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12/19/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/19/2025 14:57

Libye: face à l’impasse du processus politique, les dirigeants libyens sont appelés à surmonter leurs divergences pour permettre la tenue d’élections

Ce matin, le Conseil de sécurité a entendu un exposé de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la Libye qui a indiqué que la mise en œuvre de sa feuille de route politique pour le pays, présentée il y a quatre mois, demeure difficile. Deux étapes prioritaires ont accusé des retards, à savoir la reconstitution de la Haute Commission électorale nationale et l'adoption d'un cadre électoral pour les élections présidentielle et parlementaire.

La Chambre des députés et le Haut Conseil d'État avaient pourtant convenu le 4 octobre de reconstituer la Haute Commission dans un délai de deux semaines qui n'a pas été respecté, tout comme la date butoir du 11 décembre fixée par le mécanisme de sélection des candidats mis en place le 28 novembre.

Ces retards témoignent du manque de confiance entre les deux institutions, de leurs divisions internes et de leur incapacité à surmonter leurs divergences et à s'entendre sur la voie à suivre pour sortir de l'impasse actuelle, a déploré Mme Hanna Serwaa Tetteh.

Elle a appelé à mener à bien cette tâche, ainsi que la modification du cadre constitutionnel et juridique des élections, insistant notamment sur l'importance, pour la Haute Commission électorale nationale, de disposer d'un conseil d'administration pleinement constitué pour gérer l'organisation des élections les plus importantes de l'histoire du pays.

Un statu quo « intenable »

Face au statu quo politique « intenable », les acteurs libyens ont été appelés à maintes reprises à agir avec urgence et bonne foi pour parvenir à un règlement politique durable. Chaque mois sans progrès accentue l'instabilité, alimente la corruption et érode la confiance du public, a relevé le Royaume-Uni ajoutant que l'impasse politique prolongée en Libye continue de priver son peuple du choix démocratique, des opportunités économiques et de la sécurité qu'il mérite, un point de vue partagé par le représentant libyen, qui a souligné que rien ne peut justifier la prorogation des périodes de transition dans son pays.

Pour ce dernier, la crise que traverse la Libye depuis 2014 est avant tout une crise politique dans laquelle « les Libyens font les frais des rivalités entre différentes nations ». « Nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons choisir notre propre avenir sans ingérence étrangère. Et nous souhaitons vraiment mettre un terme à la crise actuelle par la voie démocratique et comptons sur un soutien international non sélectif pour y arriver », a-t-il assuré.

Quoi qu'il en soit, le processus politique en Libye ne doit pas être otage de l'inaction des acteurs clefs qui maintiennent le statu quo, a tranché la Représentante spéciale. Si les deux institutions ne parviennent pas à s'accorder sur les deux premières étapes de la feuille de route politique, Mme Tetteh a dit être prête à proposer, lors de son prochain exposé en février, un mécanisme alternatif avec le soutien du Conseil de sécurité.

Un dialogue structuré entre la MANUL et les interlocuteurs libyens

En attendant, le lancement, les 14 et 15 décembre, par la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), d'un dialogue structuré offre l'opportunité de consulter les interlocuteurs libyens sur la meilleure manière d'avancer sur ces deux points.

Mme Tetteh a expliqué que ce dialogue a réuni 124 participants issus d'institutions souveraines, de la société civile, des partis, des jeunes, des femmes (35%) et personnes handicapées dans le but de définir des principes pour la construction de l'État libyen et de formuler des recommandations en matière de gouvernance, d'économie, de sécurité et de réconciliation. La Mission s'appuiera sur leurs recommandations pour créer les conditions politiques nécessaires à la tenue des élections. En parallèle, elle continuera à dialoguer avec les acteurs clefs pour faire progresser la feuille de route qui « garantit la position centrale des institutions libyennes dans le processus politique ».

À ce sujet, la France a souligné que le lancement du dialogue structuré de la MANUL participe à la définition d'une solution menée par et pour les Libyens. Comme l'ont relevé la France, le Danemark et le Pakistan, le bon déroulement de la troisième phase des élections municipales organisées dans plusieurs municipalités libyennes, avec un taux de participation estimé à 69%, témoigne de l'attachement du peuple libyen à la participation démocratique et de sa volonté de décider de son avenir.

Un programme de développement unifié largement plébiscité

Sur une note positive, l'accord sur le programme de développement unifié signé par les représentants de la Chambre des députés et du Haut Conseil d'État le 18 novembre a été largement salué. Comme l'a expliqué la Représentante spéciale, s'il est mis en œuvre avec transparence et en conformité au droit libyen et aux normes internationales de gestion des finances publiques, cet accord visant à harmoniser les dépenses et renforcer la stabilité financière pourrait contribuer à résoudre des défis économiques majeurs et améliorer la fourniture de biens et services publics à la population.

Les États-Unis ont salué « un pas historique », y voyant l'un des premiers résultats de la déclaration conjointe des États-Unis avec neuf autres pays du mois dernier afin de soutenir une intégration économique et militaire accrue, destinée à renforcer et compléter le processus politique. La représentante américaine a cependant exprimé des préoccupations au sujet des exportations de carburant qui privent les Libyens des ressources nécessaires pour le développement.

Il est essentiel de prendre des mesures pour que la Libye avance sur la voie d'une politique économique plus solide, a-t-elle insisté.

De son côté, la Grèce a appelé à des efforts sérieux pour unifier le budget national, renforcer les mécanismes de contrôle et garantir une utilisation transparente et équitable des ressources au profit de tous les Libyens.

La question des avoirs libyens gelés

De son côté, la Fédération de Russie a plaidé pour une meilleure coordination des acteurs extérieurs, estimant que le processus de Berlin, dans sa configuration initiale et avec une participation substantielle des Libyens, constitue un cadre central pour accompagner le règlement politique, avertissant que toute démarche menée sans l'ensemble des participants pourrait s'avérer déstabilisante.

Alors que plusieurs membres du Conseil de sécurité ont abordé la question des avoirs libyens gelés, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye a brossé un tableau des six derniers mois de travaux de ce dernier. Le représentant de la Somalie, qui préside ce comité, a notamment rappelé que le régime de sanctions a été prorogé de six mois, par la résolution 2804 (2025), y compris les autorisations relatives à l'inspection de navires au large des côtes libyennes pour renforcer l'embargo sur les armes.

S'agissant du gel des avoirs libyens, il a indiqué qu'aucune décision négative n'avait été prise concernant 14 notifications liées à la Libyan Investment Authority (« Autorité libyenne d'investissement »), tandis que plusieurs autres demandes restent à l'examen.

Sur ce point, les A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) se sont inquiétés de l'érosion en cours de ces avoirs en raison de la mauvaise gestion de certaines institutions financières et ont demandé réparation. Il faut préserver ces avoirs et assurer leur réinvestissement en faveur du peuple libyen, a insisté le Pakistan, appuyé par la Fédération de Russie, tandis que la Grèce, qui copréside le Comité 1970, a demandé au Groupe d'experts de publier sans tarder une notice d'aide à l'application du paragraphe 14 de la résolution 2769 (2025) relative au réinvestissement des avoirs gelés de la Libyan Investment Authority.

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