12/15/2025 | News release | Distributed by Public on 12/15/2025 13:56
Réunies lundi à Riyad, en marge d'un sommet de deux jours de l'Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), elles ont présenté des initiatives qui misent sur le dialogue à petite échelle, loin des processus institutionnels habituels.
Ana Kuprava, géorgienne, a grandi à Tbilissi, une ville souvent présentée comme un modèle de diversité. Pourtant, elle juge cette image partielle, notamment dans les zones plus reculées.
« Nous vivons ensemble, avec des nationalités et des religions différentes, mais dès qu'il s'agit de collaboration et d'interculturalité, cela devient une question », confie-t-elle. « Nous ne collaborons pas beaucoup entre nous ».
C'est de ce constat qu'est né From Borders to Bridges (« Des frontières aux passerelles »), un projet de quatre mois soutenu par Maria Yasyan, arménienne, et Shahana Afandiyeva, azerbaïdjanaise. Une cinquantaine de jeunes issues de communautés géorgienne, arménienne et azerbaïdjanaise y ont participé. Certaines venaient de grandes villes, d'autres de villages minoritaires isolés. Beaucoup n'avaient jamais échangé avec des jeunes d'une autre communauté.
À travers des modules en ligne, des exercices créatifs et des discussions informelles dans les vieilles cours intérieures de Tbilissi, les participantes ont redécouvert une idée simple : la coexistence a toujours fait partie de l'histoire de la région, avant d'être oubliée par les conflits.
Depuis l'Azerbaïdjan, Shahana Afandiyeva a pris part aux sessions sur la prévention de l'extrémisme et de la radicalisation des jeunes. Elle insiste sur la lente construction de la confiance.
« Nous venons d'une région où l'histoire est complexe et la confiance fragile », dit-elle. « Mais tout commence par un premier pas. Le reste viendra ensuite ».
Même lors des sessions virtuelles, les échanges ont permis aux participants de baisser la garde, de partager émotions, hésitations et enfin, confiance.
« La diversité n'est pas quelque chose dont il faut avoir peur. C'est quelque chose de beau, dont nous devons être fiers ».
Pour elle, l'expérience a surtout montré que la lutte contre l'extrémisme n'a pas besoin de moyens illimités, mais de la volonté d'agir.
Maria Yasyan, depuis l'Arménie, met en lumière un autre aspect négligé des processus de paix : le rôle des femmes, surtout dans des régions où la méfiance mutuelle a longtemps prévalu.
Malgré les obstacles linguistiques et politiques, elle a observé une forte implication des jeunes dans les débats.
« Ils interrompaient, posaient des questions. Ils étaient vraiment impliqués. Ils veulent en savoir plus, ils veulent prendre la parole, et ce sont eux qui feront le changement », se souvient-elle.
Le projet a continué à porter ses fruits après sa conclusion officielle : les participants ont maintenu le contact, échangé des idées et exploré des possibilités de coopération transfrontalière. Parallèlement, Maria mène en Arménie un programme de développement de compétences destiné aux jeunes, notamment en milieu rural.
« Au départ, ils n'étaient pas sûrs de leur potentiel. Puis, ils ont pris les rênes de projets plus ambitieux. Ils se voient aujourd'hui comme les acteurs du changement ».
Les trois femmes ont été formées par le programme des jeunes artisans de la paix de l'UNAOC, dont le 11e forum a lieu depuis dimanche dans la capitale saoudienne. Créée en 2005, l'Alliance des civilisations a pour objectif de promouvoir le respect et la compréhension entre cultures et religions.
Le programme de l'UNAOC leur a offert des outils pratiques et un accompagnement pour travailler avec des communautés parfois réticentes au dialogue. Elles y ont appris à concevoir des projets, à évaluer les risques et à instaurer la confiance, en présentiel comme en ligne.
Mais le véritable enseignement est ailleurs : une conversation informelle, un récit partagé, un moment de reconnaissance. Le changement ne nécessite pas toujours des discours grandiloquents.
« Nous vivons dans une région qui passe du conflit à la paix. La paix ne peut pas se construire uniquement par la géopolitique. Nous avons besoin d'une paix plus inclusive, plus humaine, et nous avons besoin des jeunes pour la construire », déclare Shahana Afandiyeva.
Ana Kuprava rapporte que de nombreuse participantes échangeaient pour la première fois avec des jeunes d'autres nationalités. « Elles se sont senties en sécurité, heureuse, reconnues. Même des actions modestes peuvent avoir un grand impact ».
Et Maria Yasyan de clore avec un appel simple mais direct : « Soyez créatives, agissez et soutenez-vous les unes les autres. Ne le faites pas seules : faites-le en équipe ».