10/01/2025 | News release | Distributed by Public on 10/01/2025 22:36
À l'issue d'une semaine diplomatique dense qui a vu défiler 124 chefs d'État et de gouvernement à la tribune de l'Assemblée, à New York, Annalena Baerbock a noté la particularité de cette édition 2025, marquée, certes, par la célébration des 80 ans de l'ONU, mais aussi par des questions existentielles.
« Les Nations unies sont à la croisée des chemins », a affirmé l'ancienne ministre allemande des affaires étrangères. Confrontée à des « pressions politiques et financières » sans précédent, l'organisation reste à ses yeux indispensable : « Nous avons plus que jamais besoin de l'ONU et nous ne devons pas céder aux cyniques qui instrumentalisent les difficultés, parfois aussi les échecs, pour remettre en cause l'ensemble de l'organisation ».
Dès le coup d'envoi, lundi 22 septembre, un sommet international organisé par la France et l'Arabie saoudite a marqué un tournant diplomatique. Le président français, Emmanuel Macron, y a annoncé la reconnaissance officielle par son pays de l'État de Palestine. Trois alliés traditionnels de Washington - le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada - ont fait de même. Au total, plus d'une dizaine d'États ont franchi le pas, accentuant la pression diplomatique sur Israël et son principal allié, les États-Unis.
Ces derniers ont condamné, dès le lendemain, par la voix du président Donald Trump, une démarche qui reviendrait selon lui « à récompenser les terroristes du Hamas pour les atrocités commises ». Le discours de M. Trump, dont il s'agissait du grand retour à la tribune onusienne depuis la fin de son premier mandat, en 2021, a donné lieu à un moment inattendu de diplomatie en temps réel. Dans les coulisses, le chef de l'exécutif américain a échangé une accolade avec le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. Les deux hommes, à couteux tirés depuis la surtaxe douanière de 50 % imposée cet été par Washington à Brasilia, se sont alors promis de se rencontrer dans les prochains jours pour résoudre leurs différends.
Autre moment marquant, le message vidéo diffusé en séance plénière par le président palestinien Mahmoud Abbas - empêché d'obtenir un visa américain pour se rendre à New York -, dans lequel il a accusé Israël de génocide à Gaza. Le lendemain, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, récusant ces accusations, a choisi de s'adresser non seulement à l'Assemblée, mais aussi directement à la vingtaine d'otages israéliens encore vivants détenus par le Hamas, via des haut-parleurs installés dans la bande de Gaza.
Pour Annalena Baerbock, la mobilisation d'un tel nombre de chefs d'État et de gouvernement témoigne de la centralité persistante de l'ONU. « Si quelqu'un doutait encore que cette organisation compte, il suffisait de voir à quel point la salle était comble, dès le lundi et le mardi », a-t-elle insisté devant les journalistes. L'Assemblée, dit-elle, est « la maison de la diplomatie et du dialogue », un espace où les débats, parfois « controversés », reflètent les fractures du monde, mais demeurent essentiels.
Si quelqu'un doutait encore que cette organisation compte, il suffisait de voir à quel point la salle était comble
Si les guerres en cours - Gaza, Ukraine, Soudan - ont dominé les discussions, les États membres ont insisté sur l'exigence de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, à cinq ans de leur échéance, et sur l'action collective face au changement climatique - « la grande menace du siècle ».
La présidente a exhorté les délégations à relayer ces discussions dans leurs parlements nationaux : « Il y a une différence entre prononcer un discours ici à New York et affronter ensuite les débats sur l'utilisation de l'argent public chez soi ». Elle a par ailleurs rappelé que « l'ONU n'est que ce que nous, collectivement, faisons de ses principes », rejetant sur les États la responsabilité de leurs manquements.
Mme Baerbock a reconnu la cadence effrénée de cette semaine de haut niveau, qu'elle a décrite comme un « speed dating diplomatique ». Mais elle y voit aussi un ferment durable : « La confiance est la véritable monnaie de la diplomatie ». Pour nombre de pays, a-t-elle noté, l'organisation reste « une assurance-vie », parfois même « la raison » de leur libération ou de leur réunification.
Au-delà des passes d'armes, l'évènement aura donc été, selon ses mots, « une semaine qui a compté, qui a apporté des résultats tangibles ». Et d'ajouter, en conclusion : « Nous allons poursuivre le travail sans peur, sans fléchir », dans l'esprit de la campagne lancée sous sa présidence : Mieux ensemble.