01/24/2025 | News release | Distributed by Public on 01/24/2025 06:49
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le nombre de déplacés a presque doublé en une semaine. La semaine dernière, l'agence onusienne faisait état de 230.000 personnes déplacées par l'escalade des affrontements entre les groupes armés non étatiques et l'armée congolaise dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu.
Le M23 n'a cessé de gagner du terrain dans l'est du pays depuis sa résurgence en 2021 jusqu'à désormais encercler quasiment Goma.
« Depuis notre dernière mise à jour du 17 janvier, des bombes sont tombées sur des sites de personnes déplacées », a déclaré lors d'un point de presse à Genève, Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR.
Le 20 janvier, des explosions sur le site de Kitalaga au Sud-Kivu ont tué deux enfants, tandis que le 21 janvier, cinq abris de fortune ont été détruits à Nzuolo et qu'hier, le site de Bushagara a été fortement touché, provoquant la panique et de nouvelles vagues de déplacements forcés.
La violence s'est également intensifiée dans les territoires de Minova et de Kalehe, au Sud-Kivu, provoquant le déplacement de 178.000 personnes supplémentaires, car des affrontements intenses ont conduit des groupes armés non étatiques à prendre le contrôle de la ville de Minova et de la localité de Kalungu. Au moins 80 % de la population a fui vers la ville de Goma.
Pendant ce temps, les combats se sont intensifiés dans la ville de Saké, au Nord-Kivu, à environ 25 kilomètres de Goma, et des groupes armés non étatiques en ont pris le contrôle. Les bombardements intensifs ont poussé les familles d'au moins neuf sites de déplacement situés à la périphérie de Goma à fuir vers la ville en quête de sécurité et d'un abri.
« Beaucoup ont passé la nuit dernière à dormir dans les rues et dans les espaces verts de la ville », a ajouté M. Saltmarsh.
Les affrontements persistants entre les belligérants dans ces zones continuent de détériorer l'environnement de protection des civils dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu, qui abritent déjà 4,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Les violations des droits de l'homme, notamment les pillages, les blessures, les meurtres, les enlèvements et les arrestations arbitraires de personnes déplacées prises pour des rebelles, se sont intensifiées.
Les hôpitaux sont presque saturés de civils blessés. Les femmes, les enfants et les personnes âgées vulnérables vivent dans des conditions surpeuplées et précaires, avec un accès limité à la nourriture, à l'eau et aux services essentiels.
L'accès à l'aide humanitaire pour répondre à ces besoins urgents est considérablement restreint. Toutes les routes menant à Minova, y compris pour l'aide humanitaire, sont fermées. Des tirs d'obus aveugles ont forcé la suspension temporaire des activités de sauvetage dans plusieurs zones du Nord-Kivu.
C'est dans ce contexte que le Secrétaire général de l'ONU s'est alarmé par la reprise des combats dans l'est de la RDC. Antonio Guterres a condamné jeudi l'extension de l'offensive des rebelles du M23 qui accroît « le risque d'une guerre régionale », a indiqué son porte-parole, évoquant la présence des forces rwandaises.
Le M23 a récemment pris le contrôle de la ville de Sake à la suite de combats avec les forces armées de la RDC. Les récentes hostilités entre le M23, l'armée de la RDC et d'autres groupes armés dans le village de Bweremana, à environ 50 km de Goma, ont fait au moins 18 morts parmi les civils.
En écho à cette alerte, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) note que « toute attaque (...) contre Goma risque d'avoir des conséquences catastrophiques pour des centaines de milliers de civils, les exposant davantage aux violations des droits de l'homme et aux abus ».
Le Haut-Commissaire, Volker Türk, « appelle toutes les parties au conflit à ne pas aggraver les tensions », à veiller au respect des droits humains et du droit international humanitaire, notamment en n'entravant pas l'accès à l'aide humanitaire.
Il lance également un appel à tous les Etats ayant une influence sur les parties pour qu'ils insistent sur la nécessité urgente d'une cessation immédiate des hostilités. « Tout rôle joué par le Rwanda dans le soutien au M23 - et par tout autre pays soutenant des groupes armés actifs en RDC - doit cesser », ont insisté les services du Haut-Commissaire Türk.