07/22/2025 | News release | Distributed by Public on 07/22/2025 13:14
« L'Unesco s'y était préparée », affirme toutefois Audrey Azoulay depuis son siège parisien, dans un communiqué de presse. Réformée, stabilisée, soutenue par ses membres, l'agence culturelle de l'ONU garde résolument le cap.
Les États-Unis avaient déjà claqué la porte de l'Unesco en 1984, sous la présidence de Ronald Reagan, puis en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump - qui a choisi, mardi, de récidiver. À chaque fois, la Maison Blanche évoque des motifs politiques, liés notamment aux positions de l'Unesco sur le conflit israélo-palestinien.
« Cette décision va à l'encontre des principes fondamentaux du multilatéralisme », a déploré la directrice générale, soulignant qu'elle risque de pénaliser en premier lieu les partenaires américains de l'Unesco - ces villes, universités et communautés locales qui aspirent à inscrire leurs sites au patrimoine mondial ou à rejoindre les réseaux de villes créatives.
Mais contrairement à 2017, l'Unesco ne dépend plus autant financièrement de Washington. La contribution américaine, qui représentait à l'époque près d'un quart des fonds de l'agence, ne se monte plus aujourd'hui qu'à 8 %.
Le budget global, lui, n'a cessé de croître, porté par l'engagement de nombreux États membres et l'explosion des contributions volontaires, lesquelles ont doublé depuis 2018.
Loin de reculer, l'agence a redoublé d'initiatives. « Malgré un premier retrait décidé par le président Donald Trump en 2017, l'Unesco a renforcé son action partout où sa mission pouvait contribuer à la paix », souligne sa cheffe.
Reconstruction de la vieille ville de Mossoul, en Iraq, adoption du premier instrument mondial sur l'éthique de l'intelligence artificielle, programmes éducatifs en Ukraine, au Yémen ou au Liban, protection de la biodiversité, promotion de l'éducation des filles : l'agence a musclé son mandat et élargi son influence.
Sur un sujet particulièrement sensible pour les États-Unis - la mémoire de la Shoah -, l'Unesco s'est imposée comme un acteur central. Elle est « la seule agence des Nations Unies responsable de ces questions », rappelle la directrice générale, et son travail a été « unanimement salué » par le Musée mémorial de l'Holocauste de Washington, le Congrès juif mondial et l'American Jewish Committee.
Depuis 2018, l'agence a soutenu 85 pays dans la formation des enseignants et la lutte contre la négation et les discours de haine.
À l'Unesco, on ne panique pas. Aucun licenciement n'est prévu. Les projets se poursuivent. Et l'agence ne renonce pas au dialogue. « La vocation de l'Unesco est d'accueillir toutes les nations du monde, et les États-Unis d'Amérique y ont toute leur place, aujourd'hui comme demain », insiste Audrey Azoulay.
L'organisation continuera de travailler « main dans la main avec tous nos partenaires américains du secteur privé, du monde académique et du milieu associatif », et de dialoguer avec l'administration Trump et le Congrès américain.
Plus que jamais, l'agence fondée en 1945 veut faire la preuve de son utilité. « Les motifs avancés par les États-Unis pour justifier leur retrait sont les mêmes qu'il y a sept ans », constate Mme Azoulay. Pourtant, ajoute-t-elle, « la situation a profondément évolué, les tensions politiques se sont apaisées, et l'Unesco constitue aujourd'hui un rare espace de consensus au service du multilatéralisme ».