11/03/2025 | News release | Distributed by Public on 11/03/2025 09:56
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté lundi sur une nouvelle vague de déplacements, survenue quelques jours après la chute d'El Fasher, capitale du Darfour du Nord et dernier bastion de l'armée soudanaise dans l'ouest du pays.
Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par une guerre fratricide opposant les forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR de Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Ce conflit, né d'une lutte de pouvoir entre les deux hommes forts du pays, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de dix millions de déplacés, aggravant l'une des pires crises humanitaires actuelles.
Selon l'OIM, 36 825 personnes ont fui cinq localités du Kordofan du Nord, situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour. Ce week-end encore, 1 205 civils supplémentaires ont quitté les villes de Bara et Um Rawaba, en raison de l'insécurité croissante.
Les FSR, après avoir pris le contrôle du Darfour, poursuivent leur avancée dans le Kordofan, une région stratégique reliant l'ouest du pays à la capitale, Khartoum, et essentielle pour les convois humanitaires.
Plus de 70 000 déplacés d'El Fasher en une semaine
Dans le nord du Darfour, la chute d'El Fasher n'a pas mis fin à l'exode. D'après l'OIM, plus de 8 600 personnes ont encore fui la ville entre le 1ᵉʳ et le 2 novembre, portant à près de 71 000 le nombre de déplacés depuis le 26 octobre.
Ces chiffres restent provisoires, l'insécurité rendant tout recensement difficile. « La situation reste tendue et très instable, avec une insécurité persistante et des mouvements de population continus », a souligné l'agence, évoquant également des attaques sur les routes qui paralysent les opérations humanitaires.
Dans un rapport conjoint, ONU Femmes et le bureau des affaires humanitaire de l'ONU (OCHA) dénoncent une escalade des violences dirigées contre les femmes et les filles.
Les violences sexuelles, les enlèvements, la traite, les détentions arbitraires et les accusations de collaboration avec l'ennemi sont devenus des pratiques répandues, voire systématiques.
Les conclusions reposent sur les témoignages de 150 femmes et jeunes femmes recueillis par 65 organisations locales dirigées par des femmes, présentes dans sept régions du pays - de Khartoum au Nil Blanc.
À El-Fasher, des exactions commises par des hommes en uniforme ont conduit à de nombreuses grossesses non désirées.
Des organisations féminines locales signalent un flot d'appels à l'aide émanant de femmes retenues parfois pendant des mois par des groupes armés.
« Nous avons confirmé plus de 100 cas de femmes qui ont été libérées de la détention par des groupes armés après avoir été retenues dans des sites près d'Al Genina, une zone au nord de la ville de Kosti », indique le rapport.
Selon Médecins sans frontières, 56 % des victimes de violences sexistes traitées dans le sud du Darfour ont été agressées par des non-civils - militaires, policiers ou membres de groupes armés.
Une autre organisation locale a recensé plus de dix décès de femmes et de filles mortes des suites de viols ou de blessures infligées pendant leur captivité. À Khartoum, des associations signalent que les femmes déplacées du Darfour sont visées en raison de leur appartenance ethnique.
Les femmes représentent plus de la moitié des personnes déplacées internes, dont près de 30 % sont des filles de moins de 18 ans.
Souvent contraintes de fuir sous les tirs, elles se retrouvent privées d'éducation, de revenus et de protection, exposées à un risque accru d'exploitation et de violence.
Les attaques contre les établissements de santé ont rendu presque impossible l'accès aux soins maternels et reproductifs, alors que les grossesses liées aux viols se multiplient.
Malgré les menaces et le manque de ressources, les organisations locales dirigées par des femmes poursuivent leur travail : elles maintiennent des espaces sûrs, déploient des cliniques mobiles et assurent un soutien psychosocial pour les survivantes.