07/29/2025 | Press release | Distributed by Public on 07/29/2025 16:43
En charge de la décentralisation depuis le 14 mars 2025, Jordy Chan, ministre des Grands travaux, de l'Équipement, en charge des Transports aériens, terrestres et maritimes et de la décentralisation, a dévoilé, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mardi 29 juillet 2025 à la Présidence, en présence de Moetai Brotherson, Président de la Polynésie française, et de l'ensemble des membres du gouvernement, la stratégie de décentralisation du gouvernement sur l'île de Tahiti.
La zone urbaine de Papeete s'asphyxie
Aujourd'hui, la Polynésie fait face à un défi majeur : la concentration massive des activités dans la ville de Papeete. Notre capitale regroupe toutes les fonctions de commandement du Pays qu'elles soient politiques, administratives, économiques ou judiciaires. Son agglomération héberge les deux poumons économiques du Fenua : le Port de Papeete et l'aéroport international de Tahiti-Faa'a. Son aire urbaine concentre la moitié de la population polynésienne et 80 % des emplois de l'île.
Les conséquences sont multiples : embouteillages chroniques, pollution, stress, fatigue, sans compter le coût économique induit par la perte de temps (d'une moyenne de 2 heures par jour) et la baisse de productivité. Cette centralisation engendre également des prix du logement exorbitants dans l'agglomération alors que de nombreuses zones périphériques souffrent, en parallèle, d'un manque d'activités économiques, d'infrastructures et de services publics, contribuant ainsi à creuser les inégalités territoriales.
Un second pôle d'activité doit être créé
L'agglomération de Papeete compte 65 000 actifs occupés qui y travaillent quotidiennement, tandis que les communes situées en dehors, vers la Presqu'île, n'en comptent que 10 000. Par ailleurs, tous les jours, ce sont 10 000 usagers de la route qui proviennent de ces communes et qui effectuent des mouvements pendulaires vers l'agglomération de Papeete, dans le cadre de déplacements domicile-travail ou domicile-étude.
Au vu de cette réalité, le gouvernement a choisi d'adopter une stratégie de décentralisation des activités en dehors de la capitale, plus particulièrement vers la Presqu'île afin de créer un second pôle d'activité sur l'île de Tahiti. Ce projet répond à 2 objectifs stratégiques : réduire la congestion sur la zone urbaine et rééquilibrer le développement de notre territoire.
La décentralisation de l'administration, une opportunité à saisir
Pour initier cette dynamique, le Pays souhaite décentraliser le gouvernement et l'administration de la Polynésie française.
Les trois quarts de l'administration territoriale travaillent dans l'agglomération de Papeete. Elle représente à elle seule 10 % des emplois de la zone, et près de 6000 agents au service des polynésiens.
Or la décentralisation de l'administration est aujourd'hui possible et pertinente. Tout d'abord, parce que les bâtiments administratifs existants sont pour la plupart anciens et vétustes, et qu'il faut les reconstruire. Ensuite, car nous disposons de technologies de l'information et de la communication (internet, smartphone, visioconférence, etc.) qui n'existaient pas à l'époque où ces bâtiments ont été construits, et qui nous permettent désormais de travailler aussi efficacement lorsque nos bureaux sont séparés de 50 km que lorsqu'ils sont voisins l'un de l'autre. Et enfin, parce que près d'un millier d'agents de la fonction publique territoriale travaillent entre Papeete et Pirae, et consacrent plus d'une heure à arriver au bureau tous les jours en heure de pointe, car ils résident en périphérie de l'agglomération, ou au-delà, vers la Presqu'île.
En décentralisant l'administration, le gouvernement aspire à faciliter les démarches des usagers de la Presqu'île, à mieux percevoir les besoins et les potentialités de ce territoire stratégique, mais aussi à servir d'exemple, afin d'encourager d'autres acteurs, qu'ils soient institutionnels ou économiques, à suivre le mouvement.
Un programme articulé autour de 6 principes
La stratégie de décentralisation de l'administration a ainsi été pensée en suivant 6 principes :
Une décentralisation progressive, par phase
Le projet se déroulera sur douze années et sera mis en œuvre en trois phases successives. La première a pour objectif de créer à horizon 7 ans, soit en 2032, 3 centres administratifs dans 3 communes distinctes :
Cette première phase concerne donc au total près de 900 agents, pour un budget estimé à 17 milliards F CFP pour la construction des bâtiments administratifs.
Les phases suivantes permettront de renforcer le centre administratif de Taravao avec l'implantation, d'ici 10 ans, des pôles « supports de l'administration » et « secteurs prioritaires » et en 2037, du pôle « économie et travail ».
Ces 2 phases impliqueront chacune la délocalisation d'environ 300 postes et représentent respectivement un investissement de 6 et 4 milliards F CFP.
Au total, ce seront 6 ministères et 22 services, représentant environ 1500 postes, soit un quart des agents administratifs de Tahiti, qui seront délocalisés vers la Presqu'île. Le montant total de ce volet du projet est estimé à 27 milliards F CFP. C'est le plus important programme immobilier du Pays depuis la construction du Centre Hospitalier de Polynésie Française à Taaone, soit depuis plus de 15 ans.
Des points de vigilance pleinement considérés
Le gouvernement est et restera vigilant sur les conséquences éventuelles de ce projet sur les communautés locales. En particulier, l'objectif est de maîtriser l'inflation immobilière en privilégiant autant que possible le fait que les postes délocalisés soient pourvus par les agents résidant à proximité. En effet, à ce jour, près de 1000 agents résident déjà en dehors de la zone urbaine alors qu'ils y travaillent. En parallèle, une ambitieuse stratégie de création de logements sera mise en œuvre afin d'équilibrer l'offre et la demande sur ce marché.
Un schéma d'agglomération de Taravao, informé par le projet de territoire de la communauté de communes de Tereheamanu, fixera les orientations environnementales, sociales et culturelles du développement du territoire afin de préserver les atouts locaux de la Presqu'île.
Faire de Taravao une agglomération attractive
La décentralisation de l'administration s'inscrit dans une vision plus large ayant pour objectif de rendre l'agglomération de Taravao dynamique, agréable, équipée et durable.
Ce faisant, le gouvernement travaille sur un ambitieux programme de développement de la Presqu'île comprenant la construction d'une clinique et d'une maternité, le renforcement des structures d'enseignement, le développement de zones économiques, agricoles et aquacoles, la construction de nombreux logements et d'infrastructures sportives, l'aménagement d'espaces culturels et de spectacle mais également de parcs, de sentiers de randonnées et d'accès à la plage et à la mer des quatre côtés de la ville de Taravao.
L'objectif visé est celui de bâtir cette agglomération, en concertation avec la commune de Taiarapu-est, autour d'un centre-ville pacifié, ombragé et végétalisé facilement accessible en transport en commun, à vélo et à pied, et regroupant divers services ainsi que les principales fonctions commerciales de l'agglomération.
La volonté est que la population fasse le choix de résider vers la Presqu'île non seulement pour y trouver du travail ou des opportunités économiques, mais surtout parce qu'il y fera bon vivre.
Redynamiser le centre-ville de Papeete
Plutôt que de réinvestir massivement dans la construction de bâtiments administratifs en centre-ville de la capitale polynésienne, le gouvernement fait le choix de décentraliser l'administration en dehors de Papeete, vers la Presqu'île.
Cette initiative permettra de libérer un foncier public stratégique situé en plein cœur de ville. La revalorisation de ces parcelles pour d'autres usages que des locaux administratifs permettra le développement d'immeubles à usage mixte (commerces, bureaux, logements), entourés d'espaces végétalisés, afin d'étendre l'axe commerçant du Fare Tony vers le quartier de Paofai.
Ce programme déjà présenté en avril 2025 permettra de revaloriser 1,6 hectares de foncier du Pays et de générer un investissement issu du secteur privé qui pourrait avoisiner 25 milliards F CFP d'ici 2032.
Le ministre des Grands travaux, de l'Équipement, en charge des Transports aériens, terrestres et maritimeset de la décentralisation, se réjouit de poursuivre avec ambition et en concertation avec l'ensemble des parties prenantes, la construction de ce projet de société qui a pour vocation de bâtir un Fenua plus prospère, équitable et durable.