Prime Minister of the French Republic

04/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 04/15/2025 10:08

Finances publiques : la vérité pour agir

« La vérité permet d'agir. » C'est le principe qui a guidé l'intervention du Premier ministre, François Bayrou, sur les finances publiques, mardi 15 avril 2025, à Paris.
Un « premier comité d'alerte », centré sur l'exécution budgétaire 2025, s'est tenu en présence de plusieurs membres du Gouvernement ainsi que des parlementaires, des partenaires sociaux, des représentants des organismes de sécurité sociale et des collectivités locales.
À la suite de ce comité, le Premier ministre a présenté aux Français la mesure de la situation difficile du pays dans un contexte international complexe et imprévisible. « Il est des heures de vérité décisives. Celle-ci en est une », a-t-il affirmé.
Avec ce constat : notre dette augmente bien trop vite, car nous dépensons trop par rapport à nos recettes.

Production et travail

À cela, avance le Premier ministre, plusieurs explications. D'abord, la France ne produit et ne travaille pas suffisamment.
Côté production, le PIB par habitant en France est inférieur de 10 à 15 % à celui de l'Allemagne en fonction des années.
La France importe bien plus qu'elle n'exporte. Des efforts peuvent être faits en produisant mieux ou en modifiant nos modes de consommation.
Rappelant les nombreuses réussites françaises, le Premier ministre a souligné que la France a toutes les capacités de produire. Elle maîtrise cependant aujourd'hui plutôt le haut de la pyramide de production, restant quasi absente de la base, là où se situe la majorité des produits consommés par les Français.
La politique de réindustrialisation, enclenchée depuis 2017, doit devenir « une obsession pour notre Nation ». Et cette obsession s'inscrit dans une « Europe unie et puissante ».
Côté travail, le Premier ministre a souligné que les Français doivent être plus nombreux à travailler, en particulier les juniors et les seniors. Leur taux d'emploi est, en effet, plus faible en France qu'en Europe. Le taux d'emploi des femmes a, lui, fortement augmenté, mais cette dynamique ralentit.

Recettes et dépenses

Autre élément d'explication à la situation française : « nous dépensons trop par rapport à nos recettes », a rappelé le Premier ministre.
Alors que la part des recettes publiques dans le PIB a légèrement augmenté depuis 20 ans, celle des dépenses publiques a, elle, sensiblement augmenté, notamment après chaque crise.
Comment rééquilibrer les finances publiques ? Pas question, affirme le Premier ministre, d'opter pour des « solutions de facilité » qui seraient une hausse des prélèvements ou un recours à l'emprunt.
La dette représente aujourd'hui 50 000 euros par Français. Et plus la dette s'accroît, plus son remboursement pèse dans le budget annuel, réduisant les marges de manœuvre et menaçant de facto l'indépendance de la France.
Les intérêts de la dette publique atteignent ainsi 62 milliards d'euros en 2025, une somme quasi égale à celle consacrée à l'Éducation nationale (63 milliards d'euros, hors financement des pensions de retraite).
Pour briser ce cercle vicieux, le Premier ministre entend agir avec résolution.
Ces actions se feront dans le respect du modèle social français et de la République décentralisée.
Le système de protection collective doit cependant accepter des évolutions, voire des révolutions, pour affronter le défi démographique.
Quant aux collectivités territoriales, qui portent une part majeure de l'investissement de la France, elles doivent voir leur autonomie préservée. Concernant la Santé, le Premier ministre a rappelé que le Gouvernement apporterait des réponses concrètes sur les déserts médicaux avant fin avril.

Quatre orientations pour retrouver des marges de manœuvre

Le Premier ministre a donné son cap :
1) Améliorer la compétitivité pour devenir une nation plus productive. Cela passe par l'amplification de la réindustrialisation déjà amorcée, en investissant dans les savoir-faire et l'innovation.
2) Reprendre en main les finances publiques. La trajectoire actuelle, visant le retour au déficit sous le seuil des 3 % du PIB en 2029, doit être maintenue. Ce seuil, en deçà duquel la dette n'augmente plus, est garant de l'indépendance de la France. L'effort à faire représente 6 % de la dépense publique.
Les dépenses militaires, qui ont augmenté depuis 2017, vont continuer à progresser afin de renforcer, aux côtés de nos partenaires européens, notre indépendance en matière de sécurité et de défense.
La tenue du budget 2025 et la préparation du budget 2026 doivent être organisées autour de quatre principes :
  • les dépenses de fonctionnement ne doivent pas progresser plus vite que la croissance économique,
  • l'État doit planifier et agir efficacement, plutôt que d'être un État guichet,
  • l'intérêt général doit l'emporter sur les intérêts particuliers,
  • mettre fin aux dépenses injustifiées et que nous ne pouvons plus nous permettre dans une période de finances publiques très contraintes.
3) Réformer notre modèle social pour le préserver, en partageant mieux l'effort entre les générations pour rééquilibrer les comptes de la Sécurité sociale.
4) Travailler tous, travailler davantage, travailler mieux. Cela passe notamment par libérer l'emploi, améliorer les conditions de travail, et renforcer les compétences fondamentales.
Le Premier ministre s'est montré résolument optimiste, estimant que « des continents d'énergie » ne demandent qu'à s'exprimer en France : « c'est ce mouvement de libération que nous avons entrepris ensemble ce matin. »

Contribution de la sphère locale

Pour participer à la réduction du déficit public, la sphère locale doit prolonger son effort en maîtrisant les dépenses de fonctionnement, en priorisant les investissements d'avenir, dans le cadre d'une simplification des soutiens de l'Etat, et en réduisant le coût des normes.

Un calendrier accéléré

Le Premier ministre a présenté un calendrier accéléré pour proposer des orientations et des solutions en amont du temps budgétaire habituel, traditionnellement à l'automne.
  • Avril
Après ce premier comité d'alerte, le mois d'avril marque le début des échanges avec les parlementaires pour les associer aux revues de missions et aux travaux thématiques sur les différents chantiers de réforme.
  • Mai
Une conférence des territoires pour partager le diagnostic de la santé financière des collectivités et bâtir une stratégie pluriannuelle de participation au redressement est prévue le 6 mai.
Les conclusions de la démarche de refondation de l'action publique seront également présentées en mai.
  • Juin
À l'issue de la concertation sur les retraites s'ouvriront en juin de nouveaux chantiers avec les partenaires sociaux pour les 80 ans de la Sécurité sociale.
Un deuxième comité d'alerte est également prévu ce mois-là.
  • Juillet
Les grands équilibres retenus pour les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2026 seront présentés en juillet.

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