12/04/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/04/2025 10:35
Q - J'ai une question sur le Liban. Hier, il y a eu des négociations inédites directes entre Israël et le Liban, à un niveau qui n'est pas seulement militaire mais aussi civil. Avez-vous des informations à partager sur cette rencontre, puisque la France fait partie de ce mécanisme, et ça a été fait au sein du mécanisme ? Et pensez-vous qu'il y a, suite à cette rencontre, un apaisement des tensions, et on va éviter une reprise de la guerre totale au Liban par Israël ?
R - La France salue la tenue de ces discussions entre représentants civils libanais et israéliens, dans le cadre du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu qui était prévu par l'accord du 26 novembre dernier. Nous avions travaillé à rendre possible, avec nos partenaires américains, ces discussions. Donc nous nous en réjouissons. Nous sommes pleinement engagés à ce que ce mécanisme reste le cadre pour favoriser la désescalade et permettre un retour durable à la stabilité dans la région. Vous savez comme nous sommes attachés à l'application de la résolution 1701 et en plein soutien au gouvernement libanais dans l'application de sa décision du 5 septembre dernier pour le monopole de l'Etat sur les armes et la souveraineté sur le sud du Liban. Sur ce sujet, nos équipes sont totalement mobilisées, avec l'ensemble des partenaires concernés et en étroite coordination avec la partie américaine.
Q - Sur le même sujet. D'abord, si j'ai bien compris, vous avez dit que vous privilégiez que le mécanisme reste le cadre pour la suite de ces négociations ?
R - Oui, nous plaçons nos espoirs dans le fait que le mécanisme soit le bon cadre pour la désescalade dans la région.
Q - Donc, ma question est, en fait, pourquoi ? Parce que s'il s'agit de discussions directes entre les deux parties, pourquoi ont-ils besoin d'une structure internationale ? Est-ce que ce ne sera pas mieux de les pousser à avoir des discussions entre eux ?
D'abord, est-ce que vous voyez ça comme un « breakthrough », une percée, une amélioration ? Et quelle devrait être pour vous la prochaine étape ?
J'aimerais aussi savoir si vous avez des chiffres sur les opérations de ces mécanismes. Je sais qu'on a parlé de ça avant, le nombre de plaintes que vous avez reçues des deux côtés. Parmi les plaintes, combien de plaintes ont été traitées par le mécanisme et par la FINUL ?
Et pareil aussi, la question des chiffres par rapport à l'aide française à l'armée libanaise. Est-ce que vous pouvez quantifier ça en argent, en personnes qui sont venues pour soutenir, pour former ?
R - Sur les chiffres des actions du mécanisme de déconfliction, nous aurons une mise à jour bientôt là-dessus, mais je ne peux pas vous donner de chiffres aujourd'hui.
Sur, ensuite, est-ce qu'on pense que c'est une bonne chose ? Oui, c'est une très bonne chose. L'objectif, pour nous, demeure inchangé. C'est de faire que le cessez-le-feu soit respecté par les parties. Ce mécanisme ad hoc, il permet d'avoir toutes les parties autour de la table, avec aussi la FINUL, qui joue ce rôle particulier, pour nous extrêmement important. Vous savez combien la France avait été motrice dans la négociation du projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour le renouvellement du mandat de la FINUL au mois d'août dernier. Et tout ça doit permettre de créer, in fine, les conditions d'un apaisement durable. Donc voilà, c'est ce pourquoi nous nous engageons sur ce sujet, dans le sud du Liban.
Et enfin, sur votre dernière question, c'était le soutien de l'armée française aux forces armées libanaises. Là-dessus, il faudra que je revienne vers vous après ce point de presse. Sur les données, on en a, mais je reviendrai vers vous pour le détail.
Q - Une question sur l'Ukraine, s'il vous plaît. Der Spiegel, le magazine allemand, a publié un transcript, ou ce qu'il présente comme étant un transcript d'une conversation entre le Président Emmanuel Macron et d'autres dirigeants européens, où le président français avertit que les États-Unis pourraient trahir l'Ukraine sur le sujet notamment des territoires et des garanties de sécurité. Je me demandais comment vous réagissiez à cette fuite présumée et qu'est-ce que ça dit de la relation confiance avec les États-Unis ?
R - Sans surprise, je ne vais pas commenter des fuites présumées d'appels. Ce dont on ne peut pas vraiment douter, c'est de deux choses. L'une, c'est le soutien de la France à l'Ukraine depuis la guerre d'agression russe. Et puis deuxièmement, c'est la densité des échanges que nous avons avec la partie américaine sur ce sujet et à tous les niveaux. Vous avez vu que le Président avait reçu le président Zelensky lundi, et notamment dans la foulée de leurs échanges, ils avaient débriefé non seulement les négociateurs qui étaient à l'époque en Floride, et puis bien sûr aussi le président Trump.
Q - Israël a accusé la FINUL d'avoir divulgué des informations sensibles sur le positionnement de l'armée israélienne au Hezbollah. Ces informations ont été divulguées au Hezbollah, d'après Israël. Étant donné que le mandat de la Finul s'achève en décembre 2026, une source diplomatique à Beyrouth dit que les Israéliens visent, par ces accusations, à empêcher toute tentative de créer une nouvelle mission de maintien de la paix au Liban Sud. Quel regard portez-vous à tout ça ?
R - Je n'ai pas d'informations particulières à vous donner sur les allégations dont vous parlez. Ce que je veux redire, c'est le soutien tout à fait fort et stable de la France à la FINUL. Je vous ai dit tout l'engagement qui avait été le nôtre pour le renouvellement de son mandat en août dernier. Et puis le soutien de la France aux forces armées libanaises et au gouvernement libanais. Vous savez d'ailleurs qu'en ce moment se déroule au Liban la visite du Conseil de sécurité des Nations unies, au niveau des représentants permanents, Le représentant permanent de la France à New York est présent. Ils y sont, je crois, du 3 au 6 décembre. Leur but est de faire le suivi de l'ensemble des sujets qui sont suivis par le Conseil de sécurité des Nations unies avec le Liban. Je crois qu'ils rencontrent les différentes forces politiques, le président, le Premier ministre, le président du Parlement ainsi que les responsables de la FINUL. Ce sera l'occasion pour eux de réfléchir aussi aux modalités du soutien international, à l'issue du mandat de la FINUL. À ma connaissance, c'est la première fois depuis 2019 que le Conseil de sécurité des Nations unies se rend dans la région.
Q - J'ai une petite question supplémentaire sur l'Ukraine. Kirill Dmitriev a affirmé ce matin que la base des négociations qui avaient eu lieu à Moscou était le plan en 28 points, et que la base des discussions se fondait sur les mêmes que celles qui avaient été posées au sommet en Alaska. Qu'est-ce que ça dit, justement, du rôle des Européens et des négociations qui avaient été menées à Genève pour amender le plan de paix ?
Et j'ai une autre question relative à Gaza. Le dernier corps des otages est en passe d'être rendu à Israël. Est-ce à dire qu'il faut s'attendre à l'ouverture de l'ambassade de France en Palestine dès que ce corps sera remis ?
R - Je crois que ce que cela dit sur l'Ukraine, sur votre première question, ça veut dire qu'il y a quand même une partie qui est prête à la paix et l'autre qui ne l'est pas. Nous avons été toujours très clairs là-dessus. L'Ukraine, depuis le printemps dernier, indique qu'elle est prête à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Et nous voyons que la partie russe continue de pilonner l'Ukraine et Kiev avec ses armes, ses missiles ou ses drones. Donc, c'est surtout ça que ça veut dire. Nous sommes en contact avec la partie américaine, notamment pour le débriefing des discussions. Vous savez qu'il y a encore en ce moment des discussions qui doivent se tenir, je crois, en Floride, actuellement sur le sujet.
J'en profite du coup pour vous redire un petit peu nos éléments de cadrage à ce sujet. Nous redisons que rien ne va se faire sur l'Ukraine sans l'Ukraine, rien ne va se faire sur la sécurité des Européens sans les Européens. Depuis la première présentation du plan en 28 points, il y a maintenant presque 15 jours, il y a eu ces discussions à Genève et ces discussions de la Coalition des volontaires. Nous avions obtenu deux choses qui étaient très importantes. D'une part, lorsque le secrétaire d'État Marco Rubio était intervenu à la Coalition des volontaires, un engagement, pour la première fois, à ce niveau politique, de participation à la préparation des garanties de sécurité de la partie américaine avec les Européens. Et puis d'autre part, que les sujets purement européens soient retranchés des discussions. Il y a des éléments qui relèvent entièrement de la compétence des Européens, que ce soit par exemple les gels des avoirs ou les garanties de sécurité.
Q - Pour poursuivre, est-ce que vous avez la garantie que c'est ce fameux plan modifié à Genève, le plan en 19 points, qui a été présenté par Witkoff à Poutine ? Ou est-ce que c'est le plan en 28 points ?
R - Nous n'étions pas dans la salle, donc je ne peux pas vous dire. Je vous renvoie vers les autorités américaines pour savoir ce qu'ils se sont exactement dits. Je leur laisse la responsabilité de leur réponse.
Sur Gaza, ce que je voudrais déjà dire, c'est qu'il y a plusieurs éléments d'appréciation, dans le cadre du cessez-le-feu et de l'accord de Charm el-Cheikh. Le cessez-le-feu reste extrêmement fragile, mais des avancées ont été obtenues, notamment le retour des otages vivants et la restitution des corps qui étaient encore détenus par le Hamas. La décision de l'évolution, désormais, de nos dispositifs diplomatiques respectifs sera prise lorsque les autorités politiques le décideront. Nous soutenons, s'agissant de la relation avec l'État de Palestine, l'affermissement de cet État de Palestine. Nous avons, lors de la visite du président Mahmoud Abbas le 11 novembre dernier, annoncé la mise en place d'un comité conjoint de soutien de consolidation de cet État, reprenant notamment les têtes de chapitre que le président Mahmoud Abbas avait indiquées dans sa lettre du 9 juin au Président français et au prince héritier ben Salmane, dont la réforme des institutions politiques, l'organisation d'élections , la fin du système « Pay for Slay » et l'audit de la fin de ce système, et la réforme des manuels scolaires.
Q - Je reviens sur le Liban. Vous avez dit que vous espérez que le mécanisme reste le cadre des négociations. Donc, si je comprends bien, est-ce que ça veut dire que vous travaillez à ce que ça soit vraiment le cadre des négociations directes entre les deux pays à long terme ? Et qu'il y ait une médiation américaine et française ? Est-ce que ça veut dire que les négociations vont continuer ? Qu'hier, c'était juste la première rencontre et qu'il y en aura d'autres ?
Il vient d'y avoir des frappes au sud du Liban, sur des villages. Donc, je reviens à ma question. Je ne pense pas que j'aurai une réponse. Est-ce que vous pensez que ces négociations vont mener à une désescalade ? Parce qu'il me paraît que les Israéliens, ils veulent négocier, mais ils veulent frapper en même temps.
Troisième question sur la réouverture du passage de Rafah. Il y a beaucoup d'informations contradictoires. Hier, il y avait eu des rapports qui disent qu'Israël veut l'ouvrir dans une seule direction. Les Égyptiens ont nié. Ils conditionnent ça aussi sur le retour de la dépouille du dernier otage, qui est un policier. Donc, est-ce que vous avez plus d'informations et quelle est votre position sur cette réouverture ? Parce que c'est très dangereux, si ça va ouvrir dans un seul sens. Cela veut dire qu'on rentre dans la rhétorique, encore une fois, du déplacement forcé.
R - Nous avons les mêmes informations, c'est-à-dire que l'ouverture du point de passage de Rafah ne semble être annoncé que dans un seul sens, celui des sorties des résidents de Gaza vers l'Égypte. C'est insuffisant pour nous, au regard des besoins en termes humanitaires, qui nécessitent un acheminement beaucoup plus massif de l'aide humanitaire dans la région. Nous appelons donc à l'ouverture dans les deux sens du point de passage. Cela nous semble être nécessaire, et c'est par ailleurs spécifié dans le plan franco-saoudien, mais aussi dans le plan américain de la fin du mois de septembre, et il s'agissait des modalités établies dans le cadre du cessez-le-feu du 19 janvier dernier.
Sur le Liban, oui, ce mécanisme pentapartite, on souhaite que ce soit le forum des négociations à ce stade. Déjà, parce qu'il existe. Et ensuite, l'objectif premier, c'est celui de la mise en œuvre du cessez-le-feu. Et donc, on souhaite que cela se poursuive. Est-ce que ça va aller dans la bonne direction ? Tout ce qui va dans le sens de la désescalade est pour nous la bonne direction. Je n'ai pas plus de boule de cristal que vous sur quels vont être les événements dans les semaines à venir.