RSF - Reporters sans frontières

07/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 07/15/2025 13:05

L’Azerbaïdjan durcit jusqu’à l’absurde sa loi sur les médias : RSF s’inquiète d’un isolement informationnel total

Le Parlement azerbaïdjanais a définitivement adopté des amendements durcissant la loi sur les médias, alors que celle-ci empêche déjà pratiquement l'existence de tout média indépendant dans le pays. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette surenchère absurde visant à la paralysie totale de la presse indépendante et au musellement de toute voix dissidente.

Une "condamnation à mort"pour le journalisme indépendant : c'est ainsi que le journaliste Shamshad Agha décrivaitla loi sur les médias, fin juin au tribunal, face au juge chargé de son procès dans l'affaire contre Meydan TV. Après des modifications vivement critiquéesen 2022, de nouveaux amendements à cette loi ont été définitivement adoptés par le Parlement azerbaïdjanais de manière précipitée ce lundi 14 juillet. Ils frôlent l'absurde, le climat de répression actuel empêchant déjà tout média indépendant de travailler légalement dans le pays.

"C'est une mascarade législative au service du régime d'Ilham Aliyev, qui s'ajoute aux condamnations arbitraires et choquantes contre les journalistes du site d'information indépendant Abzas Media le mois dernier. L'objectif : entraver le travail de la presse indépendante jusqu'à l'étouffement et tuer dans l'œuf toute nouvelle initiative pour l'information. RSF demande le retrait de cette loi sur les médias liberticide ainsi que la libération des 25 journalistes qui croupissent à ce jour dans les geôles azerbaïdjanaises, victimes de la répression du pouvoir.

Jeanne Cavelier
Responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de RSF

Stigmatisation renforcée des médias étrangers

Cette nouvelle version de la loi sur les médias entrave aussi bien le travail des médias locaux que celui des médias internationaux. Les bureaux de médias étrangers devront, à présent, demander leur inscription sur le registre des médiasdans un délai de sept jours après leur enregistrement obligatoire auprès de l'État, sous peine de liquidation. Les autorités se réservent aussi le droit de restreindre l'accès au site Internet du média, dans les cas "prévus par la loi", une notion volontairement floue. Par exemple, toute critique ou mention de violations des droits des journalistes pourrait être qualifiée d'ingérence dans les affaires intérieures ou de déformation de la situation réelle.

Ces dispositions participent au renforcement de la stigmatisation des médias étrangers, qui ont subi une vague de suppressions d'accréditationsarbitraires en mars dernier. Ce durcissement risque donc de provoquer le départ des derniers d'entre eux, pour préserver leurs journalistes d'un climat répressif qui ne cesse de se renforcer, mais devrait aussi décourager l'installation de nouveaux médias étrangers dans le pays.

Mainmise totale sur les médias locaux

La nouvelle version de la loi exige entre autres des agences de presse d'avoir signé des accords avec au moins 20 médias nationaux acceptant de recevoir leurs informations pour être autorisées à exercer leurs activités. Or, il n'existe plus aucun média indépendant, ayant son siège social en Azerbaïdjan, susceptible de s'abonner à une éventuelle agence de presse indépendante. Cette disposition semble taillée sur mesure pour empêcher toute reprise de l'activité de l'agence Turan, contrainteen février dernier de cesser ses activités, et vise à consolider le monopole des médias pro-gouvernementaux qui bénéficient de subventions importantes, tout en décourageant toute nouvelle initiative.

Autres signes d'une volonté de contrôle totale de la part des autorités : aucun journal imprimé ne pourra être distribué ou vendu en l'absence d'une inscription au registre des médias, sous peine d'amendes. Et leurs titres ne devront plus contenir d'expressions "contraires à l'ordre public, aux normes morales ou à l'éthique".

Ces mesures renforcent le climat répressif et rendent l'existence même d'un média impossible sans l'approbation du pouvoir en Azerbaïdjan, qui occupe le 167e rang sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presseétabli par RSF en 2025.

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Publié le15.07.2025
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