09/22/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/22/2025 10:47
On trouvera, ci-après, le texte du discours du Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres, prononcé devant l'Assemblée générale à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, à New York, aujourd'hui:
Alors que nous célébrons le quatre-vingtième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, je vous invite à vous replonger un instant dans nos débuts.
Lorsque l'Organisation a ouvert ses portes, de nombreux membres de son personnel portaient des blessures de guerre visibles: claudication, cicatrice, marque de brûlure.
L'un d'entre eux était le commandant Brian Urquhart, la deuxième personne à avoir été engagée par l'Organisation.
Soldat britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, il se trouvait à bord d'un navire qui a explosé dans la Manche, a assisté à la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen, et a boité tout le reste de sa vie à cause d'un parachute qui ne s'est pas ouvert.
Il n'était pas le seul.
Un commis pouvait mentionner discrètement une blessure par balle.
Un représentant, l'éclat d'obus toujours logé dans sa poitrine.
Ces personnes avaient vu ce que l'humanité a de pire à offrir: les horreurs des camps de la mort, la cruauté des combats, l'anéantissement total de villes entières.
Et c'est précisément pour cela qu'elles choisirent de se mettre au service de la paix.
Des mythes perdurent: il faudrait être naïf pour croire en la paix et sentimental pour croire en la justice. Il n'y aurait pas de « vraie » politique en dehors du pouvoir et de l'intérêt personnel.
Or, les premiers fonctionnaires n'étaient pas des idéalistes détachés de la réalité.
Ils avaient connu la guerre. Ils savaient bien que la quête de paix est la quête la plus courageuse, la plus pragmatique et la plus nécessaire de toutes.
En bâtissant l'Organisation des Nations Unies, ils ont créé quelque chose d'extraordinaire.
Un lieu où toutes les nations, grandes et petites, pouvaient se rassembler pour régler les problèmes qu'aucun pays ne peut résoudre à lui seul.
Et pourtant, en ce moment même, les principes de l'Organisation sont plus que jamais rudoyés.
À l'heure où nous nous réunissons, des civils sont pris pour cible, et le droit international est bafoué à Gaza, en Ukraine, au Soudan et ailleurs
À l'heure où nous nous réunissons, la pauvreté et la faim ne font que s'aggraver, et les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable s'essoufflent.
À l'heure où nous nous réunissons, la planète brûle, en proie au chaos climatique et à son cortège d'incendies, d'inondations et de records de chaleur.
Dans le même temps, nous nous dirigeons vers un monde multipolaire.
Toutefois, sans institutions multilatérales fortes, la multipolarité n'est pas sans risques, comme l'Europe l'a appris lors de la Première Guerre mondiale.
Pour affronter de telles épreuves, il ne suffit pas de défendre l'Organisation des Nations Unies, il faut aussi la renforcer.
Tel est l'objectif du Programme 2030, du Pacte pour l'avenir, et de l'Initiative ONU80: renouveler les fondements de la coopération internationale et nous permettre de servir les peuples du monde entier.
Au fil des années, notre Organisation a ouvert la voie à certains des plus grands triomphes de l'humanité:
L'éradication de la variole.
La régénération de la couche d'ozone.
Et, par-dessus tout, la prévention d'une troisième guerre mondiale.
Les défis des 80 prochaines années seront à la fois familiers et inédits.
La lutte contre la guerre et la pauvreté se poursuivra.
Mais il faudra également faire face au chaos climatique, aux technologies incontrôlées, à la militarisation de l'espace et à des crises encore inimaginables.
Pour relever ces défis, souvenons-nous de ce que nos fondateurs savaient déjà:
La seule voie possible, c'est celle de l'unité.
Soyons à la hauteur de ce moment - avec lucidité, courage et conviction.
Et réalisons la promesse de la paix.