11/12/2025 | Press release | Distributed by Public on 11/12/2025 13:08
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(Treize heures dix-sept minutes)
Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue à cette conférence de presse du Commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, sur son rapport concernant l'intégration à la nation québécoise. M. Dubreuil, je vous laisse la parole.
M. Dubreuil (Benoît) : Alors, bonjour à tous. Je suis accompagné aujourd'hui d'Éric Poirier, commissaire adjoint, et de Rodolphe Parent, professionnel de recherche.
Alors, aujourd'hui, on a déposé le rapport Intégration à la nation québécoise : De la rencontre à l'adhésion. C'est un rapport qui donne suite à l'adoption en mai dernier de la Loi sur l'intégration à la nation québécoise. Cette loi établit pour la première fois les paramètres d'un modèle québécois d'intégration et oblige la ministre de la Langue française à déposer au gouvernement, dans les 18 mois, une politique nationale sur l'intégration à la nation québécoise et à la culture commune. Le rapport d'aujourd'hui présente les éléments qui, selon nous, devraient figurer dans cette politique dans le but de renforcer durablement la langue et la culture communes. Le rapport s'appuie sur deux études complémentaires que nous avons publiées lundi et qui portent respectivement sur les représentations linguistiques et identitaires des jeunes issus de l'immigration ainsi que sur la mixité dans les milieux de vie, le travail et d'études.
Alors, la première partie du rapport présente l'enjeu auquel la politique doit répondre. Donc, cet enjeu, il est simple, c'est que l'analyse des données linguistiques indique que l'usage du français demeure beaucoup plus faible parmi les personnes issues de l'immigration, y compris parmi les personnes de deuxième génération qui ont grandi au Québec et qui maîtrisent très bien le français. Cette situation, elle s'explique, selon nous, par des mécanismes qui sont à l'œuvre dans les milieux scolaires, professionnels et associatifs. Les études montrent par exemple que, dans les écoles secondaires, les jeunes ont tendance à se regrouper selon qu'ils sont issus ou non de l'immigration. C'est une situation qui favorise l'apparition de préjugés et de stéréotypes de part et d'autre et qui alimente la construction d'une frontière symbolique entre les immigrants et les Québécois. C'est un enjeu qui n'est pas propre au Québec. Au contraire, on l'observe dans les autres sociétés qui ont reçu une immigration importante. Cependant, en raison de la concurrence de l'anglais, il est associé ici à un usage plus faible de la langue commune dans les sphères sociale, professionnelle et culturelle.
Par ailleurs, notre analyse de la concentration de l'immigration sur le plan résidentiel, professionnel et scolaire nous suggère que les tendances observées pourraient s'amplifier au cours des prochaines décennies. En effet, dans plusieurs milieux de vie, de travail ou d'études, une part non négligeable de la population immigrante est peu exposée, peu en contact avec les francophones qui ne sont pas issus de l'immigration. Dans les écoles, la proportion d'élèves issus de l'immigration a atteint dans les régions de Montréal et de Laval une proportion qui complique l'organisation de rencontres avec des élèves qui ne sont pas issus de l'immigration. Dans le 450, tout comme dans les régions de Gatineau ou de Québec, on observe aujourd'hui une diversité supérieure à celle que l'on observait à Montréal il y a 20 ans, sans pourtant qu'on ait adopté de stratégie pour s'assurer de l'adhésion à la langue et à la culture commune.
Pour surmonter ces défis, le gouvernement du Québec compte sur des programmes qui, au fil du temps, ont financé plusieurs projets et initiatives porteurs. Cependant, ces programmes n'ont pas suffi à transformer les relations sociales à une échelle... à l'échelle qui aurait été nécessaire. Donc, selon le cas, les initiatives ont une portée trop limitée, mobilisent insuffisamment les acteurs locaux ou peinent à s'institutionnaliser.
Dans la seconde partie du rapport, nous soutenons que la politique sur l'intégration doit mettre de l'avant trois objectifs : faire de l'intégration une priorité pour tous les acteurs, accroître la mixité dans les milieux de vie, mieux encadrer les contacts interculturels. Nous proposons ensuite...