Un zeste de citron — Exposition exceptionnelle de l’œuvre d’Édouard Manet au Château royal

De l'Orangerie à l'Orangerie. En 1952, dans le cadre d'un hommage à Manet, Le Citron, l'un des tableaux iconiques du peintre impressionniste, est exposé au musée de l'Orangerie de Paris. Plus de soixante dix ans plus tard, en 2025, le voici présenté à portée de regard de… l'ancienne Orangerie du Château royal de Blois. Le « fruit » du hasard ? Pas vraiment.

À la Renaissance, le citron s'invite sur toutes les tables, rappelle Bastien Lopez, le conservateur du Château royal de Blois. Sa couleur jaune vif et son goût acidulé en font un trésor rare et précieux. Avec son Orangerie, le Château royal est ainsi l'un des premiers à aménager un bâtiment qui puisse permettre d'adapter ces espèces végétales exotiques au climat européen de l'époque.

« Raconter le climat »

Parce que cet agrume fait écho à l'histoire du monument blésois, nous nous sommes positionnés pour accueillir Le Citron, une huile sur toile appartenant au musée d'Orsay, qui a impulsé l'an dernier un programme innovant pour faire voyager ses collections dans la France entière, explique Fabienne Quinet, adjointe à la Ville culturelle. Cette année, le musée d'Orsay a invité les musées de toutes les régions à « piocher » dans ses œuvres des sculptures, dessins ou peintures qui permettent de « raconter le climat ». Il s'agit de montrer que depuis longtemps, l'humain joue avec le climat et est en interaction avec lui, explique Bastien Lopez.Avec ce citron posé sur un plat, Manet pose, à la fin du 19^e siècle, la question du vieillissement des fruits, de l'altération et du passage du temps. Le conservateur en profite pour rappeler l'avant-gardisme de ce peintre que l'on dit inventeur du Moderne, qui a apporté un regard nouveau dans la façon de représenter l'humain et la nature. Des problématiques qui étaient déjà abordées, d'une manière différente, par les artistes de la Renaissance…

L'œil qui traine

Pour inscrire la découverte de cette œuvre en cohérence avec son cheminement de visite, le Château royal a décidé de l'exposer dans le Studiolo, considéré comme le « saint des saints » des appartements royaux. Un clin d'œil supplémentaire à Manet, qui disait vouloir devenir « le saint François de la nature morte » ? Toujours est-il qu'en regardant par la fenêtre, en appréciant les contrastes du tableau, le public pourra en même temps apercevoir les murs de l'ancienne Orangerie. Un trait d'union entre l'édifice et ses jardins disparus, entre deux époques de l'histoire et un futur qui nous rattrape. Une expérience dont peuvent profiter gratuitement, rappelons-le, toutes les Blésoises et tous les Blésois détenteurs du Pass Blois culture. De quoi épancher sa soif de bon et de beau en plantant ses yeux dans ce Citron plus vrai que nature.

Le saviez-vous ?
5 infos à savoir sur Le Citron de Manet

• Type : huile sur toile ;
• année de réalisation : 1880 ;
• dimensions : 14 × 22 cm ;
• légué aux Musées nationaux en 1911, affecté au musée d'Orsay en 1986 ;
• avant d'être exposé à Blois, Le Citron a été exposé en 2024 à la Villa Médicis de Rome.

Article par Benjamin Vasset.

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