande satisfaction. Et c'est la raison pour laquelle je vous disais que nous nous en réjouissions vivement.

Mais cette implication, qui a été absolument totale depuis le début, se poursuivra, puisque bien évidemment il y a encore des défis qu'il faut relever au Liban. Je pense qu'il y aura de nouveaux déplacements, et un appui de toute façon inconditionnel de la France. Comme vous le savez, s'agissant plus spécifiquement du cessez-le-feu, la France est impliquée dans le comité de surveillance aux côtés des États-Unis, et c'est un rôle qui est suivi d'extrêmement près. Nous avons envoyé un général sur place ainsi que des équipes. Donc, l'implication encore une fois est vraiment complète et elle se poursuivra à l'avenir.

Sur votre deuxième question, s'agissant de l'Iran et des négociations autour du nucléaire iranien, le Ministre a eu l'occasion de le dire cette semaine, mais nous sommes impliqués aux côtés de nos partenaires britanniques et allemands dans ce format qui s'appelle le format E3, pour pousser les négociations. Il y aura effectivement une rencontre en format E3 avec une délégation iranienne le 13 janvier prochain à Genève. C'est le signe que ces trois pays européens, les pays de l'E3, continuent d'œuvrer en faveur d'une solution diplomatique au programme nucléaire iranien dont l'état d'avancement est extrêmement problématique. Mais comme l'a dit le Ministre, cette logique de négociation est une logique de négociation sérieuse, c'est une logique de négociation exigeante ; à savoir que les trois États européens sont dans une posture où ils restent ouverts à la négociation, mais que les conditions posées sont extrêmement claires.

Q - J'ai une question sur les Kurdes, suite à une dépêche hier Reuters, selon laquelle Ilham Ahmed, coprésident des affaires étrangères pour l'administration kurde dans le nord syrien, a appelé la France et les États-Unis à sécuriser la frontière avec la Turquie. Il a dit, citation : « Dès que la France a convaincu la Turquie d'accepter sa présence à la frontière, nous pourrons commencer le processus de paix. » Est-ce que ça veut dire qu'il y a des négociations en cours entre la France et la Turquie pour une présence militaire française ? Dans cette même dépêche, il y a mention de forces spéciales françaises dans la zone. Est-ce que vous le confirmez ? Comment est-ce que vous voyez cet appel ? Est-ce que c'était peut-être au sujet des discussions hier avec M. Blinken et M. Barrot ?

R - La situation en Syrie, comme vous le savez, est une situation de transition. Donc, par définition, c'est une situation qui est extrêmement mouvante. Le ministre Jean-Noël Barrot s'est rendu à Damas avec son homologue allemande le 3 janvier dernier. Ils ont rencontré le président des nouvelles autorités de fait, M. al-Charaa. Et bien évidemment, l'ensemble des sujets liés à la transition ont été évoqués. Et notamment, effectivement, l'ensemble des groupes encore présents sur le territoire syrien. Alors je ne commenterai pas les discussions qui ont lieu entre les autorités de fait à Damas et l'ensemble des groupes qui sont encore actifs sur le territoire syrien. C'est quelque chose qui fait partie de la transition, donc c'est quelque chose que je ne commenterai pas. Ce que je peux vous dire, c'est que les Forces démocratiques syriennes avec lesquelles nous avons lutté contre Daech ont salué la chute du régime de Bachar al-Assad. Nous estimons qu'elles doivent faire parti e de la transition politique inclusive. L'inclusivité au sens où elle a été exprimée par le Ministre signifie que l'ensemble des communautés, y compris les forces kurdes, doivent être comprises dans cette transition, et la Syrie de demain doit pleinement respecter les groupes divers qui la composent, ce à quoi s'était toujours refusé le régime syrien d'avant, qui a toujours discriminé les Kurdes. Donc nous sommes dans une phase où nous appelons effectivement à ce dialogue inclusif. Nous sommes bien évidemment aussi en lien avec les Turcs. Le Ministre s'est entretenu il y a peu avec M. Fidan, son homologue turc, pour notamment favoriser une déconfliction et trouver un modus vivendi qui convienne à toutes les parties. Après, c'est une discussion sur laquelle nous avons, nous, une vigilance particulière, une discussion sur laquelle nous exprimons des priorités, mais c'est une discussion à laquelle nous ne participons pas directement - je veux dire, entre les autorités de fait d e Damas et l'ensemble des groupes qui sont actifs en Syrie.

Q - Question également à propos de la Syrie. La France considère-t-elle que le PKK est une organisation terroriste ?

Récusez-vous totalement le fait que le groupe que vous nommez Forces démocratiques syrienne a des liens avec le PKK et qu'elle en est une organisation de façade ?

Troisième question, quelle est votre réponse - c'est en fait le suivi de la question de ma consoeur - à la demande de ce groupe de troupes françaises en Syrie pour que cette dernière soit utilisée, l'objectif étant de se dresser contre la Turquie.

R - Merci. Évidemment, votre question rejoint la question de votre consoeur. Ce qui est essentiel pour nous sur le principe, c'est que les groupes actifs actuellement sur le territoire syrien soient inclus dans le processus de transition et qu'il y ait une discussion ouverte avec les autorités de fait à Damas. C'est ce qui a été fait, à ma connaissance, entre les forces du FDS et les autorités de fait de Damas.

Sur les forces kurdes, je vais vous rappeler les termes du Président de la République : « Nous savons la dette que nous avons à l'égard de l'ensemble des forces démocratiques syriennes et des combattants de la liberté comme les Kurdes qui, à nos côtés, dans des années difficiles, ont eu le courage de lutter contre les groupes terroristes ». Ce sont ses mots, donc je ne peux que vous répéter ces mots-là.

Q - Et sur la nature du PKK ?

R - Je ne ferai pas de commentaire sur ce point.

Q - Je me permets de revenir, en fait, sans vouloir insister lourdement, mais sur la question de ma consoeur à laquelle vous n'avez pas répondu directement. Est-ce que vous confirmez qu'il y a des discussions avec les Américains sur un éventuel déploiement de la France dans la partie kurde de la Syrie ?

Donc là, on ne parle pas de négociations entre différentes parties syriennes et autres. Deuxième question. Un journaliste Français a été brièvement arrêté par les autorités israéliennes hier ou avant-hier. Je voulais savoir si vous aviez éventuellement une réaction sur ce sujet.

Et dernière question. L'opposition au Vénézuéla revendique la victoire de son candidat Edmundo González Urrutia à la présidentielle de juillet. Est-ce que la France le reconnaît comme le président élu, comme les Américains viennent de le faire ?

R - Sur vos trois questions : sur la première, malheureusement, je n'ai pas plus d'éléments à vous apporter que ce que je vous ai déjà dit.

Sur la question du journaliste français qui a été arrêté en Syrie hier par Israël, effectivement, nous avons pris connaissance de l'arrestation en territoire syrien et de la rétention d'un journaliste français ainsi que de son accompagnateur syrien par l'armée israélienne. Nous avons pris bonne note qu'ils ont été relâchés, mais c'est l'occasion pour nous de rappeler la nécessité de garantir la liberté de la presse, la liberté d'expression et la protection des journalistes. Nous avons suivi la situation avec beaucoup d'attention, en lien notamment avec notre poste à Tel-Aviv.

Sur le Vénézuéla, la question centrale est celle du manque de sincérité du scrutin. La France soutient l'aspiration légitime du peuple vénézuélien à la démocratie, La cérémonie d'investiture présidentielle qui est organisée demain à Caracas interviendra en l'absence de résultats électoraux transparents et vérifiables. La France souligne à nouveau ce que nous avions déjà dit à plusieurs reprises, à savoir le droit du peuple vénézuélien à des élections libres, tout comme celui de manifester pacifiquement et se réunir librement, ainsi que la nécessité de respecter son aspiration légitime à la démocratie. Nous condamnons donc toute arrestation ou toute intimidation visant l'opposition et la société civile, et nous appelons à la libération de toutes les personnes encore arbitrairement détenues.

Le Président de la République s'est entretenu hier avec Mme Maria Corina Machado, puis avec M. Edmundo González Urrutia, les deux leaders de l'opposition, dont l'un était le candidat d'opposition face à M. Maduro. Et ça a été l'occasion pour lui de rappeler le soutien de la France au peuple vénézuélien, et surtout de rappeler que la volonté du peuple vénézuélien, ainsi que son droit à manifester pacifiquement et de se réunir librement, devaient être respectés.

Q - Pardon, j'ai réalisé que vous n'avez pas répondu à ma question sur la présence de dizaines de forces spéciales selon une source française citée par Reuters dans la région. Je voulais juste savoir si c'était possible d'avoir une réponse là-dessus ou vous ne souhaitez pas commenter.

Et juste une question de suivi sur les Kurdes. Le dirigeant syrien Ahmad al-Charaa a dit que les FDS devraient être intégrés à la future armée syrienne. Est-ce que c'est aussi la position de la France ?

R - Je n'ai pas plus d'informations sur le premier point, je répondrai ce que j'ai répondu à votre collègue de l'AFP. Je n'ai vraiment pas plus d'éléments à vous donner sur le sujet.

Sur l'intégration des FDS dans l'armée syrienne, cela fait effectivement partie du processus inclusif qui est en cours actuellement à Damas. Il y a eu un début de discussion entre eux, et comme le Ministre l'a réaffirmé avec son homologue allemande, il y a un souhait d'une transition pacifique et exigeante qui soit représentative de l'ensemble de la société syrienne et de l'ensemble de la diversité syrienne. Ces autorités de fait se sont engagées dans cette transition. Donc encore une fois, les Forces démocratiques syriennes sont une composante de la Syrie d'aujourd'hui et donc c'est effectivement un interlocuteur que les autorités de fait de Damas doivent avoir. Encore une fois, quand on dézoome un tout petit peu, l'objectif, et je crois que c'est l'objectif aussi des autorités de Damas, c'est de faire taire les armes dans toute la Syrie et de ne pas déstabiliser une région qui l'est déjà suffisamment. Et une région aussi dans laquelle il y a des groupes affiliés à l'État islamique qui sont toujours actifs. Donc l'idée, c'est vraiment d'avoir un dialogue, encore une fois, inclusif - c'est ce que le Ministre a plaidé lors de son passage à Damas avec son homologue allemande -, qui inclut l'ensemble des composantes de la société syrienne d'aujourd'hui.