WHO - World Health Organization

12/04/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/05/2025 05:36

Un million de décès dus au paludisme ont été évités l’année dernière grâce à de nouveaux outils, mais l’augmentation de la pharmacorésistance menace les progrès accomplis

Selon le Rapport 2025 sur le paludisme dans le monde publié par l'OMS, l'utilisation plus large de nouveaux outils contre le paludisme, notamment les moustiquaires imprégnées d'insecticide à double principe actif et les vaccins recommandés par l'OMS, a permis d'éviter environ 170 millions de cas et 1 million de décès en 2024.

Les outils recommandés par l'OMS sont de plus en plus intégrés dans des systèmes de santé plus larges. Depuis l'approbation par l'OMS des premiers vaccins antipaludiques au monde en 2021, 24 pays ont introduit ces vaccins dans leurs programmes de vaccination systématique. La chimioprévention du paludisme saisonnier a également été étendue et est désormais mise en œuvre dans 20 pays ; 54 millions d'enfants en ont bénéficié en 2024, contre 0,2 million environ en 2012.

On note aussi des progrès en ce qui concerne l'élimination du paludisme. À ce jour, 47 pays et un territoire ont été certifiés exempts de paludisme par l'OMS - Cabo Verde et l'Égypte ont été certifiés exempts de paludisme en 2024, et la Géorgie, le Suriname et le Timor-Leste en 2025. Malgré ces progrès significatifs, on estime à 282 millions le nombre de cas de paludisme et à 610 000 le nombre de décès en 2024 - soit environ 9 millions de cas de plus que l'année précédente.

On estime que 95 % de ces décès sont survenus dans la Région africaine de l'OMS, principalement parmi des enfants de moins de cinq ans. Le rapport montre que la pharmacorésistance augmente et entrave l'élimination du paludisme.

« De nouveaux outils de prévention du paludisme nous donnent un nouvel espoir, mais nous sommes encore confrontés à d'importantes difficultés », a dit le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. « L'augmentation du nombre de cas et de décès, la menace croissante de la pharmacorésistance et l'impact des coupes budgétaires menacent de remettre en cause les progrès réalisés ces deux dernières décennies. Cependant, aucune de ces difficultés n'est insurmontable. Avec le leadership des pays les plus touchés et des investissements ciblés, un monde sans paludisme reste possible », a-t-il ajouté.

Le Rapport sur le paludisme dans le monde met en avant des données montrant une résistance partielle aux dérivés de l'artémisinine, qui sont devenus le socle des traitements antipaludiques après l'échec de la chloroquine et de la sulfadoxine-pyriméthamine. La résistance aux antipaludiques a désormais été confirmée ou suspectée dans au moins huit pays d'Afrique, et il existe des signes potentiels de diminution de l'efficacité des associations médicamenteuses contenant de l'artémisinine.

La baisse du nombre de décès liés au paludisme - un objectif clé de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 - reste très insuffisante. On a recensé 610 000 décès dus au paludisme en 2024, soit 13,8 décès pour 100 000 habitants ou plus de trois fois l'objectif mondial de 4,5 décès pour 100 000 habitants.

Obstacles complexes aux progrès

Le rapport de cette année souligne que plusieurs facteurs risquent de remettre en cause les efforts d'élimination du paludisme, en plus de la menace que représente la résistance aux antipaludiques.

Les parasites responsables du paludisme qui présentent des délétions du gène pfhrp2 restent courants, ce qui compromet la fiabilité des tests de diagnostic rapide, tandis que la résistance aux pyréthroïdes confirmée dans 48 pays réduit l'efficacité des moustiquaires imprégnées d'insecticide. Parallèlement, les moustiques de l'espèce Anopheles stephensi - résistants à de nombreux insecticides couramment utilisés - ont désormais envahi neuf pays africains, ce qui entrave considérablement les efforts de lutte contre le paludisme en milieu urbain.

Au-delà des menaces biologiques, les événements météorologiques extrêmes contribuent également à la multiplication des flambées de paludisme. Les variations de température et de précipitations modifient les habitats des moustiques et donc les schémas de transmission.

Les conflits et l'instabilité dans les régions touchées entraînent également des perturbations généralisées des services de santé, limitant l'accès aux soins et retardant le diagnostic et le traitement.

Ces problèmes sont encore aggravés par la stagnation du financement mondial au cours de la dernière décennie, qui limite la portée des interventions vitales. En 2024, 3,9 milliards de dollars des États-Unis (USD) ont été investis dans la lutte contre le paludisme, mais cela correspond à moins de la moitié de l'objectif de financement pour 2025 fixé à 9,3 milliards USD dans la stratégie technique mondiale.

Le recul récent de l'aide publique au développement a gravement perturbé les systèmes de santé, ce qui a affaibli la surveillance systématique et a obligé à annuler ou à reporter la plupart des enquêtes sur le paludisme qui étaient prévues. Ces coupes budgétaires ont également accru le risque de ruptures de stock et de retards dans les campagnes d'intervention contre le paludisme, ce qui a atténué l'impact des programmes.

Riposte dirigée par un pays avec l'aide de partenaires

« Le Rapport sur le paludisme dans le monde indique clairement que la pharmacorésistance progresse. Notre réponse doit être tout aussi claire : nous devons proposer de nouveaux médicaments, dont le mode d'action est nouveau », a déclaré le Dr Martin Fitchet, PDG de Medicines for Malaria Venture. « La mise au point de la première association médicamenteuse sans artémisinine, le ganaplacide-luméfantrine, prouve que c'est possible et marque le début d'un nouveau chapitre dans la résilience face au paludisme. Avec un partenariat mondial d'expertise, d'engagement et de financement, nous pouvons devancer la résistance et proposer de nouveaux médicaments pour que le paludisme ne soit plus une menace », a-t-il ajouté.

Les engagements politiques doivent se traduire par des ressources et des mesures ayant un impact durable et équitable. L'OMS exhorte les pays où le paludisme est endémique à tenir leurs engagements politiques pour mettre fin aux décès liés au paludisme, comme le prévoit la Déclaration de Yaoundé. L'unité et l'action dans le cadre de l'initiative « Big Push » aideront la communauté internationale à atténuer les menaces actuelles et futures afin de libérer le monde du paludisme.

WHO - World Health Organization published this content on December 04, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on December 05, 2025 at 11:36 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]