Bras automatisés, drones de surveillance, robots mobiles de logistique ou d'inspection, assistants personnels, robots médicaux, robots sociaux… La robotique ne relève ni de la spéculation, ni de l'anticipation, elle est bien une réalité.
Ces robots autonomes ou semi-autonomes dopés à l'intelligence artificielle impressionnent. Mais pourraient-ils un jour nous remplacer ? Qu'en est-il réellement ?
Côté emploi, les données ne vont pas dans le sens d'un effondrement lié à la robotisation. Selon l'OCDE, le taux d'emploi des 15-64 ans a progressé dans les principales économies avancées, y compris durant les vagues d'automatisation les plus fortes.
En France, 15 % des salariés pourraient être remplacés par un robot aujourd'hui, mais cette robotisation est avant tout une transformation du travail. Ce n'est pas parce qu'une tâche est automatisée qu'elle se passe d'humains.
L'industrie automobile allemande, parmi les plus robotisées au monde, emploie aujourd'hui 100 000 salariés de plus qu'il y a vingt ans. Les robots y soulagent et complètent davantage qu'ils ne remplacent.
Pour Anne-Sophie Rigaud, professeure de médecine spécialisée dans les robots sociaux et thérapeutiques, il existe une « grande complémentarité » entre l'humain et la machine. Les robots sociaux utilisés dans certains EHPAD pour apaiser les patients n'ont pas d'autonomie émotionnelle ni de grandes capacités cognitives ; ils assistent donc.
Soulager, assister, pas remplacer
Loin du fantasme de substitution généralisée, les technologies robotiques visent à soulager l'humain des tâches les plus pénibles, dangereuses ou complexes, et à le doter de nouvelles capacités.
C'est la vocation de Skydrone Robotics, entreprise basée à La Rochelle. Depuis quatre ans, ses drones autonomes sont déployés sur les lignes électriques françaises pour poser des dispositifs effaroucheurs d'oiseaux, évitant les collisions mortelles avec les oiseaux migrateurs et les pannes sur le réseau. « Sur certains sites marécageux ou en montagne, un humain ne peut pas aller avec sa perche. Jusqu'ici, la seule solution, c'était l'hélicoptère. Le drone est une vraie alternative, moins coûteuse et moins dangereuse », explique Antoine Vidaling, son fondateur.
Avec le programme Voltair, soutenu par France 2030, Skydrone a conçu avec Delair un drone capable de poser des capteurs sur les lignes haute tension sans nacelle ni interruption. « Couper le courant peut coûter jusqu'à 10 000 euros de l'heure. Parfois, le coût d'installation dépasse le prix du capteur. Le drone ne remplace pas l'homme, mais l'éloigne du danger. On aura toujours besoin d'intervention humaine pour analyser les images. Le drone devient un outil de plus », insiste-t-il.
Avec Versatyl, son drone logistique modulaire, Skydrone veut automatiser les livraisons de matériel médical ou technique dans des zones à risque. « Sur une ligne de front, la durée de vie d'un véhicule est de 7 minutes. Un drone capable de livrer entre 30 et 60 kilos, c'est potentiellement une vie sauvée sans envoyer un camion », souligne-t-il.
Là où l'humain ne peut aller
Delair, un des champions européens du drone pour des applications industrielles et de sécurité/défense basé à Toulouse, conçoit notamment des drones pour l'inspection de pipelines, voies ferrées, lignes haute tension ou zones isolées sans route.
« Là où il fallait un hélicoptère, bruyant, polluant, coûteux, avec un pilote à bord, on utilise un drone de 20 kilos qui observe, cartographie et transmet des données. La végétation autour des lignes peut provoquer des départs de feu. Les drones, en inspectant régulièrement ces zones, peuvent éviter des drames », résume Bastien Mancini, son PDG.
Selon lui, les drones permettent d'opérer des tâches que les hommes ne pouvaient pas exécuter sans risque. « Delair conçoit des véhicules autonomes pour les environnements dangereux ou inaccessibles pour l'homme. On ne le remplace pas, le robot prend le relais, mais il y a toujours un humain derrière. Ce sont des tâches complexes, avec du pilotage, de l'analyse », ajoute-t-il. Pour lui, « il est crucial que la France fasse partie des leaders de la robotique pour imposer notre cadre éthique et nos standards techniques. Si on ne le fait pas, d'autres le feront à notre place, avec d'autres règles. ».
C'est la logique du plan d'investissement France 2030, piloté par le Secrétariat général pour l'Investissement. Son volet robotique soutient le développement de chaînes de valeurs indépendantes sur des marchés stratégiques. En juin 2025, le plan s'est enrichi, entre autres, d'un programme de recherche piloté par le CNRS de 30 millions d'euros, parce qu'il ne s'agit plus de fantasmer l'avenir, mais de le construire avec les bons outils, pour les bons usages, et faire en sorte que la robotique serve les priorités françaises collectives avec les valeurs propres de la France.
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