04/28/2025 | Press release | Distributed by Public on 04/28/2025 18:35
La campagne anti-droits du gouvernement de Donald Trump renforce les tendances néfastes déjà présentes, fragilisant les protections des droits humains et mettant en danger des milliards de personnes dans le monde, avertit Amnesty International mardi 29 avril à l'occasion du lancement de son rapport annuel La situation des droits humains dans le monde.
L'organisation, à travers son évaluation de la situation dans 150 pays, constate que cet « effet Trump » aggrave encore les dommages causés par d'autres dirigeant·e·s mondiaux en 2024, sapant le travail accompli à grand peine depuis plusieurs décennies pour bâtir et promouvoir des droits fondamentaux universels, et accélérant l'entrée de l'humanité dans une nouvelle ère brutale, caractérisée par des pratiques autoritaires auxquelles se mêle la cupidité des grandes entreprises.
À ce moment clé de l'histoire, alors que les lois et les pratiques autoritaires se multiplient sur la planète pour servir les intérêts de quelques-uns, les gouvernements et la société civile doivent de toute urgence s'employer à ramener l'humanité en terrain plus sûr.
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International« Année après année, nous alertons sur les dangers de la régression des droits humains. Mais les événements des 12 derniers mois - à commencer par le génocide des Palestinien·ne·s de Gaza par Israël, dont nous sommes témoins en direct mais que nul n'arrête - ont montré à quel point le monde peut devenir un enfer pour tant de personnes lorsque les plus grandes puissances abandonnent le droit international et font fi des institutions multilatérales. À ce moment clé de l'histoire, alors que les lois et les pratiques autoritaires se multiplient sur la planète pour servir les intérêts de quelques-uns, les gouvernements et la société civile doivent de toute urgence s'employer à ramener l'humanité en terrain plus sûr », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.
Le rapport La situation des droits humains dans le monde rend compte des répressions violentes et généralisées de la dissidence, de l'escalade catastrophique de conflits armés, de l'insuffisance des efforts pour faire face au dérèglement climatique et d'une offensive croissante menée dans de nombreux pays contre les droits des personnes migrantes ou réfugiées, des femmes, des filles et des personnes LGBTI. À moins d'une volte-face mondiale, chacune de ces régressions va encore s'aggraver en 2025.
« Cent jours après le début de son second mandat, Donald Trump ne montre qu'un profond mépris pour les droits humains. Son gouvernement a rapidement et délibérément ciblé des institutions et des initiatives américaines et internationales essentielles qui visaient à rendre notre monde plus sûr et plus juste. Son attaque généralisée contre les concepts mêmes de multilatéralisme, d'asile, de justice raciale, de justice de genre, de santé mondiale et d'action vitale pour le climat exacerbe les dommages considérables que ces principes et institutions ont déjà subis et encourage d'autres dirigeant·e·s et mouvements anti-droits à se joindre à son offensive », a déclaré Agnès Callamard.
« Mais soyons clairs : les racines de ce mal se trouvent bien au-delà des actions de Donald Trump. Cela fait plusieurs années que nous voyons les pratiques autoritaires se propager d'un État à l'autre dans le monde, sous l'impulsion de dirigeant·e·s en puissance ou élus qui agissent volontiers comme moteurs de destruction. Alors qu'ils nous entraînent dans une ère nouvelle de tourmente et de cruauté, tous ceux et toutes celles qui croient en la liberté et en l'égalité doivent se préparer à contrer les attaques de plus en plus extrêmes visant le droit international et les droits humains universels. »
La prolifération des lois, politiques et pratiques autoritaires ciblant la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique qu'Amnesty International a observée en 2024 a joué un rôle central dans la déferlante mondiale contre les droits humains. Sur tous les continents, des gouvernements ont tenté d'échapper à l'obligation de rendre des comptes, d'asseoir leur pouvoir et d'instiller la peur en interdisant des organes de presse, en démantelant ou en suspendant des ONG et des partis politiques, en emprisonnant des opposant·e·s sur la base d'accusations infondées de « terrorisme » ou d'« extrémisme », et en poursuivant en justice des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s pour le climat, des personnes manifestant leur solidarité avec Gaza et d'autres contestataires.
Les forces de sécurité de plusieurs pays ont eu recours à des arrestations arbitraires massives, des disparitions forcées et une force souvent excessive et parfois meurtrière pour réprimer la désobéissance civile. Les autorités du Bangladesh ont donné l'ordre de « tirer à vue » lors de manifestations étudiantes, ce qui a entraîné la mort de près d'un millier de personnes, et les forces de sécurité du Mozambique se sont livrées à la pire répression de manifestations depuis des années à la suite d'élections contestées, faisant au moins 277 morts.
La Turquie a interdit totalement certaines manifestations et continue d'employer la force illégalement et sans discernement contre des manifestant·e·s pacifiques, mais le pouvoir citoyen a pris le dessus en Corée du Sud lorsque le président Yoon Suk Yeol, après avoir suspendu certaines libertés fondamentales et déclaré la loi martiale, a été démis de ses fonctions et a vu ces mesures annulées à la suite d'une mobilisation massive de la population.