Piloté par le secrétariat général pour l'investissement (SGPI) et doté de 54 milliards d'euros sur 5 ans, le plan d'investissement France 2030 a fait de la santé un de ses axes prioritaires.
Les 7,5 milliards d'euros consacrés au plan « Innovation santé 2030 », et la création, en octobre 2022, de l'Agence de l'innovation en santé (AIS), ont favorisé l'émergence des innovations et la structuration de la filière de la santé, de la recherche à la production industrielle, de la paillasse de laboratoire jusqu'au lit du patient, comme le résume Charles-Édouard Escurat, directeur général de l'AIS.
« Pour nos quatre principales missions (prospective, accélération, accompagnement, financement), nous travaillons sur toute la chaîne, avec l'ensemble de l'écosystème : instituts hospitalo-universitaires (IHU), programmes et chaires de recherches, bioclusters, industries, etc., détaille le directeur général de l'AIS. En coordination interministérielle, de la formation des acteurs à la mise sur le marché des traitements en passant par les aspects règlementaires. »
Un soutien stratégique
Un accompagnement et un soutien financier qui portent leurs fruits, en particulier avec la stratégie dédiée à la production de biomédicaments. Au premier semestre 2025, l'AIS accompagnait ainsi, via sa stratégie, 5 projets de formation, 16 programmes scientifiques de recherche menés par une quarantaine d'équipes académiques, 64 projets visant de nouvelles biothérapies, de nouveaux processus de bioproduction dans des aires thérapeutiques comme le cancer, les maladies rares, la neurologie et 8 projets entrés en phase d'industrialisation.
« Ce ne sont pas 20 biomédicaments que nous allons être en mesure de produire en France, mais une soixantaine, en considérant les vaccins », projette le directeur général de l'AIS.
Les biomédicaments, ou biothérapies, désignent l'ensemble des médicaments dont le principe actif est issu du vivant, et non de la chimie de synthèse. Une catégorie qui comprend notamment les vaccins, les thérapies géniques et les anticorps.
Aujourd'hui, la France a atteint le deuxième rang en Europe, pour le développement de ces biothérapies, qui déjà sauvent des vies : des équipes de l'hôpital Necker ont démontré l'efficacité des thérapies géniques dans le traitement de la drépanocytose, une maladie pédiatrique rare et pouvant être léthale. Les anticorps monoclonaux sont couramment utilisés pour le traitement des maladies inflammatoires chroniques, de rejets de greffes, de cancers... Et les espoirs sont immenses.
Un vaccin contre la grippe
OSIVAX est un des premiers lauréats de France 2030, dans le cadre de la stratégie dédiée aux maladies infectieuses émergentes et menaces nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC). Son projet porte sur le développement d'un vaccin, OVX836, efficace contre un très large éventail de souches du virus de la grippe.
« L'État, avec France 2030, nous permet de financer un essai clinique de phase 2 qui est prévu à l'automne 2025 sur 2 800 sujets, répartis dans plusieurs centres en France, en Belgique, en Allemagne et en Finlande. Il s'agit, après des études dédiées à l'évaluation de l'innocuité et de la réponse immunitaire de notre vaccin, d'évaluer son efficacité à plus large échelle », décrit Delphine Guyon-Gellin, directrice des opérations et du business-développement d'OSIVAX.
« Comme notre vaccin cible une partie très conservée du virus de grippe, il n'a pas besoin de mise à jour. Il couvre 75 % des souches de grippe saisonnières et la totalité des souches pandémiques, existantes ou émergentes. En cas de pandémie grippale, il pourra protéger tout le monde dès le premier jour. D'où l'importance stratégique de conserver sa production a minima sur le sol européen et si possible en France », poursuit-elle.
Aujourd'hui, OVX836 est produit en partie en Belgique, en partie en France. « Quand nous avons démarré, il n'existait pas en France de capacité industrielle de production en fermentation bactérienne pour des tiers en vue d'essais cliniques chez l'homme. Grâce au soutien de France 2030, la situation a changé et des manufacturiers français proposent maintenant de la production pour tiers au grade requis pour les essais cliniques. Il nous serait désormais possible de produire entièrement en France. Nous y réfléchissons », indique Delphine Guyon-Gellin.