UNOG - United Nations Office at Geneva

10/09/2025 | News release | Distributed by Public on 10/09/2025 10:36

Darfour : une mosquée et le dernier hôpital d'El Fasher frappés par une attaque sanglante

Au moins une vingtaine de civils auraient été tués cette semaine dans une attaque visant une mosquée et un hôpital à El Fasher, la capitale assiégée du Darfour du Nord, dans l'ouest du Soudan.

Jeudi, le bureau de l'ONU chargé des questions humanitaires a rapporté que des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) auraient ouvert le feu, mardi et mercredi, contre l'hôpital saoudien d'El Fasher et une mosquée locale, où des familles déplacées avaient trouvé refuge.

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Sur le réseau social , le bureau a « condamné fermement » cet incident, ainsi que d'autres attaques récentes perpétrées par les FSR dans cette ville stratégique, dernier bastion encore sous le contrôle des forces gouvernementales dans cette région vaste comme la France, en proie depuis l'an dernier à la famine.

Désormais gravement endommagé, l'hôpital visé était le dernier établissement de santé encore fonctionnel à El Facher, où des centaines de milliers de résidents sont encerclés depuis plus d'un an par les paramilitaires. « Les civils ne devraient jamais être pris pour cible », a déploré le bureau des affaires humanitaires. « Nous nous faisons une nouvelle fois l'écho de l'appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies en faveur d'une cessation immédiate des hostilités ».

Sur place, les habitants pris au piège décrivent une ville épuisée, coupée de toute aide humanitaire, où le moindre déplacement peut être fatal.

La maternité touché trois fois en une semaine

Selon l' UNFPA, l'agence onusienne pour la santé reproductive, l'attaque de mardi contre l'hôpital saoudien a notamment visé le service de maternité, tuant une douzaine de personnes et blessant de nombreuses autres, parmi lesquelles des patientes et du personnel soignant.

Il s'agissait de la troisième attaque contre la seule maternité de la ville en une semaine. L'UNFPA a rappelé que les hôpitaux, le personnel de santé et les patients doivent impérativement être épargnés par les combats, dénonçant « une violation flagrante du droit international humanitaire ».

La bataille pour le Darfour du Nord

Depuis l'été, les FSR - issues des ex-milices janjawid responsables d'atrocités contre les communautés non arabes du Darfour, dans les années 2000 - ont intensifié les tirs d'artillerie et les attaques de drones pour tenter de prendre la ville. Au-delà du Darfour, c'est tout le pays qui est plongé dans une guerre civile qui oppose depuis avril 2023 l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux FSR du général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ».

À ces combats s'ajoutent désormais des affrontements communautaires. Les 7 et 8 octobre derniers, les équipes de terrain de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont recensé environ 250 personnes déplacées de la ville de Kernoi, près de la frontière tchadienne à l'ouest d'El Facher, à la suite d'un conflit intra-communautaire entre membres de la tribu Zaghawa, l'une des quatre grandes communautés non arabes de la région, aux côtés des Fur, des Masalit et des Tunjur.

Une partie des personnes ayant fui les violence a traversé la frontière pour trouver refuge au Tchad voisin. « La situation reste tendue et très instable », souligne l'OIM, qui suit de près l'évolution du conflit.

El Fasher vidée de ses habitants

Parallèlement, les civils continuent de fuir à leurs risques et périls El Fasher et le camp voisin de Zamzam, dont la population a chuté en quelques mois. Selon les estimations des agences humanitaires, le nombre de personnes déplacées résidant dans la zone a chuté de 70 % en six mois, passant de 700.000 en mars à 200.000 en septembre.

Les combats incessants ont poussé des dizaines de milliers de familles à fuir vers les localités voisines. Selon la nouvelle coordinatrice humanitaire de l'ONU au Soudan, Denise Brown, la ville de Tawila, à une cinquantaine de kilomètres d'El Fasher, accueille désormais 600.000 personnes déplacées, ce qui en fait « l'un des épicentres de ce qui est clairement une catastrophe humanitaire ».

Depuis le début de la guerre civile soudanaise, près de deux millions de personnes ont été déplacées seulement dans l'État du Darfour du Nord, soit 20 % de l'ensemble des déplacés du pays.

À l'échelle nationale, le conflit a déraciné plus de 12 millions de Soudanais, dont un tiers d'entre eux ont trouvé refuge dans les États voisins, du Tchad à la République centrafricaine, en passant par l'Égypte et l'Ouganda. Des chiffres vertigineux, qui témoignent d'un conflit devenu l'un des plus dévastateurs du continent africain.

UNOG - United Nations Office at Geneva published this content on October 09, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on October 09, 2025 at 16:36 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]