UNOG - United Nations Office at Geneva

10/20/2025 | News release | Distributed by Public on 10/20/2025 11:45

Dette, droits de douane, méfiance : les trois grands fléaux qui menacent le commerce mondial

Étranglés par une dette record de 31 000 milliards de dollars, les pays en développement voient le commerce mondial vaciller sous le poids des tensions tarifaires. À Genève, l'agence de l'ONU chargée du commerce et du développement a appelé lundi à défendre un système fondé sur des règles pour éviter une nouvelle crise.

Devant ses 195 États membres rassemblés dans la cité helvétique, la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a rappelé que « 72 % du commerce mondial s'effectue encore dans le cadre des règles de l'Organisation mondiale du commerce ».

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Garante du bon fonctionnement des échanges internationaux, l'OMC est toutefois paralysée depuis 2019 par la décision des États-Unis de bloquer le renouvellement des juges de son organe chargé de régler les différends commerciaux entre États.

À cette crise institutionnelle s'ajoute une montée des barrières tarifaires, après les hausses décidées depuis le début de l'année par Washington à l'égard de plusieurs de ses partenaires commerciaux.

« Nous avons jusqu'à présent évité l'effet domino d'une escalade tarifaire qui avait, dans les années 1930, mis à genoux l'économie mondiale. Cela ne s'est pas produit par hasard, mais grâce à vous : parce que vous avez continué à négocier quand cela paraissait inutile, à défendre un système fondé sur des règles tout en cherchant à le réformer, et à bâtir des ponts même lorsqu'ils s'effondrent », a salué Mme Grynspan.

Un équilibre fragile, donc, qui repose sur la volonté des États de maintenir le dialogue.

Des choix impossibles pour les plus pauvres

L'avertissement de la CNUCED, réunie en session plénière du 20 au 23 octobre, intervient alors que l'économie mondiale traverse une zone de turbulences : multiplication des droits de douane, endettement record et méfiance croissante entre partenaires commerciaux. Pour Mme Grynspan, ces trois facteurs conjugués freinent aujourd'hui le développement.

« Une crise de la dette et du développement est toujours à l'œuvre, confrontant les pays à des choix impossibles », a souligné l'économiste costaricienne. « Ils doivent décider : faire défaut sur leur dette ou sur leur développement ».

Selon son agence, les tarifs appliqués par les grandes puissances, dont les États-Unis, ont bondi cette année de 2,8 % à plus de 20 %. « L'incertitude est le tarif le plus élevé qui soit », a encore estimé Mme Grynspan. Elle « dissuade l'investissement, ralentit la croissance et rend le commerce comme voie vers le développement beaucoup plus difficile ».

© IOM/Robert Kovacs
Des commerçants transportent des marchandises à travers la frontière entre le Rwanda et le Burundi.

Des investissements en chute libre

Les signaux d'alerte se multiplient. À Genève, la cheffe de la CNUCED a averti que les flux mondiaux d'investissement se contractent pour la deuxième année consécutive, compromettant « la croissance de demain ». Et le système actuel, a-t-elle déploré, « favorise les projets dans les économies riches », au détriment des pays en développement, où « un dollar américain est trois fois plus cher en Zambie qu'à Zurich ».

Les coûts du transport aggravent encore ces déséquilibres : les pays enclavés et les petits États insulaires paient des factures jusqu'à trois fois supérieures à la moyenne mondiale.

Quant à l'intelligence artificielle, censée ouvrir une nouvelle ère de prospérité, moins d'un pays en développement sur trois dispose d'une stratégie pour en tirer parti, tandis que 2,6 milliards de personnes restent privées d'accès à Internet, en majorité des femmes.

Un endettement devenu insoutenable

Depuis New York, la présidente de l'Assemblée générale des Nations unies, Annalena Baerbock, a appuyé ce constat alarmant. La dette publique des pays en développement, a-t-elle rappelé, a atteint 31 000 milliards de dollars l'an dernier.

Résultat : « Au lieu d'investir dans l'avenir de leurs populations - en construisant davantage d'écoles ou en élargissant les services de santé -, de nombreux gouvernements consacrent des fonds précieux au service de la dette », a déploré l'ancienne ministre allemande des affaires étrangères.

Selon elle, l'érosion de la confiance dans le commerce international est favorisée par la réalité par d'un système à double vitesse : bien que l'économie mondiale pèse plus de 100 000 milliards de dollars par an, une personne sur deux « a vu ses revenus stagner ou diminuer depuis une génération ».

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