05/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 05/16/2025 03:45
L'OMS a publié son rapport sur les statistiques sanitaires mondiales 2025, qui révèle que la pandémie de COVID-19 a eu un fort impact sur la mortalité et la longévité ainsi que la santé et le bien-être en général. En deux ans à peine, entre 2019 et 2021, l'espérance de vie mondiale a reculé de 1,8 an, soit la plus forte baisse de l'histoire récente, annulant une décennie de progrès en matière de santé. L'augmentation de l'anxiété et de la dépression sous l'effet de la COVID-19 a réduit de six semaines l'espérance de vie en bonne santé dans le monde, réduisant à néant la plupart des progrès réalisés grâce à la baisse de la mortalité due aux maladies non transmissibles (MNT) au cours de la même période.
Le rapport fait également la synthèse des données mondiales sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du triple milliard de l'OMS, révélant ainsi non seulement les conséquences du choc provoqué par la pandémie, mais aussi une tendance plus durable à un ralentissement des progrès, qui a commencé dès avant la pandémie et qui se poursuit encore aujourd'hui. L'OMS signale que les progrès sont menacés de manière générale et qu'il faut agir d'urgence à l'échelle mondiale afin d'être à nouveau sur la bonne voie.
« Derrière chaque donnée se cache un être humain : un enfant qui n'a pas atteint son cinquième anniversaire, une mère morte en couches, une personne décédée prématurément à cause d'une maladie évitable », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. « Il est possible d'éviter ces tragédies. Elles mettent en évidence les lacunes critiques en matière d'accès, de protection et d'investissement, en particulier pour les femmes et les filles. Les progrès en matière de santé ralentissent. Chaque gouvernement est tenu d'agir d'urgence, de s'engager et de faire preuve de responsabilité envers la population », a-t-il ajouté.
D'après le rapport sur les statistiques sanitaires mondiales 2025, les progrès vers les objectifs du triple milliard de l'OMS sont mitigés. On estime que 1,4 milliard de personnes de plus étaient en meilleure santé fin 2024, et cet objectif a donc été dépassé. Les progrès en matière d'amélioration de la santé ont été favorisés par le recul du tabagisme ainsi que par l'amélioration de la qualité de l'air et de l'accès à l'eau et aux moyens d'hygiène et d'assainissement. Mais les progrès en matière d'extension de la couverture des services de santé essentiels et de protection face aux situations d'urgence sanitaire ne sont toujours pas atteints. En effet, 431 millions de personnes supplémentaires seulement ont eu accès aux services de santé essentiels sans rencontrer de difficultés financières, et près de 637 millions de personnes supplémentaires ont été mieux protégées face aux situations d'urgences sanitaire.
Le nombre de décès de mères et d'enfants ne baisse pas assez rapidement pour que les objectifs mondiaux soient atteints. La stagnation des progrès met en péril des millions de vies. Ce ralentissement intervient après deux décennies de progrès remarquables : entre 2000 et 2023, la mortalité maternelle a chuté de plus de 40 % et la mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé de plus de moitié. Mais les investissements insuffisants dans les soins de santé primaires, la pénurie de personnels de santé qualifiés et le manque de services comme la vaccination et l'accouchement sécurisé empêchent désormais les pays de progresser.
Si aucune mesure n'est prise d'urgence pour atteindre les objectifs fixés à l'horizon 2030, on risque de ne plus pouvoir éviter 700 000 décès maternels et 8 millions de décès d'enfants de moins de cinq ans supplémentaires au niveau mondial entre 2024 et 2030.
Les décès prématurés dus aux MNT, telles que les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et les cancers, sont de plus en plus nombreux, sous l'effet de la croissance démographique et du vieillissement de la population, et représentent désormais la plupart des décès chez les personnes de moins de 70 ans dans le monde. Le monde n'est actuellement pas en voie de réduire d'un tiers la mortalité prématurée due aux MNT d'ici à 2030. Des progrès sont possibles quand les pouvoirs publics et la société civile s'engagent à agir : le tabagisme recule et la consommation mondiale d'alcool est passée de 5,7 à 5 litres par habitant entre 2010 et 2022. La pollution de l'air reste l'une des principales causes de décès évitables dans le monde. Les conséquences des maladies mentales continuent de freiner les progrès.
Le relèvement des services de santé essentiels reste incomplet. On prévoit toujours qu'il manquera, d'ici à 2030, 11,1 millions de soignantes et de soignants, sachant que près de 70 % de ce déficit concernera les Régions africaine et de la Méditerranée orientale de l'OMS.
« Pour être solides, les systèmes de santé doivent pouvoir s'appuyer sur des informations sanitaires fiables. Des données fiables et actualisées permettent de prendre de meilleures décisions et d'obtenir des résultats plus rapidement », a déclaré le Dr Haidong Wang, Chef de l'Unité Données et analyse sanitaires de l'OMS. « L'OMS soutient les pays grâce à la stratégie SCORE visant à renforcer les systèmes d'information sanitaire, et par le biais du Centre mondial de données sanitaires, qui contribue à normaliser et à améliorer les données et à en exploiter la valeur dans l'ensemble des pays et des systèmes. »
Les taux d'incidence de l'infection à VIH et de la tuberculose sont en baisse, et moins de personnes ont besoin d'un traitement pour des maladies tropicales négligées. Mais le paludisme connaît une recrudescence depuis 2015 et la résistance aux antimicrobiens reste un problème de santé publique. En 2023, la couverture vaccinale des enfants, y compris pour la troisième dose du vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux (DTC3), n'était pas revenue aux niveaux d'avant la pandémie. De nombreux pays accusent également un retard dans la lutte contre les principaux risques pour la santé, tels que la malnutrition, la pollution de l'air et l'insécurité.
Les récentes perturbations de l'aide internationale menacent encore davantage de déstabiliser les progrès, en particulier dans les pays dont les besoins en matière de soins de santé sont les plus grands. Il est urgent de disposer d'un financement durable et prévisible, qu'il provienne de sources nationales ou internationales, pour préserver les progrès durement réalisés et faire face aux menaces croissantes.
« Ce rapport indique que le bilan de santé du monde n'est pas bon. Mais les pays ont montré qu'il était possible de progresser rapidement », a déclaré la Dre Samira Asma, Sous-Directrice générale de l'OMS chargée des données, de l'analyse et de la résultologie. « Ensemble, nous pouvons parvenir à un monde où les données sont plus actualisées et plus précises, où les programmes s'améliorent continuellement et où les décès prématurés deviennent rares. En agissant vite et à l'échelle voulue, et en investissant judicieusement, chaque pays peut réaliser des progrès mesurables », a-t-elle ajouté.
Le rapport sur les statistiques sanitaires mondiales est la compilation annuelle de l'OMS des dernières données disponibles sur la santé et les indicateurs sanitaires. Pour toute demande de renseignements, veuillez envoyer un message à l'adresse healthstat@who.int