United Nations Security Council

12/18/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/18/2025 17:07

Conseil de sécurité: « les fantômes du passé continuent de hanter la Syrie », affirme la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques

De retour de sa mission à Damas, le 4 décembre, le Conseil a entendu la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix faire le point sur la situation en Syrie, un an après la chute du Président Assad. Mme Rosemary DiCarlo a indiqué que si la violence a considérablement baissé, la situation reste fragile, marquée notamment par l'aggravation des tensions sectaires.

« Au-delà des conséquences humaines immédiates, cette violence prive la Syrie de la stabilité nécessaire aux investissements indispensables au développement », a appuyé Mme Joyce Msuya, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence, qui a alerté sur la persistance de la crise humanitaire pour des millions de personnes qui restent déplacées, souvent sans logement ni services de base.

« Les droits des femmes doivent être au cœur de la transition », a insisté pour sa part la cofondatrice de la Syrian Women's Political Movement, Mme Mariam Jalabi. L'occasion pour le Président du Conseil de sécurité, l'Ambassadeur de la Slovénie, ainsi que le représentant syrien de souligner que la société civile syrienne avait été un moteur de la lutte pour la liberté et la démocratie en Syrie pendant des décennies. Elle doit continuer de jouer un rôle essentiel dans la construction de l'avenir du pays, dans le cadre d'un dialogue national constructif et inclusif, et à toutes les tables de négociation, ont considéré les membres du Conseil.

Au chapitre des progrès, les responsables onusiennes ont cité le rétablissement des institutions de l'État et la tenue d'élections législatives indirectes au mois d'octobre, ainsi que le retour dans leur région d'origine de 1,2 million de réfugiés syriens et la rationalisation des opérations humanitaires qui permettent, désormais, de venir chaque mois en aide à plus 3,4 millions de personnes dans le besoin.

La transition politique doit s'accompagner d'un programme de réforme du secteur de la sécurité, et la participation réelle des femmes à l'avenir du pays est essentiel, a souligné Mme DiCarlo.

« La page de la dictature est tournée », s'est félicité le représentant de la Syrie, évoquant notamment la volonté des nouvelles autorités de s'appuyer sur l'état de droit, d'empêcher le chaos et l'anarchie, et de mener à bien un processus de transition politique.

L'objectif est de lancer un processus de réconciliation nationale, a-t-il dit, ajoutant que des efforts sont menés pour déterminer le sort des personnes disparues pendant la dictature, juger les auteurs des tueries dans les zones côtières du pays et stabiliser la région de Soueïda.

Une violence qui s'envenime

Toutefois, Mme DiCarlo a déploré la persistance de tensions intercommunautaires suffisamment graves pour avoir provoqué de nouveaux déplacements de population. Ce qui est tragique, a-t-elle dit, c'est l'enveniment de ces violences, depuis les incidents le long des zones côtières en mars, l'attaque d'une église en juin et bien entendu la tragédie de Soueïda en juillet.

Pour Mme DiCarlo, qui a condamné la poursuite des violences ciblant la communauté alaouite et l'attaque terroriste du 13 décembre près de Palmyre contre une patrouille américano-syrienne, les auteurs d'actes brutaux devront rendre des comptes devant la justice.

À cet égard, elle a assuré que lors de leur visite en Syrie, les membres du Conseil avaient pu mesurer les efforts pour la réconciliation nationale menés par la commission d'enquête sur Soueïda.

Les États-Unis ont condamné l'« embuscade terroriste » du 13 décembre ayant coûté la vie à 2 militaires américains et un interprète syrien, une attaque qu'elle impute à Daech. « Nous vaincrons le terrorisme aux côtés du Gouvernement syrien par tous les moyens », a martelé la représentante, qui a ensuite souligné la « pertinence » de la vision du Président Trump d'un Moyen-Orient stable et prospère, « une vision qui ne peut que comprendre une Syrie en paix avec elle-même, ses minorités et ses voisins ».

Les États-Unis ont aussi indiqué qu'ils se tiendront aux côtés du Gouvernement syrien tant pour protéger les minorités du sud du pays que pour maintenir l'élan positif nécessaire à l'application de l'accord signé le 10 mars avec les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Condamnation des incursions d'Israël

L'attaque du 13 décembre a également été condamnée par le représentant de la Syrie qui a convenu que la menace de Daech reste forte en Syrie. Cependant, alors que nous nous efforçons de rétablir la stabilité, Israël « fait tout pour déstabiliser la région ». Le « véritable miracle » qu'a connu le pays après la chute du régime Assad est entaché par les actions d'Israël, a-t-il dénoncé.

Les incursions et les frappes israéliennes dans le sud de la Syrie « ne font qu'aggraver la situation ». Israël doit s'abstenir de toute violation de la souveraineté de la Syrie et respecter l'Accord de désengagement de 1974, a d'ailleurs tranché Mme DiCarlo.

Les opérations militaires israéliennes ont également été condamnées par l'Algérie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) qui a souligné que le Golan reste partie intégrante de la Syrie, ainsi que par le Groupe des États arabes qui, par la voix du Koweït, a exigé qu'Israël soit contraint de se retirer immédiatement, complétement et sans condition des zones dans lesquelles il est entré après le 8 décembre 2024.

« La protection politique d'Israël par un membre permanent de ce Conseil ne fait que normaliser et légitimer son occupation et ses actes d'agression et rendent les résolutions du Conseil inefficaces et inapplicables », a constaté l'Iran qui a dénoncé une stratégie délibérée visant à ancrer l'occupation, à fragmenter la Syrie et à affaiblir sa cohésion nationale.

Israël a défendu, en revanche, le bien-fondé sécuritaire de ses opérations en Syrie, de laquelle elle exige une démilitarisation « de Damas au mont Hermon ». Le représentant a ainsi assuré que l'incursion menée à Beït Jinn avait été décidée sur la base de preuves que cette zone située dans le sud syrien était devenue un repaire de terroriste du Hamas et du Jihad islamique depuis le 7 octobre, et une base arrière depuis laquelle étaient fomentées des attaques contre le nord d'Israël. Le Hezbollah, le Hamas et toute autre organisation terroriste ne pourront plus jamais rétablir de présence le long de nos frontières, a-t-il averti.

« D'un côté on nous demande de démilitariser la zone, de l'autre on attend de nous que nous prenions en charge notre propre sécurité », a rétorqué le représentant syrien en appelant au respect de l'accord de 1974.

Un pays à la recherche de partenaires

Dans son intervention, la Cofondatrice de la Syrian Women's Political Movement a appelé à reconnaître les femmes comme des partenaires à part entière de l'avenir constitutionnel, économique et politique de la Syrie

Pourtant, aujourd'hui, les femmes ne détiennent que 5% des sièges à l'Assemblée du peuple et un seul poste ministériel, a-t-elle indiqué, soulignant qu'une véritable participation politique, garantissant une représentation d'au moins 30% de femmes est essentielle.

De même, Mme Mariam Jalabi a demandé à placer les femmes au cœur de la reprise économique du pays, notant que ces dernières sont profondément touchées par la crise économique que traverse le pays.

« Damas n'a pas besoin d'une nounou, mais de partenaires », a-t-elle tranché, un appel repris par la Fédération de Russie qui a estimé que la Syrie n'a pas uniquement besoin d'aide humanitaire: « elle a besoin d'investissements et de projets de relèvement rapide ».

Le représentant russe a ainsi appelé à mettre un terme aux sanctions unilatérales « et autres mesures de restriction commerciale » qui maintiennent la Syrie et son peuple dans une grave crise économique et les empêchent d'assurer leur sécurité alimentaire.

Selon Mme Msuya, l'assouplissement des sanctions devrait faciliter les opérations humanitaires, ouvrir la voie à la réintégration économique de la Syrie dans la région et dans le monde, et contribuer à son redressement et sa reconstruction.

Dans le même ordre d'idées, les États-Unis ont souligné la portée de la levée de la plupart des sanctions américaines contre la Syrie, un geste indispensable « pour favoriser la création d'entreprises, reconstruire durablement le pays et répondre aux aspirations de tous les Syriens ».

Compte tenu de la volatilité de la situation sécuritaire en Syrie, la Chine a préconisé au Conseil de sécurité d'examiner avec attention les nombreuses demandes de radiation des listes de ses comités antiterroristes.

Enfin, pour préparer l'avenir de la Syrie, le Danemark et le Royaume-Uni ont encouragé le Gouvernement de transition à tirer le meilleur parti de l'expertise et des capacités de l'ONU, la prochaine étape logique étant l'établissement d'une présence permanente du Bureau de l'Envoyé spécial à Damas.

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