UNOG - United Nations Office at Geneva

12/08/2025 | News release | Distributed by Public on 12/08/2025 10:38

À Jérusalem-Est, l’UNRWA dénonce l’irruption des forces israéliennes dans ses locaux

Le jour n'était pas encore levé, lundi, lorsque des motos de police, des camions et des monte-charges ont entouré le siège de l'UNRWA, à Jérusalem-Est, avant de pénétrer de force dans ses locaux. Un geste brutal, d'une forte charge symbolique dans cette partie de la ville sainte où l'agence onusienne chargée de la protection des réfugiés palestiniens est désormais persona non grata.

Selon Philippe Lazzarini, le chef de l'UNRWA, les forces de l'ordre israéliennes, accompagnées de responsables municipaux, sont « entrées de force dans l'enceinte » de l'agence, où elles ont coupé toute communication, saisi du mobilier et du matériel informatique, et remplacé le drapeau bleu des Nations Unies par un drapeau israélien.

« Cette nouvelle action représente un mépris flagrant de l'obligation faite à Israël, en tant qu'État membre des Nations Unies, de protéger et de respecter l'inviolabilité des locaux de l'ONU », a dénoncé M. Lazzarini sur le réseau social X.

Des mois de harcèlement

Derrière l'irruption des autorités israéliennes, l'UNRWA voit une escalade après « des mois de harcèlement » marqués par des manifestations hostiles, les incendies criminels en 2024, une campagne de désinformation contre l'agence et des intimidations répétées.

Surtout, l'UNRWA est visée par deux lois votées en octobre par la Knesset, l'une interdisant les activités de l'agence dans tout Israël, y compris Jérusalem-Est, que le pays occupe depuis 1967, l'autre prohibant à tout responsable israélien de coopérer avec son personnel. Sous cette pression croissante, l'agence avait été contrainte, fin janvier, d'évacuer son siège du quartier de Sheikh Jarrah et de redéployer temporairement son personnel international en Jordanie.

© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Des enfants participent à des activités récréatives organisées par l'UNRWA devant des bâtiments détruits dans la bande de Gaza.

L'inviolabilité des locaux de l'UNRWA bafouée

Mais M. Lazzarini martèle : aucune législation nationale ne peut effacer le statut international du siège de l'UNRWA. « Le site conserve son statut de local des Nations Unies, et demeure à ce titre à l'abri de toute forme d'ingérence », affirme-t-il.

Israël est partie à la convention sur les privilèges et immunités de l'ONU, qui confère aux locaux de l'organisation un statut d'« inviolabilité » les rendant exemptes de fouilles ou saisies et protège leurs biens de toute procédure judiciaire. La Cour internationale de Justice a elle-même rappelé qu'Israël est tenu de coopérer avec l'UNRWA.

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« Il ne peut y avoir aucune exception », insiste le chef de l'agence. « Y déroger […] créerait un précédent dangereux partout où les Nations Unies sont présentes ».

Si le personnel international de l'UNRWA a dû quitter la ville, ses employés locaux poursuivent leur mission, parfois au mépris de leur sécurité, auprès d'une population palestinienne frappée de plein fouet par la crise humanitaire en Cisjordanie et la guerre à Gaza.

Regain de soutien envers l'agence

Le raid de lundi intervient trois jours seulement après le renouvellement par l'Assemblée générale des Nations Unies du mandat de l'UNRWA pour une durée de trois ans. La décision a été prise à l'issue d'un vote massif, que Philippe Lazzarini a salué comme l'expression d'une solidarité mondiale intacte. « Cela reflète la large solidarité qui s'exprime à travers le monde envers les réfugiés de Palestine », a-t-il écrit. Le renouvellement traduit aussi, selon lui, la reconnaissance de la responsabilité de la communauté internationale envers une population déracinée et victime d'une jugée illégale depuis 75 ans. Mais pas seulement : « Il faut désormais que ce vote se traduise par un engagement réel et par des ressources à la hauteur, afin que le mandat puisse être pleinement accompli ».

Entre la violence d'une intrusion policière et la solennité d'un mandat onusien renouvelé, l'UNRWA se trouve de nouveau au cœur d'une bataille politique qui dépasse de loin ses missions humanitaires. Ses écoles, ses cliniques et ses services sociaux, essentiels pour des millions de réfugiés de Palestine au Proche-Orient, deviennent l'épicentre d'un affrontement où le droit international entre en contradiction avec l'occupation israélienne sur le terrain.

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