12/17/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/17/2025 09:51
La Banque mondiale a publié la 9e édition du Baromètre économique de la CEMAC, un rapport semestriel qui analyse les évolutions économiques récentes, les perspectives et les principaux défis de la Communauté économique de l'Afrique centrale (CEMAC), qui comprend le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République du Congo et le Tchad. Le thème spécial de cette édition explore les voies d'une croissance durable en évaluant la richesse nationale et le rôle des forêts du bassin du Congo.
1. Une croissance modeste sur fond de pressions budgétaires et sociales
L'activité économique dans la région CEMAC a progressé de 3 % en 2024, contre 2 % en 2023, mais elle devrait ralentir à 2,8 % en 2025, soit bien en deçà des 6,2 % prévus pour la région de l'UEMOA. Le Cameroun, la République centrafricaine et le Congo devraient connaître une croissance plus forte en 2025, tandis que le Tchad et le Gabon devraient enregistrer des gains plus modestes et la Guinée équatoriale pourrait être confrontée à une contraction. La croissance du revenu par habitant dans la CEMAC devrait atteindre seulement 0,2 % en 2025.
L'inflation est tombée à 3,9 % en mars 2025, mais reste supérieure au critère de convergence régionale de 3 %. La pauvreté a augmenté : 37 % des 65 millions d'habitants de la région vivant dans l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 3 dollars par jour (en PPA de 2021). La plupart des nouveaux emplois sont informels et se trouvent dans des secteurs à faible productivité, ce qui souligne la nécessité de réformes visant à créer de meilleures opportunités d'emploi.
Figure 1 : Croissance du PIB réel dans la CEMAC et l'UEMOA (2020-2027)
La situation budgétaire s'est affaiblie en 2024, la baisse des recettes tirées des matières premières et l'augmentation des dépenses ayant entraîné un déficit budgétaire régional de 1,3 % du PIB. Les dépenses publiques augmentent plus vite que les recettes et la dette reste élevée, dépassant le seuil de 70 % au Congo et au Gabon. L'étroitesse de la marge de manœuvre budgétaire limite la capacité de la région à gérer les chocs.
2. Le paradoxe de la richesse en zone CEMAC
Outre le PIB, qui est axé sur la production de biens et de services, l'analyse des tendances de l'accumulation de richesse permet de dresser un tableau plus large de la durabilité de la croissance. Entre 1995 et 2020, la richesse totale de la CEMAC a augmenté de 75 %, grâce aux gains en infrastructures et de capital humain. Cependant, la richesse par habitant a diminué de 20 %, la croissance démographique dépassant le rythme de l'accumulation d'actifs. Le capital produit, bien qu'il représente la plus petite composante, a augmenté le plus rapidement, tandis que le capital naturel renouvelable a chuté de 49 % à 32 % de la richesse totale, ce qui reflète la dégradation écologique et des difficultés dans la gestion des ressources.
La croissance de la richesse a été inégale au sein de la CEMAC entre 1995 et 2020, augmentant principalement grâce aux gains en capital produit et humain, tandis que les progrès dans la richesse en capital naturel sont restés limités en raison de l'épuisement des ressources. Le Congo, le Tchad et le Cameroun ont enregistré les plus grands gains de richesse, soutenus par des investissements durant les années de boom pétrolier. En moyenne, CEMAC a enregistré une croissance de richesse plus faible comparée à l'UEMOA, à l'ASS et à d'autres groupes de revenus.
Figure 2 : Croissance de la richesse par catégorie d'actifs, en pourcentage, 1995-2020
Les indicateurs de durabilité font apparaître des progrès mitigés. L'évolution du revenu national net ajusté révèle que dans certains pays, comme le Cameroun et le Gabon, la croissance des revenus a été soutenue par des investissements productifs et des gains en capital humain malgré une déforestation croissante, tandis que dans d'autres, notamment en Guinée équatoriale, la croissance des revenus passée s'est faite au prix de l'épuisement de l'environnement.
3. Le rôle et la valeur des forêts du bassin du Congo
Les pays de la CEMAC sont en grande parties couvert par les forêts du bassin du Congo, le plus grand puits net de carbone au monde. Ces forêts fournissent des services essentiels - séquestration du carbone, biodiversité, régulation hydrologique, bois, viande de brousse et plantes sauvages - mais leur valeur économique demeure largement non rémunérée. La valeur des services de rétention du carbone (calculée selon la méthodologie du coût social du carbone) est estimée à 209 milliards de dollars, soit presque deux fois et demie le PIB régional de 2020. La République du Congo (86 milliards de dollars), le Gabon (57 milliards) et le Cameroun (52 milliards) en détiennent les parts les plus importantes, bien que la valeur réelle marchande de ces services soit probablement bien inférieure. Malgré une déforestation modérée, la dégradation et la fragmentation progressent, et les pays se heurtent à des obstacles techniques, juridiques et commerciaux pour monétiser les services de rétention du carbone par les forêts.
4. Recommandations pour une gestion durable des richesses dans la CEMAC
Pour inverser la tendance à la baisse de la richesse par habitant et renforcer la résilience, le rapport recommande :
Un cadre de gouvernance solide et des réformes audacieuses dans le cadre du PREF-CEMAC II et du futur Programme Économique Régional sont également essentiels pour créer davantage d'emplois et améliorer le niveau de vie dans l'ensemble de la région.