WHO - World Health Organization

11/14/2024 | Press release | Distributed by Public on 11/15/2024 07:01

Allocution du Directeur général de l’OMS lors du Sommet WISH de l’innovation au service de la santé : table ronde de haut niveau — Protéger la santé dans les conflits armés —[...]

Votre Altesse,

Excellences, chères collègues et amies, chers collègues et amis,

Assalamu'alaikum warahmatullahi wabarakatuh.

Je remercie le Sommet WISH de l'innovation au service de la santé et la Fondation du Qatar de nous avoir réunis pour aborder la question urgente de la protection de la santé dans les conflits armés.

Dans le nord de Gaza, la semaine dernière, l'hôpital Kamal Adwan a été soumis à d'intenses combats, assiégé et bombardé ; cet hôpital où des dizaines de personnels soignants prenaient en charge des centaines de patientes et patients est devenu une coquille vide.

Il y a deux semaines, un établissement de santé au Pakistan où le personnel chargé de lutter contre la poliomyélite se préparait à une campagne de vaccination a été attaqué, et un policier qui le protégeait a été tué.

Et pas plus tard qu'hier, deux patients ont été exécutés lors d'une attaque contre une ambulance de MSF en Haïti.

Et je ne vous parle que de ce mois-ci.

Les attaques contre les services de santé sont en train de devenir la « nouvelle norme » des conflits.

Le rapport que nous publions aujourd'hui, élaboré par l'OMS, WISH et la Fondation du Qatar, montre qu'au cours des trois dernières années, nous avons assisté à une augmentation de la fréquence, de l'ampleur et de l'impact des attaques contre les services de santé.

Outre l'Afghanistan, Gaza et Haïti, l'OMS a confirmé que cette année 1100 de ces attaques avaient eu lieu au Liban, au Myanmar, au Soudan, en Ukraine et ailleurs.

Depuis que nous avons commencé à recenser les attaques contre les services de santé en 2018, l'OMS a confirmé que plus de 7400 attaques avaient eu lieu dans 21 pays ou territoires, avec plus de 2400 morts et 5000 blessés parmi le personnel soignant et les patientes et patients.

Ces attaques tuent et mutilent ;

Elles privent les personnes vulnérables des services de santé dont elles ont besoin, au moment où elles en ont le plus besoin ;

Elles détruisent des hôpitaux, des cliniques, des ambulances ;

Et elles sapent quelque chose de moins tangible, mais de plus fondamental : l'espoir.

Et parfois, c'est le but : démoraliser, abîmer et déshumaniser.

Qui paie le prix de ces attaques ? Les personnes âgées ; les enfants ; les femmes enceintes ; les personnes handicapées ou celles qui ont besoin d'un traitement régulier pour un cancer, une insuffisance rénale ou une maladie cardiaque.

Soyons clairs : les attaques contre les services de santé sont une violation du droit à la santé et du droit international, qui peut constituer un crime de guerre ou un crime contre l'humanité.

Même lorsque les établissements de santé sont militarisés - ce qui constitue en soi une attaque contre les services de santé - ils ne sont jamais sans protection en droit humanitaire.

Et pourtant, presque personne n'a jamais été amené à rendre des comptes pour ces violations.

À quoi sert le droit international s'il n'est ni respecté ni appliqué ?

Et entend-on les voix des leaders mondiaux dénonçant ces attaques ?

Le silence est une approbation tacite. S'il n'y a pas d'obligation de rendre des comptes, les attaques contre les services de santé ne feront qu'augmenter.

Le rapport que nous publions aujourd'hui présente neuf recommandations à l'échelle locale, nationale et mondiale pour amener les auteurs de ces attaques innommables à rendre des comptes.

Il s'agit de recommandations que nous devons tous mettre en œuvre : gouvernements, agences des Nations Unies, organisations internationales, société civile, ONG, entre autres.

Je ne vais pas les passer en revue ; je vous invite à lire le rapport par vous-mêmes.

Mais ne vous contentez pas de le lire ; agissez en conséquence, aujourd'hui. Chacune et chacun dans cette salle peut faire quelque chose pour mettre en œuvre une ou plusieurs de ces recommandations, dès maintenant.

Parce que si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

En fin de compte, la meilleure façon de mettre fin aux attaques contre les services de santé est de mettre fin aux conflits dans lesquels elles se produisent.

Lorsque les conflits à Gaza, au Liban, au Soudan et en Ukraine cesseront, les attaques contre les soins de santé cesseront également.

La paix est le meilleur remède.

Shukran jazeelan. Je vous remercie.