UNOG - United Nations Office at Geneva

09/25/2025 | News release | Distributed by Public on 09/25/2025 12:31

« La Palestine nous appartient » : Mahmoud Abbas accuse Israël de génocide à Gaza

Par écran interposé, les mots ne perdent rien de leur force. Privé de visa pour participer en personne au grand rassemblement annuel des chefs d'État à New York, le président palestinien a accusé Israël, dans un message vidéo diffusé jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU, d'être responsable d'« un des chapitres les plus atroces » de l'histoire humaine.

Flanqué de deux drapeaux palestiniens, assis à son bureau de Ramallah, en Cisjordanie, devant une plaque où figurait l'inscription « État de Palestine », Mahmoud Abbas est revenu sur la guerre à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, date du déclenchement du conflit, l'armée israélienne a tué plus de 64.000 Palestiniens, dont la majorité, a-t-il rappelé, sont des enfants, des femmes et des personnes âgées, et déplacé des centaines de milliers d'autres.

Le blocus imposé par Israël a provoqué une famine qui s'étend désormais dans le nord de l'enclave, en proie à une vaste offensive terrestre. Alors que les deux millions d'habitants de Gaza sont régulièrement fauchés par la faim ou par les bombes, plus de 80 % de leurs logements, lieux de culte, écoles, hôpitaux et infrastructures ont selon lui été détruits.

« Ce que fait Israël n'est pas seulement une agression : c'est un crime de guerre et un crime contre l'humanité, documenté, surveillé, et qui restera inscrit dans les annales de l'histoire comme l'un des chapitres les plus atroces de la tragédie humaine aux XXe et XXIe siècles », a dénoncé le président palestinien, avec les dirigeants du monde entier pour témoin.

Dans un rapport publié le 16 septembre, une commission d'enquête internationale indépendante mandatée par l'ONU a conclu qu'Israël, en réduisant drastiquement l'espace vital des Palestiniens et en privant délibérément la population de ressources essentielles à sa survie, s'est rendu coupable d'actes constitutifs de génocide.

Le Secrétaire général de l'ONU s'est jusqu'ici gardé d'employer ce terme, estimant qu'il appartenait à la Cour internationale de Justice (CIJ) de trancher, dans le cadre d'une plainte pour génocide déposée en 2023 auprès la plus haute juridiction onusienne par l'Afrique du Sud. Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, mardi, Antonió Guterres a toutefois reconnu que dénoncer la situation comme « moralement et juridiquement indéfendable » n'était plus suffisant pour décrire l'ampleur de la « souffrance humaine » dans l'enclave.

© UNICEF/Mohammed Nateel
Des enfants tentent d'obtenir de la nourriture dans les centres de distribution d'aide à Gaza.

L'expansionnisme d'Israël

Dans son message, le chef de l'Autorité palestinienne a aussi ciblé la politique coloniale menée en Cisjordanie, un territoire occupé par Israël depuis 1967 qui comprend notamment Jérusalem-Est. Cette partie de la ville sainte, reconnue par l'ONU comme appartenant au future État palestinien, est considérée par Israël depuis 1980 comme sa capitale « une et indivisible ». Mahmoud Abbas a notamment dénoncé le projet de colonie dit E1, récemment approuvé par le gouvernement israélien, qui couperait la Cisjordanie en deux et isolerait encore davantage Jérusalem-Est du reste du territoire palestinien.

Depuis des décennies, l'ONU considère les colonies israéliennes en Cisjordanie comme illégales au regard du droit international. Dans un avis consultatif rendu le 19 juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute juridiction onusienne, est allée plus loin, jugeant « illicite » l'occupation israélienne en tant que telle.

M. Abbas a également accusé les colons d'agir en toute impunité : « Ils brûlent des maisons, arrachent des arbres, attaquent des villages et agressent les civils palestiniens sans défense », le tout « sous la protection de l'armée israélienne ».

Rejet du Hamas et revendication d'autorité

Dans un passage remarqué, le président palestinien a tenu à se démarquer des attaques du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre actuelle à Gaza, durant lesquelles le Hamas a tué environ 1.200 personnes et pris en otage plus de 200 autres. « Ces actes ne représentent pas le peuple palestinien, ni son combat juste pour la liberté et l'indépendance », a-t-il affirmé. M. Abbas a appelé le groupe à déposer les armes et à mettre fin à son administration de l'enclave, qu'il contrôle depuis 2007, afin que Gaza soit pleinement intégrée à l'État de Palestine, sous l'égide de l'Autorité palestinienne.

Mahmoud Abbas a dressé la liste de ce qu'il estime être les conditions nécessaires pour sortir de l'impasse : un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, l'entrée sans conditions de l'aide humanitaire dans le territoire, la libération des otages et prisonniers des deux côtés, le retrait complet d'Israël de la bande de Gaza, l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie, la restitution des recettes fiscales palestiniennes confisquées par Israël et la préparation d'élections générales palestiniennes.

Un appel à la communauté internationale

Trois jours plus tôt, une conférence internationale co-parrainée par la France et l'Arabie saoudite au siège de l'ONU, à New York, a avait abouti à une vague de nouvelles reconnaissances diplomatiques de l'État de Palestine, y compris par la France, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada - alliés traditionnels des États-Unis, absents tout comme Israël de la réunion. « J'exprime, au nom du peuple palestinien, ma profonde gratitude aux pays qui ont déjà reconnu la Palestine, et j'appelle ceux qui ne l'ont pas encore fait à passer à l'acte », a insisté Mahmoud Abbas.

À Gaza, la situation humanitaire reste catastrophique. L'ONU alerte sur un risque de famine généralisée, tandis que l'UNRWA, l'agence pour les réfugiés palestiniens, voit ses activités paralysées par le manque de financement et les restrictions israéliennes.

En dépit de cette situation critique, Mahmoud Abbas a martelé : « La Palestine nous appartient. Jérusalem est notre capitale éternelle. Nous ne quitterons pas notre patrie, nos terres. Notre population demeurera enracinée, tel l'olivier, solide comme le roc ».

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