09/09/2025 | News release | Distributed by Public on 09/09/2025 08:50
Devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU réuni en session à Genève, le Haut-Commissaire Volker Türk a dénoncé les belligérants de tous bords impliqués dans la guerre dans l'est de la RDC, qui font preuve d'une cruauté particulière à l'égard des femmes et des filles, et ce, dans l'impunité la plus totale.
« Depuis des décennies, les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre en RDC. Aujourd'hui, cette horreur continue. Notre mission a révélé que la plupart des parties au conflit commettent des violences sexuelles à grande échelle », a affirmé M. Türk.
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH), des femmes et des filles, dont certaines n'avaient que 10 ans, ont été enlevées, violées collectivement, réduites en esclavage sexuel et humiliées - totalement déshumanisées. Certaines sont mortes des suites de ces viols.
Les services du Haut-Commissaire Türk ont aussi documenté des cas de violences sexuelles contre des hommes, des garçons et des personnes LGBT. « Ces crimes sont très rarement signalés en raison de la stigmatisation et de la peur ».
Le HCDH a identifié un schéma de violences sexuelles généralisées par des membres des Forces armées de la RDC et de leurs alliés les Wazalendo lors de leur retrait des lignes de front.
Le groupe armé M23, pour sa part, a commis des actes de torture et de mauvais traitements, y compris des violences sexuelles, contre des détenus. « Certaines personnes ont été battues à mort ou sont mortes de blessures, d'asphyxie ou de faim et de déshydratation. D'après les témoignages, certains gardes étaient rwandais ».
Dans tous les cas, ces crimes ont laissé de profondes cicatrices sur les victimes : traumatismes physiques et psychologiques, grossesses non désirées et risques de problèmes de santé à vie, y compris l'infertilité ou l'infection par le VIH.
« J'ai rencontré des victimes et des survivants dans le site de déplacés de Bulengo en 2024 et j'ai vu de mes propres yeux à quel point les violences sexuelles déchirent les liens familiaux et communautaires, forçant souvent les survivantes à quitter leurs foyers », a dit M. Türk.
Certaines femmes ne révèlent pas avoir été violées, craignant d'être stigmatisées. Les services de santé sont sous-financés et inadéquats, ce qui ne fait qu'aggraver leur souffrance. « Cette question exige l'attention immédiate de la communauté internationale ».
Plus largement, les enquêteurs de l'ONU ont établi que toutes les parties impliquées dans la récente et choquante escalade de violence dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont commis des violations graves et des atteintes au droit international des droits humains et de graves violations du droit international humanitaire.
Le HCDH a constaté que le M23, soutenu par les Forces de défense du Rwanda, ainsi que les Forces armées de la RDC et les groupes armés affiliés, ont commis des crimes de guerre. Elle a aussi conclu que le M23 pourrait avoir commis des crimes contre l'humanité.
Alors que le conflit se poursuit dans l'Est de la RDC, le rapport exhorte les États à exercer une pression maximale sur le Rwanda et la RDC pour qu'ils cessent tout soutien aux groupes armés connus pour avoir commis de graves atteintes aux droits humains.
Pour sa part, la cheffe de la Mission de paix des Nations Unies en RDC (MONUSCO) s'est inquiétée de la multiplication des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) contre les civils au Nord-Kivu et en Ituri, causant la mort d'au moins 200 civils dont des femmes et des enfants ces derniers mois.
« La situation des victimes de violences sexuelles, particulièrement celle des femmes et des filles, me préoccupe profondément car le nombre de cas augmente tandis que l'assistance ne fait que diminuer », a affirmé Bintou Keita.
Selon elle, la situation humanitaire n'est guère meilleure. Plus de 8 millions de personnes déplacées peinent à recevoir l'aide humanitaire à cause de l'insécurité et du manque de ressources. Et l'on déplore la perte d'au moins 13 travailleurs humanitaires depuis janvier 2025.